Mes parents souhaitaient me parler. Je le voyais bien. Mais ils avaient maintenant plusieurs orphelins à installer. De mon côté, je ne souhaitais qu'une chose, me retrouver seule avec Elias et Cora. Si le trajet jusqu'à la communauté fut long, il me parut le double avant de pouvoir refermer la porte derrière moi. Le jeune homme et moi étions les seuls visages que les petits connaissaient. Il avait fallut leur expliquer, les rassurer, leur dire qu'ils pouvaient faire confiance à Lara et Marcus. Quand j'annoncais que c'était mes parents cela sembla convaincre les plus récalcitrants. Quand à Carl, plusieurs garçons l'avaient deja adopté.
Finalement, après une longue douche, je pus enfin m'enfermer dans ma chambre avec Elias et Cora. Emmitouflée dans une couverture douce, j'avais fini par tout raconter à mon ami. Cora connaissait déjà le début de l'histoire. Ce fut d'ailleurs elle qui se saisit de la photo de C. C. pour la montrer à Elias, lui disant à quel point elle me ressemblait.
- C'est vrai. Un truc dans le regard et la forme du visage.
Je secouais la tête.
- N'importe quoi.
- Même avec ton père d'ailleurs... Regarde la forme du menton.
Je regardais la photo avec plus d'attention. Avant de la reposer d'un geste brusque.
- Vous sous entendez quoi ? Qu'elle serait mon arrière arrière grand mère ?
Il haussa les épaules alors que Cora s'allongeait contre moi, baillant à s'en décrocher la mâchoire.
- Tu peux dormir mon bouton de rose.
Je me mis à caresser ses cheveux. Cela ne dura pas longtemps avant que sa respiration se fasse régulière. La journée avait été riche en émotion pour elle. Et pous chacun d'entre nous. Sauf que de mon côté je n'étais pas sûre de pouvoir m'endormir aussi facilement. Il me semblait qu'il me suffirait de fermer les yeux pour être de retour dans les oubliettes. Je relevais finalement la tête vers Elias.
- Tu me crois, alors ? Demandais-je en ramenant mes pensées vers quelque chose de plus agréable.
- Je te fais confiance, répondit-il en plantant son regard dans le mien.
Sa main se leva, se posant sur ma joue. Mon cœur commenca une course folle.Je ne pouvais que repenser au baiser que nous avions échanger. Que j'étais venu chercher. L'urgence de la situation m'avait poussé à agir mais maintenant... Je me sentais intimidée. Lou l'intrépide devenu timide à cause d'un simple bisou.
Ce n'était pas vrai, ce n'était pas un simple bisou. Il signifiait beaucoup pour moi. Je pouvais voir dans son regard qu'il représentait aussi beaucoup pour lui. Étions nous un couple maintenant ? J'aimerais poser la question pourtant je n'osais pas.
Ce fut lui qui rompit cette timidité, il se pencha pour déposer un doux baiser sur mes lèvres. Cora, entre nous, gesticula, nous forçant à nous éloigner. Nous rions à voix basse. Sa main quitta ma joue pour trouver ma main. J'entrelaçais nos doigts. Nous n'avions peut-être pas besoin de parler.
Il fit un signe de tête en direction du journal.
- Tu veux lui répondre ?
Je hochais de la tête.
- Il le faut, elle semble s'inquiéter pour moi. Je comprend pas comment fonctionne ce cahier. Je te parle même pas du nous permettre de communiquer, juste le temps qui s'écoule entre deux messages.
J'expliquais à voix basse, pour ne pas réveiller Cora.
- Pour elle, il se passe parfois des semaines quand moi il n'y a que quelques jours. Elle aurait pu ne même pas se rendre compte de ma disparition, mais non, comme si le journal voulait qu'elle sache.
- Ou alors il sait quand vous devez chacune avoir une information.
Je froncais les sourcils.
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- Tu m'as dit qu'elle allait faire un nouveau stage à la NASA. Peut-être que le journal fait en sorte que tu puisses lui donner les infos qui lui manquent au moment où elle en aura besoin.
Je savais bien que sous ses muscles il y avait un cerveau. Un large sourire étira mes lèvres.
- C'est l'explication la plus censé que j'ai eu.
Il lâcha alors ma main pour attraper mon crayon. Il me le tendit.
- Réponds lui. Et demain on cherchera des reponses ensemble.
Je l'attrapai et me mit à écrire.J'écrivais pendant un moment. Je lui racontai tout. Ma fille idée de partir fouiller, d'avoir laisser le journal à Elias, de m'être fait enlever et mon sauvetage.
Maintenant je suis dans ma chambre, Cora dort contre moi et Elias me regarde t'écrire. Il m'a cru sans sourciller, il dit qu'il me fait confiance.
On s'est embrassé... J'avais besoin de te le dire à toi. J'ai longtemps été dure avec lui. C'était sûrement parce qu'il était celui qui pouvait me faire le plus de mal et que je m'y refusais.
Quand à mes parents, je crois que je dois leur donner une chance. Après tout, ils ont fait sauter un bâtiment pour moi. Ça compte, non ?
Maintenant que j'ai de l'aide, je reviendrais très vite avec de bonnes nouvelles. Je l'espère en tout cas !
A très vite.
Lou.Je refermais le journal et levais les yeux vers Elias.
- Tu ferais mieux de te coucher. Tu dois être épuisée.
Il avait raison, mais cette peur irrationnelle ne me quittait pas. Il dû le sentir puisqu'il proposa d'une voix douce.
- Je peux rester ici si tu veux.Le lendemain matin, je décidais de trouver tout d'abord mes parents. Je ne savais pas encore comment gérer nos relations. Avoir des parents du jour au lendemain était un sacré changement pour moi. Il le serait pour tout le monde. Sauf que maintenant ils m'avaient prouvés qu'ils tenaient suffisemment à moi pour monter une mission souvetage qui tenait presque de la mission suicide. Je les trouvais à la table du petit déjeuner, entouré d'un tas de personne, comme d'habitude. Je me sentais presque timide maintenant, sans savoir comment leur parler. Elias m'encouragea d'un regard et me montra la voix en passant devant moi. Il s'installa face à mon père, me laissant la place près de lui. Je m'installais, croisant le sourire de ma mère de l'autre côté de la table. Cora ne ma lâchait et vint s'asseoir près de moi.
- Vous avez bien dormi les enfants ? demanda-t-elle d'une voix douce.
- Trop bien ! S'exclama mon bouton de rose avec enthousiasme. Je préfère toujours quand je peux dormir avec Lou.
Mes parents semblaient attendris par la petite orpheline. En même temps qui ne pourrais pas l'être ? Elle avait un don pour faire sourire les autres.Elias me donna un coup de coude, sûrement pour me pousser à dire quelque chose. Je tournais la tête vers lui. Il me fit les gros yeux. Oui, pas de doute, il voulait que j'ouvre ma bouche. Je regardais tour à tour Lara et Marcus alors qu'ils reprenaient leur repas et continuaient à parler à Cora. Je prit une inspiration.
- Merci d'être venu me chercher.
Ils se stoppèrent net avant que de larges sourires ne fleurissent sur le visage. Ils me rappelaient les orphelins quand je leur annonçais l'arrivée du père Noël. D'un autre côté, cela signifiait pour eux une nouvelle tenue offerte par l'état. Ce qui n'avait rien d'extra-ordinaire.
- C'est normal ma chérie, me dit ma mère.
- On sera toujours prêt à tout pour toi, renchérit mon père.
Je me mordillais la lèvre inférieur, me retenant de leur dire que cela n'avait pas toujours été le cas. Je devais enterrer la hache de guerre et oublier cette colère que j'avais toujours garder en moi. Parce qu'en vérité, je comprenais parfaitement leurs raisons et je n'étais pas sûre que j'aurais mieux fait qu'eux à leur place.
- Tu voudrais rester avec nous ce matin ? On aurait aimé te montrer tout ce qu'on fait ici, ajouta-t-il.
- Avec plaisir.
Cora tira ma manche, pour attirer mon attention.
- Et moi je vais faire quoi ?
Je levais la tête vers mes parents, attendant qu'ils répondent. Je ne savais pas du tout s'ils avaient prévus quelque chose pour les orphelins.
- Tu vas aller en classe, avec tout les autres enfants de la communauté, lui expliqua Lara.
Je me tournais vers elle.
- Tu vas te faire de nouveaux copains. Et on se retrouve pour le déjeuner de toute façon.
Il approuva d'un signe de tête tout en croquant dans sa pomme.
- En plus la nourriture est trop bonne ici !
L'éclat de rire fut collectif. L'atmosphère se détendit alors. Même quand la petite nous quitta pour rejoindre les autres enfants, je gardais cet état d'esprit et je les suivis tranquillement dans le couloir qui menait à leur bureau. J'osais même poser des questions.
- Ca va pas être trop compliquer avec tout ses orphelins ?
- Non, pas du tout, me rassura Lara, on avait des tas de chambres déjà prètes. Pour le moment ils doivent les partager, mais j'ai espoir que tout bientôt il y en ait assez pour chacun d'entre eux. Et si nos stocks d'affaires pour bébé étaient légers, ce n'est pas le cas pour les enfants.
- Merci de les avoir sorti de là.
Marcus se stoppa, la main sur la poignée de la porte. Nous étions arrivés.
- Nous n'avons pas pu le faire pour toi, mais ce n'était pas encore trop tard pour ses gosses.
J'eus un hochement de tête en lui suivant à l'intérieur.
VOUS LISEZ
Le Journal Intemporel
Bilim KurguLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...