Chapitre 29 - Partie 2

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Un jour, j'apprendrais à me taire. J'en suis sûre. Peut-être que je serais vieille et toute ridée à ce moment-là. Ou que ce sera le jour où je mourrais. Mais il fallait vraiment que j'apprenne. Parce que si je ne finissais pas par me faire tuer en parlant à tort et à travers, je blessais les autres. C'est exactement ce que je viens de faire auprès d'Elias. Je lui ai flanqué une trouille pas possible. 

Pourtant, cela ne dure qu'un instant. Une détermination farouche refait surface. S'il l'avait pu, il m'aurait sans doute serré davantage contre lui.

- On trouvera une solution. On en trouve toujours, déclame-t-il.

Je m'appuie davantage sur lui. Je n'en voix qu'une seule, et nous ne pouvons plus rien faire pour améliorer les choses.

***

Nous faisons le tour des installations. Il détruit une à une les améliorations que mes parents ont apportés à cette communauté. Des années de travail, de récolte, de patience qui vol en éclat sous la folie destructrice d'un seul homme. Je pourrais en mourir de dégout. 

Il nous fait tous grimper dans les fourgons militaires. Nous sommes secoués sur la retour, serré les uns contre les autres dans cette espace restreint. Nos têtes sont bousculés, nous épaules s'entrechoquent puisque nous sommes dans l'incapacité de nous servir de nos mains pour nous retenir.

Pas le temps de revoir le campement, on nous entraine directement en direction des oubliettes. Le commandant par dans une autre direction. Nous ne l'intéressons déjà plus.

 Je suis la première à être enfermer dans une cellule. C'est le retour dans ce cachot sombre et obscur. Je lorgne sur le pot, me demandant si je vais faire mes besoins dedans cette fois-ci.

Je m'approche de la porte et tente de regarder par l'ouverture. J'ai beau me mettre sur la pointe des pieds, je n'y parviens pas. J'entends des portes s'ouvrir et se refermer, j'en déduis donc que nous sommes tous séparés.

- Lou ? Tu vas bien ? crie Elias à travers les murs.

- Impec', m'exclamé-je.

- Les enfants, restez calme, nous intime mon père.

- Je suis chez moi ici, ajouté-je. J'attends de voir si mes voisins les rats vont revenir prendre le thé. On avait grave sympathisé la dernière fois.

- De toute manière, nous sommes trop nombreux pour qu'ils nous gardent longtemps enfermés. Ils devront bien faire quelque, glisse ma mère.

Elle veut sans doute nous rassurer, mais c'est loin d'être le cas. Parce que s'ils ne nous garde pas enfermés, c'est que nous devons nous montrer utile. Les seuls qui le sont vraiment, ce sont mes parents. Moi je peux leur servir de moyen de pression. Mais Carl ? Et Elias ?

- Au moins cette fois-ci, je ne suis pas seule, m'écrié-je. On va pouvoir tous se tenir compagnie et discuter.

Pour tromper à la fois l'ennuie et la peur.

- Parce que tu voudrais parler de quoi, toi ? prononce Carl pour la première fois depuis des heures.

- On pourrait se raconter nos vies, insisté-je. Et on pourrait commencer par toi Carlito ! Tu es celui que je connais le moins bien. Dis-moi tout, t'as une copine quelques part ?

Au son que produit son soupir empli d'agacement, je doute qu'il me réponde. Pourtant sa voix résonne à nouveau dans le noir.

- J'en avais une. On allait même avoir un bébé.

Je me mord la langue pour ne pas balancer une mes nombreuses vannes. Son ton m'indique que ce serait tout sauf bienvenu.

- Elle est morte en mettant notre petite fille au monde. Elle est décédée à son tour quelques heures après.

Moi et mes idées débiles, on s'en souviendra.

- Je suis désolée, déclamé-je.

- Mouais.

Un silence s'installe. Il n'est brisé que par le son d'une goutte d'eau. Surement une fuite quelques part. Rien d'étonnant avec l'odeur d'humidité qui règne ici. Je prend un inspiration. Je supporte pas cette absence de son.

- Faut voir le bon côté des choses, plaisanté-je, si on meurt ici, au moins, tu ne mourras pas puceau, contrairement à Elias et moi.

- Lou, s'énerve mon petit-ami.

- Quoi ? Me dit pas que tu l'as fait et que tu m'as rien dit ? Avec qui ?

- Tu sais bien que non, gromelle-t-il.

- Alors c'est quoi qui te gènes, insisté-je, que je parle de sexe devant mes parents ou de notre potentiel mort prochaine.

- Lou ! somme mon père.

- Il faut pourtant se rendre à l'évidence, déclamé-je, il y a des chances qu'on ne s'en sorte pas.

- Il reste C.C., intervient Lara, ne perd pas espoir.

- Ce n'est qu'une ado, fasse à la plus grande catastrophe de cette planète, argumenté-je. C'est irréaliste de mettre tout nos espoirs en elle.

- Elle peut le faire, insiste-t-elle. Il faut y croire. Nous ne t'avons pas retrouver pour tout perdre de cette manière !

Je déglutis et lève les yeux au plafond. Au moins, ils ne me verront pas pleurer cette fois-ci. Après cette course aux informations, voilà que je me retrouve à perdre espoir. Je me concentre sur l'écoulement de l'eau, au loin, pour m'empêcher de parler. Mais étrangement, ce n'est pas moi qui le brise cette fois-ci.

- C'est qui C.C. ?  s'interroge Carl.

J'explose de rire, sans vraiment comprendre pourquoi. Mes parents et Elias me suivent dans ce défoulement inopportun. 

Quand je reprend mon souffle, je prend ma plus belle voix de conteuse.

- Laisses-moi te raconter une histoire mon petit Carlito. Celle de deux filles et d'un journal magique.

Le Journal IntemporelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant