Chapitre 10 - Partie 2

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- Mais de quoi est-ce que tu parles ?

Elias passe une main nerveuse dans ses cheveux. Je parvenais à ressentir son angoisse jusque dans mes os. Je ne comprenais absolument plus rien.

Et je devais l'avouer, je détestais ça.

J'avais peut-être un besoin de tout contrôler, je le voyais maintenant. Tout savoir, tout comprendre avait toujours été important pour moi. Ce qui expliquait pourquoi l'engagement d'Elias me mettait dans un tel état. Mais là, c'était lui qui semblait perdre patience.

- Ca fait des semaines qu'ils surveillent tout ce que tu fais. Même plus, je peux même pas être sûr... Si ça se trouve ils le font depuis bien plus longtemps que ça.

Il se perdait dans ses explications et je n'y voyais toujours pas plus clair.

- C'est qui ils ?

Bon au vu de sa tête, ma question lui semblait débile. Moi qui me pensait intelligente, ma fierté venait de prendre un coup.

- À ton avis, Lou ? Reprit-il d'un ton dur. Qui pourrait bien te surveiller à part les militaires ?

Un long frisson d'angoisse glissa le long de ma colonne. Comme un serpent visqueux qui se serait faufilée sous mon t-shirt.

- Les fouilles ? Demandais-je d'une petite voix.

Il poussa un long soupir. Et s'ils avaient découvert l'existence du journal ? Ils me le prendraient alors. C'était sûr.

- C'est ce que je pensais au début, reprit Elias. Mais maintenant, je sais qu'ils ont toutes les preuves pour ça et pourtant, ils ne sont toujours pas venu te jeter dans les oubliettes.

Je me retins d'ouvrir mon sac pour le serrer contre moi. Il ne me rassurait pas du tout. Mais comment l'avaient-ils su ? Je faisais mon possible pour ne ma montrer le journal. Même Cora ne connaissait pas son existence. Aurait-elle parler des photos à quelqu'un ?

Je relevais la tête vers Elias. Je le regardais passer une main nerveuse dans ses cheveux.

- Je me suis engagé en espérant en découvrir plus, mais au final...

Je fronçais les sourcils.

- Ils me suivent depuis aussi longtemps ? Demandais-je.

Ça ne collait pas. J'avais trouver le journal bien après qu'il soit devenu militaire.

- Je les soupçonne de garder un œil sur toi depuis ton arrivée au camp, en réalité.

Je n'y comprenais absolument rien...

- Mais j'étais un bébé...

- Je sais bien, mais ils semblent persuader que tu sais quelque chose.

Comment est ce que je pourrais savoir quelque chose en étant un nourrisson ? Je ne connaissais même pas le visage de mes parents.

- Tu dois faire profil bas. Certains s'impatientent et j'ai peur de ce qu'ils pourraient te faire, reprit-il.

Je sentais parfaitement son angoisse. Mais pour une fois, je ne pouvais pas la croire feinte. Je me laissais tomber que mon matelas. Il me rejoignit rapidement, passant un bras autour de mes épaules. Je me laissais aller contre, posant ma tête sur lui et fermant les yeux un instant.

- Je ne sortirais pas avant un moment, murmurais-je alors.

Ses mots me coûtaient énormément. Les fouilles s'étaient ma bouffée d'oxygène. J'allais étouffer sans. Mais je le lui devais bien ça...

- Tu t'es engagé pour moi ? Repris-je à voix basse.

Il eut un rire dur avant de raffermir sa prise autour de moi.

- Tu crois vraiment que je pourrais t'abandonner ?

Je l'avais vraiment cru. Et maintenant je me sentais juste idiote. Je n'allais tout de même pas lui dire. Je gardais alors le silence, profitant juste de son étreinte.


Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis les révélations d'Elias. Je rongeais mon frein pour ne pas sortir fouiller. C'était tellement dur. Il me semblait que dans un sens, ses sorties faisaient partie de qui j'étais. Une fouilleuse. Je participais alors au fouille dans les zones accessibles, mais il n'avait rien du tout à y trouver.

Je me retenais d'écrire à C.C. également. Je n'avais pas sortie le journal du fond de mon sac depuis. C'était le plus dur. Hier soir, j'avais dû concentrer toute ma motivation pour ne pas le sortir et l'ouvrir sous ma couette, à la lumière d'une lampe torche. A la place, j'avais alors dévoré l'un des livres qu'elle m'avait transmis. Le petit prince.

Ce matin, c'était finalement pire. Je voulais lui parler de ce livre qui m'avait bouleversé. J'étais alors sortie marcher. Mes pas m'avaient finalement conduit jusqu'à chez Ettie. Voilà un moment que je n'étais pas aller la voir. Pourtant, je n'avais pas oublier son collier. Je la trouvais chez elle, devant ses fourneaux.

- Te voilà, Lou, s'exclama-t-elle sans même se retourner.

Je me demandais toujours comment elle faisait ça. Elle savait qui venait chez elle, avant même que la personne n'ouvre la bouche.

- Je me demandais quand tu viendrais me voir.

J'eus un sourire en coin et me laissais tomber sur une chaise, alors qu'elle tournait la tête vers moi.

- J'ai été beaucoup occupée, mais j'ai beaucoup penser à toi, répondis-je.

- Ah oui ? dit-elle, un sourire énigmatique collé aux lèvres, alors qu'elle me tendit un bol de ragout.

Je refusais d'un signe de la main.

- Je n'ai rien pour te payer.

- Cadeau de la maison.

Je restais un moment interdite. Je n'étais toujours pas habituée au cadeau et instinctivement, ma main se porta à mon poignet, où se trouvait le bracelet que m'avait offert C.C..

- Merci, répondis-je finalement en le prenant.

Je me mis à manger alors, tout en la regardant. Je voyais la chaine de son collier autour de son cou, mais le médaillon semblait coincé sous ses vêtements, impossible de le voir... C'était pas aujourd'hui que j'allais le voir.

- Cela fait quelques jours que tu n'es pas sortie, j'ai l'impression, reprit-elle avant de s'asseoir face à moi, me regardant manger.

Je poussais un soupir. Mes clients étaient tous en train de s'en rendre compte. Personne ne m'avait encore posé de questions jusque là, mais je savais que ça n'allait pas tarder.

- J'essaie de faire profil bas, en ce moment, murmurais-je.

Elle se releva subitement, se tournant de nouveau vers ses casseroles et se mettant à les mélanger.

- Tu peux rester un peu ici alors, personne ne te surveillera ici.

Je la fixais un instant. Comment cette femme faisait pour toujours donner l'impression qu'elle en savait plus qu'elle ne le disait. Je plissais un instant les yeux, évaluant ce qu'elle disait. Oh et puis zut ! Je ne tenais plus. Je repoussais mon bol de ragout et sortis rapidement le journal de mon sac. Le crayon était resté dedans.

C.C.

Désolée de ne pas t'avoir écris avant, mais je dois me montrer prudente ses derniers jours. Mais je pense à toi. Il me semble que tu es le petit prince et moi le renard. Et tu as su parfaitement m'apprivoiser.

Tu me manques.

Lou.

Je griffonnais ses mots rapidement, avant de tout ranger dans mon sac et de reprendre mon ragout. Ettie n'avait même pas eu le temps de se retourner.

Le Journal IntemporelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant