Chapitre 28 - Partie 2

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C'est d'un pas lourd que nous sortons du bâtiment. Nous le contournons pour atteindre les panneaux solaires qui alimentent notre réseau électrique. La menace des armes est constante autour de nous, j'ai beau regarder autour de nous, je ne vois aucune échappatoire. Pas sans se prendre une balle ou deux.

Les panneaux solaires ont été installés derrière le bâtiment de la NASA. C'est l'endroit qui est le plus longtemps ensoleillé dans la journée. Le meilleur moyen d'avoir suffisamment d'électricité pour toute la communauté. Un cabanon est installé à côtés. C'est là que son rangés les pièces de rechanges. C'est le principal défaut de ces panneaux : leur entretien. Il faut régulièrement changer les pièces qui tombent en panne.

Je remarque la lueur qui brille dans le regard de Costa quand nous y arrivons. Ce qui ne laisse rien présager de bon. La preuve, il lève son fusil et se met à tirer. Je porte mes mains à mes oreilles pour ne pas entendre le raffut qu'il fait, du moins, j'essaie. Avec les menottes, ce n'est pas facile à faire.

Sous nos yeux ébahis, il détruit des années de travail. Les mains de ma mère tintent quand elle les porte à son visage pour effacer une larme. Je sais ce que représente tout ça pour eux. Ils ont tout sacrifier pour construire cet endroit. Moi y compris...

— Voyons, Lara, pas de sentimentalisme, s'esclaffe le commandant. 

Ce type est incroyablement doué pour être plus détestable à chaque instant.

— Vous venez de détruire des années de travail, ramenant la population en arrière et vous réagissez comme si c'était nous qui exagérons ? s'exclame mon père.

Costa étire ses lèvres, dévoilant une rangée de dents blanches. Je l'imagine tellement mordre ses ennemis avec. Je frissonne rien qu'à l'idée.

— Et je n'ai pas fini, mes amis ! Si vous me montriez comment vous vous nourrissez ?

Aucun de nous ne bouge. Ma mère sert les poings et mon père pourrait casser une noix juste avec la pression de sa mâchoire. Cette immobilité semble énerver Costa puisqu'il se met à souffler.

— Vous voulez vraiment la jouer comme ça ? Je pensais pourtant qu'on s'était mis d'accord...

Il fait signe à un garde, celui qui est le plus près de moi. Mon estomac se noue de peur. Mon instinct ne me trompe pas. Puisque subitement la crosse de son fusil s'écrase sur mon ventre. Je tombe sous le choc, incapable de retenir un cri de douleur. Mais le choc a coupé ma respiration et aucun son ne sort de ma gorge.

— Lou !

Je ne sais même pas qui vient de crier mon homme. Je vois des étoiles et mes oreilles bourdonnent. Je parviens difficilement à m'asseoir sur le sol poussiéreux, surtout avec les mains attachés. Je prends le temps d'inspirer et d'expirer, chaque mouvement de ma poitrine me fait mal.

— Costa ! Vous êtes dingues ! hurle ma mère.

Un soldat retient Elias, qui se débat en me regardant. Mes parents, eux, se concentre sur le commandant, cherchant sans doute à le tuer par la force de leurs esprits.

— Et bien, vous savez toujours pas comment parler aux filles, marmonné-je. Avec de manière pareilles, vous finirez vieille fille.

Le rire de Costa s'elève.

— Cette gamine me surprendra toujours !

Il me jauge du regard.

— Relèves-là, ordonne-t-il finalement au soldat. Si elle peut parler, elle peut marcher.

Personnellement, j'ai un doute. Mais je doute qu'il soit sensible à mon raisonnement. On me tire sans ménagement et je me retrouve dans un équilibre précaire sur mes pieds. Je reste courbé, le douleur m'empêchant de me redresser correctement. Le commandant c'est déjà désintéressé de moi. Il est tourné vers mes parents.

— Nouvelle règle du jeu : quand vous refusez de répondre, c'est elle qui trinque. Compris ?

Ils acquiescent tout les deux d'un mouvement de tête. 

— Alors, je reprend, montrez-moi comment vous vous nourrissez !

Nous reprenons doucement notre marche, mais je suis à la traine. Elias se rapproche de moi. Il glisse son épaule sous mon bras. Difficilement de me soutenir autrement avec les mains liés.

— Tu vas bien ? chuchote-t-il.

Un inquiétude brille dans son regard.

— Vous deux, éloignez-vous ! s'écrie un soldat.

— Elle a dû mal à marcher, s'exclame mon petit ami. Vous l'avez frappé trop fort.

— Laisses les tourtereaux, dit calmement Costa. Ils ont compris qu'ils ne pourraient rien faire de toute manière.

Les soldats nous laissent ainsi.

— On ne s'en sortira pas, Elias, murmuré-je désespéré. Notre seul espoir, c'est C.C..


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