Lou-Pepper
J'eus plusieurs kilomètres à franchir pour rentrer au camp. Plus je fouillais, plus je m'éloignais. Au moins, on ne pouvait pas me reprocher de ne pas marcher.
J'allais directement voir Ettie. Je traversais les bâtiments en pré-fabriqués le plus vite possible. Pas la peine d'attirer l'attention sur mon sac à dos bien remplie. Seuls ceux qui utilisaient mes services savaient exactement ce que je faisais. Et c'était très bien comme ça. Plus y aurait de personnes au courant, plus je me mettrais en danger. Je me voyais mal finir dans les oubliettes des militaires.
Notre système judiciaire n'était pas le plus évolué de tous. C'est bien simple, nous étions encore sous la juridiction militaire. Et je ne pensais pas que les choses étaient prêtes à changer. Pas tant que nous étions obligés de nous rationner pour survivre.
De ce fait, avoir des prisonniers, donc des bouches à nourrir, était impossible. Il n'existait que deux punitions chez nous, sans aucun procès. Vous étiez pris à voler, à fouiller ou tout autre délit qui ne blesse personne, vous étiez envoyés dans les oubliettes. Personne n'avait envie de se retrouver enfermer dans ce trou, pendant des jours, sans nourriture.
Si votre crime était un meurtre, un viol, une agression ou n'importe quoi où quelqu'un aurait été blessé, c'était l'exécution. Pas de demi-mesure chez nous.
J'avais pu lire qu'Avant, il y avait des procès, des avocats chargés de nous défendre. C'est pas dans l'Après que vous trouverez tout ça !
J'arrivais chez Ettie sans avoir croisé un soldat. Je devais être chanceuse. La vieille femme était une des rares personnes a bénéficié d'une chambre pour elle seule. Surement un privilège de doyenne.
Elle ne disposait que d'une seule pièce, mais cela ne l'avait pas empêché d'installer un coin cuisine dans cet espace réduit. Bon, ce n'était qu'un réchaud de camping et quelques ustensiles, mais elle était bien la seule à faire ça.
Si les fouilleurs, comme moi, fouillaient les ruines, d'autres exploraient les lieux envahis par la nature. Ettie les connaissait tous. Ils lui apportaient des fruits, des légumes et les plus enhardis, de la viande. Je n'avais jamais osé mettre les pieds dans ses endroits sauvages. La nature y avait repris ses droits et elle ne se montrait pas tendre avec le genre humain... Je préférais largement mes villes détruites.
Je trouvais Ettie devant une casserole bouillante, ses longs cheveux gris noué au dessus de sa nuque. J'eus un sourire en reconnaissant la barrette que je lui avais ramené la dernière fois. C'était la fin du monde, mais elle, elle restait classe en permanence. Même si nous la prenions tous pour une folle.
- Lou ! Ca me fait plaisir de te voir, ma jolie, m'acceuillit-elle avec un large sourire.
- Salut Ettie ! Qu'est ce que tu nous prépares de bon ?
- La tambouille du chef !
Elle répondait toujours la même chose. On découvrait son plat qu'une fois qu'on le mangeait. Je m'installais sur un tabouret face à elle et ouvrit mon sac à dos.
- J'ai quelque chose pour toi, annonçais-je.
Je lui présentais mes deux cuillères en bois avec fierté. Je vis ses yeux pétiller presque autant que le vieux pendentif en or qu'elle portait toujours autour du cou.
- Et tu voudrais quoi ?
Même pas besoin de négocier avec Ettie. Ce qu'on pouvait gagner du temps ainsi. Je savais que ce ne serait pas le cas avec mes autres acheteurs.
- Deux bols de ta tambouille. Une que je vais manger maintenant et pour la deuxième, je t'enverrais Cora dans la soirée.
Ettie me tendit sa main.
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Le Journal Intemporel
Ciencia FicciónLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...