Atteindre le hangar où sont stationnés les véhicules est une torture. Un vertige me saisit à chaque pas et je me demande si mes jambes vont parvenir à me tenir jusqu'au bout. Pourtant, nous y parvenons. Nous nous hissons dans le premier tout terrain venu. Je me retrouve entre Elias et ma mère sur la banquette arrière. Mon père demande à notre sauveur de prendre le volant.
- Mes réfléxes seront trop lent pour nous sortir de là, explique-t-il alors qu'il tire les fils sous le volant pour lancer le moteur sans clefs. Je t'indiquerais la route.
Jude accepte d'un signe de tête et grimpe sur le siège conducteur alors que le moteur vrombit. Le soldat écrase la pédale d'accélérateur alors que nous passons le portail laissé ouvert. Bientôt, des coups de feux se font entendre. On tente de nous canarder. Elias glisse sa main dans la mienne.
- Costa, souffle Marcus alors que son regard est rivé sur le rétroviseur extérieur.
C'est plus fort que moi, je me retourne pour voir. En effet, le commandant est là, devant le bâtiment. Pourtant je le trouve étrangement calme. Ce qui ne présage rien de bon. J'échange un regard avec Elias qui affiche la même expression que moi.
- Marcus... commence-t-il.
- Je sais, mon garçon, coupe mon père.
Il fixe la route, mais mon petit ami, lui fixe Jude. L'appréhension tombe dans mon estomac comme une chape de plomb.
- Jude prend la direction du nord, annonce Marcus.
Ce n'est pas la direction de la communauté. Et même si les autres se sont enfuis cachés, jamais ils ne seraient allés par là. Ce sont les ruines, pas de végétation pour se cacher, se nourrir. Nous le savons, et Costa doit le savoir aussi. Pas Jude. Il est habitué à suivre les ordres, pas à prendre des décisions pas lui-même.
Derrière nous, pas un véhicule ne nous suit. Mon père se tourne et nous adresse un signe de tête. Elias lâche lentement ma main avant de me lancer un regard. Il boucle sa ceinture, ma mère en fait de même. Je me rends compte que je n'en ai pas au milieu. Il passe alors son bras devant moi, tenant fermement la banquette. Ma mère en fait de même. Un bouclier rien que pour moi.
Marcu attrape la poignée au plafond d'une main et de l'autre il agrippe le volant. Il tourne d'un geste sec, nous envoyant dans le décor. Je m'agrippe où je peux et ferme les yeux au moment de l'impact. Elias sort rapidement du véhicule, mon père également. Ils s'arrêtent devant la portière de Jude, leurs armes pointés. Ma mère et moi descendons plus lentement. Entre la faim et le choc, je ne sais pas ce qui me rend la plus faible.
Le soldat s'extrait finalement du véhicule. Je remarque un filet de sang qui coule le long de sa tempe, son arcade sourcilière s'est ouverte.
- Qu'est-ce qui vous a pris ? s'écrie-t-il.
- Où est-il ? demande mon père.
- Mais de quoi vous parler.
- Ne nous prend pas pour des idiots, Jude, tonne Marcus. C'était bien trop facile de s'enfuir. Au vu de notre état, Costa aurait dû nous attraper sans problème et il n'a même pas envoyé de voiture pour nous suivre. Soit il est idiot, ce que nous savons faux, soit il nous prend pour un idiot. Donc, je répète ma question, où la puce de géocalisation ?
Jude prend enfin la peine de pâlir.
- Dans ma poche, avoue-t-il finalement.
Elias se dépêche d'y fourrer sa main. Il en sort un petit boitier noir. Il le lâche au sol et l'écrase de son talon. Il lance un regard blessé au garde.
- Franchement, je m'attendais à mieux de ta part, crache-t-il.
- C'est ma vie que je jouais ! se défend-il. J'ai agis comme n'importe qui !
- Parfois, il faut justement savoir sortir de lot, souffle mon père.
- Vous allez faire quoi de moi ? demande le soldat.
- Bonne question, murmure ma mère.
Mon père continue de le tenir en joue tandis qu'Elias fait le tour pour atteindre le coffre. Il en sort une corde.
- Attachons-le à cet arbre, propose-t-il et partons d'ici avant qu'on ne nous tombe dessus.
Nous nous y mettons tous pour aller plus vite. Nous sommes parvenus à le bâillonner avec son propre t-shirt que nous avons déchiré. Puis Elias vient me serrer dans ses bras.
- On va avoir besoin de toi, Lou, chuchote-t-il. Tu es celle qui connait le mieux les ruines et qui saura où nous trouver à manger.
J'enfouis mon visage dans son torse. J'aimerais pouvoir dormir et ne pas me réveiller.
- Ok, dépêchons-nous. J'ai une planque pas trop loin où j'ai mis quelques boites de conserve. Pas grand-chose, mais on devra s'en contenter.
Attrapant la main d'Elias, je les dirige vers l'ancienne zone industrielle, à l'opposé de la boutique où j'ai trouvé le journal.
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Le Journal Intemporel
Science FictionLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...