- C'est magique ton truc, Lou !
Je fis un sourire à Cora. Dans son monde, il est vrai qu'un appareil photo pourrait s'apparenter à de la magie. Sauf que dans le mien, il y avait le journal, et c'était bien plus magique qu'un appareil capable de capturer un moment.
Ettie en avait bien eu un. Pour une fois, elle n'avait pas voulu me le troquer contre quelque chose. Elle s'est contenté de me dire qu'elle avait suffisamment de souvenirs dans sa tête pour ne pas avoir besoin d'en capturer d'autres. Par contre, à ma grande surprise, elle ne portait pas son collier ce matin. Elle qui le portait toutes la journée en temps normal... J'avais espéré le voir de plus près, me demandant si c'était ce que C.C. appelait un Louis d'or. Enfin, je retenterais plus tard. J'étais sûre de le revoir.
Par contre, si j'avais l'appareil photo, trouver une imprimante avait été une toute autre histoire. J'avais fait le tour de mes clients pour ça. Heureusement, j'avais mon sac encore rempli de tout ce que j'avais pu récupérer pendant qu'Elias dormait. Sauf qu'aucun n'en avait. Mais l'un d'eux m'apporta tout de même une solution : la salle de classe.
Cet endroit n'était occupé que quelques jours dans la semaine. On ne pouvait pas vraiment dire que l'éducation soit une priorité. On nous disait comment on devait lire, comment on écrivait, comment on comptait. Libre à nous de nous entrainer ensuite. C'était Ettie qui m'avait poussé à le faire. Sans elle, je ne pourrais pas écrire à C.C. comme maintenant. Un jour, je penserais à la remercier.
Cette salle avait donc quand même un matériel de base, des crayons, quelques feuilles et donc une imprimante. Un truc visiblement antique. Mais ça fonctionnait, alors quoi demander de plus. Surtout que demander, c'était prendre le risque de se prendre un refus. L'institutrice actuelle avait tenter. Elle s'était pris un vent magistral. Elle était jeune et utopiste, comme l'avait dit certains. Ce n'était pas moi qui allait m'en plaindre, cela avait servi mes intérêts. Elle avait découvert que des orphelins bénéficiaient de feuilles et de crayons que je trouvais dehors. Si au début je m'étais dit que j'allais tirer les oreilles de quelqu'un, histoire de lui apprendre à avoir la langue pendue, j'avais vite changer d'avis. En échange d'un libre accès à l'imprimante, elle me demandait juste de lui ramener quelques livres , des feuilles et tout autre objet pouvant être utile durant son cours.
En gros, je venais de me trouver une autre cliente au troc.
J'avais donc embarqué Cora pour venir prendre des photos avec moi. Je l'avais d'abord prise elle, devant le bâtiment de notre chambre. Maintenant, elle tentait de me prendre, assise sur mon lit. J'avais hésité sur ce que je devais montrer à C.C., avant de finalement décidé que le quotidien c'était ce qu'elle voudrait.
Un flash m'éblouit alors et mon bouton de rose vint s'asseoir sur mes genoux, l'appareil en main. J'appuyais sur le petit bouton que m'avait montrer Ettie pour voir la dernière photo prise. Je sortis la photo de C.C. et Charlotte de sous mon oreiller, avant de poser un doigt en travers de mes lèvres. Cora immédiatement compris le message. Elle savait que je partageais des choses avec elle que les autres ne devait pas savoir.
- Elle est jolie ! s'exclama la petite fille.
J'eus un sourire. Elle avait raison. Quand je regardais la mienne à coté, j'avais l'impression d'être carrément squelettique. Première fois de ma vie que je me plaignais de mon manque de forme.
- Faut qu'on en prenne une de nous deux !
Je regardais Cora. Visiblement, lui montrer la photo lui avait donner des idées. Sauf que personne n'était là pour la prendre.
- On va essayer quelque chose, alors, marmonnais-je.
Je la plaquais un peu plus contre moi, et tendit mon bras, celui tenait l'appareil devant moi. Je tentais d'appuyer sur le bouton. Bon, c'était pas le plus facile et la photo allait très certainement être mal cadrée, mais tant pis. Le flash nous agressa une nouvelle fois les yeux, et je ramenais l'appareil vers nous.
Finalement, elle était plutôt réussi cette photo. Nous avions toutes les deux un grand sourire, ce qui rendait cette photo forcément belle.
- Je vais aller les imprimer, annonçais-je alors à Cora. Profites-en pour aller jouer un peu.
Il m'avait fallut quelques minutes pour me souvenir des explications de l'institutrice. Mais c'est avec un cri de joie que je vis l'impression commencer. Sauf que c'était tellement long... Je m'installais alors à une table, sortant le journal. Je pouvais toujours commencer à répondre à C.C. en attendant. D'autant plus qu'elle m'avait, encore une fois, posé beaucoup de questions. Il fallait croire que mon monde l'intriguait beaucoup. D'un autre côté, le sien m'intriguait aussi, mais pas de la même manière. J'en savais plus sur le sien que elle sur le mien...
C.C.,
Cette fois-ci, j'ai voulu patienter un peu avant de te répondre. Faut dire que je voulais pouvoir prendre les photos que tu voulais avant. Tu vas être contente, elles sont en train de s'imprimer !
La dernière fois tu me demandais si je n'avais pas d'école. Pour tout te dire, je suis actuellement dans mon ancienne salle de classe. Sauf qu'on ne peut pas vraiment dire que j'y ai vraiment appris. On nous donne la théorie, des bases. Mais si Ettie ne m'avait pas pousser à faire plus que ce qu'on nous montrait ici, je ne pourrais pas t'écrire. Il faut dire aussi qu'on offre pas aux instituteurs la possibilité de faire plus. C'est comme ça que j'ai pu avoir accès à leur imprimante. L'institutrice m'a demandé de lui fournir du matériel que je pourrais récupérer dans mes fouilles en échange.
En effet, je trouve que tu as une drôle de vie. Mais qu'en ce moment. Ta vie est tout simplement différente de la mienne. Par contre, je crois que j'aurais aimé voir la tête de Rafael quand tu l'as appelé Bébé. Cette scène devait être très drôle.
Je n'ai pas revu Elias depuis l'autre soir. Mais j'ai bien l'intention d'en découvrir plus. Tout comme sur Ettie. C'est elle qui m'a donné l'appareil photo. Mais elle ne portait pas son pendentif ce matin. A croire qu'elle le faisait exprès. Mais je ne perd pas espoir.
Merci pour tes explications sur la NASA. Je comprend un peu mieux. Mais tu serais surement surprise de découvrir comment est le ciel chez moi. Bien sur, le soleil est là, il se lève et se couche. Mais la lune aussi, elle est toujours là, elle ne bouge pas. Ce qui fait qu'il fait souvent plus sombre chez moi. Elle n'est pas entière non plus. Elle s'est éparpillé en plusieurs petits morceaux. Je ne sais même pas pourquoi elle est ainsi... En vérité, je ne m'étais jamais vraiment posé la question. Je l'avais toujours connu ainsi. C'est en te découvrant que je commence à me les poser.
J'aimerais découvrir tes lectures moi aussi ! Envoie-les moi, par la cachette où tu avais mis le bracelet. Je devrais faire une sortie hors-limite dans les jours qui viennent. Histoire de remplir ma part du marché avec l'institutrice.
Les photos ont fini d'imprimer, je vais te les coller à la suite.
A très vite !
Lou
Je me dirigeais rapidement vers l'imprimante, prenant les nombreuses feuilles qui en était sortie. Je collais d'abord la mienne, celle où je suis sur mon lit, lui notant en dessous que c'était là où je dormais. Puis celle de Cora, lui annotant encore le lieu et qui elle était. Puis la dernière, celle de mon bouton de rose et moi. Celle-ci, je l'avais imprimer en trois exemplaires. Un pour C.C., un pour Cora et un pour moi.
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Le Journal Intemporel
Science FictionLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...