Nous tournions en rond depuis trois jours. Trois jours passés d’une ruine à l’autre. Trois jours à vérifier qu’aucun militaire ne nous suivait. Mais surtout trois jours à épuiser le peu de nourriture que nous avions. Ce n’était pas dans les ruines que nous allions trouver de quoi manger. Je le savais. Elias le savait aussi, mais aucun de nous deux ne semblait décider à en parler. Parce que nous savions aussi qu’il n’y avait que deux solutions qui s’offraient à nous. La première, évidente : rentrer au campement. Ce qui voudrait dire aussi se rendre, prendre le risque de subir un interrogatoire musclé. C’était aussi savoir enfin ce qu’ils me voulaient réellement, qui étaient mes parents et ce qu’ils avaient bien pu faire.
Ou alors, nous pouvions nous rendre sur les terres sauvages. J’avais déjà fait énormément de trocs avec des gens qui allaient cueillir là-bas. Je savais donc que nous pourrions trouver de quoi manger. Tout comme nous pourrions aussi nourrir des bêtes sauvages.
Dans les deux cas, nous allions au devant du danger. Pourtant, je savais déjà ce que je voulais faire. Plus qu’à voir si Elias allait me suivre ou pas…
Je me mordis la lèvre en fixant son dos, alors qu’il avançait devant moi. Nous étions sur le point de dépasser la limite de la ville. Du moins, ce qu’il en restait. Ce qui signifiait que demain matin, nous devrions soit faire demi-tour, soit continuer et nous enfoncer dans la végétation.
Le soldat s’arrêta finalement, avant de pointer du doigt un bâtiment.
- On pourrait dormir là, qu’est ce que t’en penses ? Il est suffisamment haut pour qu’on arrive à voir tout autour de nous.
- Oui, ça me va.J’avais appris à le laisser gérer ce côté-là. Il savait bien mieux que moi comment assurer notre sécurité. Je ne le lui dirais jamais, mais j’étais bien soulagée de l’avoir avec moi.
Nous pénétrâmes dans la bâtisse et avançâmes doucement, évitant les obstacles et faisant attention où nous mettions nos pieds. Plusieurs fois il m’aida, m’empêchant de marcher sur une marche trop fragile, sans dire un mot. Nous n’avions plus besoin de parler, nous ne comprenions sans parler. Je ne sais pas c’était dû à ses quelques jours coller ensemble ou si c’était tout simplement parce que nous nous connaissions depuis toujours.
Il y a quelques temps, je me serais surement fâché de voir que nous partagions toujours cette complicité silencieuse. Les choses avaient bien changés. Il fallait croire que je m’étais adoucis. J’étais parfois têtue, mais pas stupide. Je savais quand je devais ranger les crocs.
D’accord, parfois je les sortais plus longtemps que necessaire…
Nous parvînmes à atteindre l’étage le plus haut de l’immeuble. Du moins, le plus haut qui soit accessible. Toujours sans un mot nous sortîmes nous sac de couchage et les allongèrent sur le sol. Nous étions installé face à ce qui avait été une fenêtre. Il ne restait qu’un battant, sans vitre. Elias ouvrit son sac à dos, celui qui contenait nos réserves de nourriture et me tendit un morceau de viande séchée. Je le remerciais et croquais dedans sans réel conviction, mon regard perdu sur l’horizon devant moi. Du coin de l’oeil, je le vis jeter un oeil dans le sac.
- Il nous reste plus grand chose, hein ?!Il tourna la tête vers moi alors que j’en faisais de même. Je le vis ouvrir la bouche, prêt à dire quelque chose avec de se raviser et de se contenter de secouer la tête. Son premier réflexe avait dû être de chercher à me rassurer, avant de se raviser.
- On peut plus continuer à tourner en rond, repris-je. Il va falloir qu’on se décide à prendre une direction.
Pas forcément, je pourrais m’infiltrer discrètement dans le camp, récupérer des provisions et repartir.
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Le Journal Intemporel
FantascienzaLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...