Chapitre 5 - Partie 2

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Je restais un instant allongée, le cœur battant, tentant de retenir mon souffle pour faire le moins de bruits possible. J'avais coincée le journal sous mon ventre. Hors de question de le laisser filer. L'ombre se rapprochait de plus en plus. L'angoisse me nouait l'estomac. Si je faisais ma maline à déjouer les ordres, ce n'était pas pour autant que je n'avais pas peur de la punition qui pourrait tomber si on m'attrapait. Pour moi, le jeu en valait la chandelle. Je ne pourrais pas vivre avec ce que nous donne le gouvernement. Survivre, sans doute. Mais il y a une différence entre la survie et la vie.

Si j'étais arrêtée ce soir, je n'aurais aucun regret en réalité. J'aurais toujours donné le meilleur de moi. Puis, ils pouvaient se mettre le doigt dans l'œil s'ils pensaient que j'allais me laisser attraper sans me défendre. Mon seul regret serait surement pour Cora. Qu'allait-elle devenir sans moi ? Pour une fois, j'espérais que ce crétin d'Elias saurait s'occuper d'elle.

Elias... Non, je préférais ne pas penser à lui.

Je continuais de fixer cette ombre grandissante au fur et à mesure qu'elle approchait. Une silhouette masculine, de toute évidence. Je fronçais les sourcils de plus en plus. Mais non, ce n'était pas possible. Pas lui...

Quand son visage fut suffisamment près pour que je le vois pleinement, la colère prit le dessus. Je me relevais d'un bond, serrant le journal contre moi d'une main et allumant ma torche de l'autre. Elias tourna la tête vers moi, un sourire sur les lèvres. Il osait me sourire ? C'était une blague. Je le laissais venir vers moi.

- Je croyais t'avoir perdue de vue, dit-il une fois à mon niveau.

Il affichait une mine soulagée. Visiblement, ma colère ne le dérangeait pas.

- Qu'est ce que tu fiches ici ? marmonnais-je entre mes dents.

- Je t'ai suivi, répondit-il immédiatement, sans détour.

Il n'avait absolument honte de rien. Qu'est ce qu'il ne comprenait quand je disais que je voulais qu'il me laisse tranquille ?

- Pour quoi faire ? Tu n'as rien à faire ici.

Déjà que sa présence m'agaçait, il fallait qu'il vienne me l'imposer. Et puis je n'avais pas fini de répondre à C.C.. Comment pourrais-je le faire avec lui ici ?

- Si tu ne veux pas arrêter de quitter la limite, alors je resterais avec toi.

J'écarquillais les yeux, sonnée par ses mots. Je fis un pas en arrière, pour m'éloigner de lui. Je devenais trop faible quand il disait des choses pareils. J'avais envie de le croire. Ce qui n'était pas bon pour moi.

- Arrêtes de faire comme si tu t'inquiétais vraiment pour moi. On sait tout les deux ce qu'il en est, murmurais-je.

Il m'attrapa par le bras, m'empêchant de reculer davantage.

- Je m'inquiètes pour toi.

Quand il me regardait comme ça, je pourrais presque le croire. Puis je me souvenais comment on s'était promis de toujours être là l'un pour l'autre et pour les orphelins, pour qu'ensuite il s'engage sans même m'en parler.

Je me dégageais de sa poigne.

- Dis ça à quelqu'un que ça intéresse.

Je me laissais tomber au sol, là où j'étais installé avant qu'il ne vienne me déranger. Je posais la lampe torche au sol, n'éclairant ainsi plus son visage et serrai le journal contre moi, rabattant mes deux bras dessus.

- Lou...

- Casse-toi, Elias ! Rentre chez toi.

Je me mis à tapoter la couverture du journal du bout des doigts. Impatiente.

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