Chapitre 31 - Partie 2

9 2 1
                                    

Merci de vouloir nous aider. Mais nous ne sommes plus dans les locaux de la NASA. Notre seul espoir c'est que vous trouvez cette puce, où qu'elle soit, et qu'elle n'atteigne jamais la lune !

Une porte claque et je range précipitemment le journal. Je n'ai même pas le temps d'encourager C.C. ou quoi que ce soit. Mon message me parait si froid. Je ne peux pas faire mieux pour le moment.

Des pas se rapprochent et s'arrêtent au milieu du couloir, entre nos cellules.

- Bon ! clame la voix de Costa, reconnaissable entre mille. Je crois que vous vous êtes suffisamment reposé. Et moi je m'ennuie ! Les Mercer, vous allez mettre vos cerveaux à contribution. Si vous refusez...

Il laisse planer un silence qui ne laisse que peu de doute sur ce qu'il va faire.

- Vous savez quoi ? Une démonstration vaut toujours mieux que des mots.

Son amusement me fait frissonner.

- Sortez-moi celui-là ! ordonne-t-il.

Je me relève précipitamment et m'accroche à l'unique ouverture sur la porte de ma cellule. Je me sens égoïste, mais je peux me retenir d'espérer qu'il a jeté son dévolu sur Carl et pas sur Elias. Je déteste le soulagement qui me traverse quand je vois quelle porte ils ouvrent. Le rire de notre ami résonne.

- Je savais bien que je serais le premier à y passer, dit-il alors que des soldats le tire hors de sa cellule.

Son état me donne une idée de la tête que je dois avoir. Après des jours sans nous laver ou voir la lumière du jour, nous ressemblons à des bêtes sauvages. Costa fait signe à ses hommes de le sortir.

- Ne lui donnez rien, hurle Carl en passant devant nous. Faites en sorte que mon sacrifice serve à quelque chose. Moi j'ai choisi de faire confiance à la copine de Lou.

Ses paroles me font monter les larmes aux yeux. J'entends mes parents l'appeler, hurler à Costa de le laisser. Je sais qu'il n'en fera rien. Je n'ai qu'à refermer les yeux pour me souvenir de l'éclat dans ses yeux quand il me menaçait de son couteau. Il aime faire souffrir et il prendra un malin plaisir à le faire.

La porte se referment derrière eux et un silence s'installe. Il est si lourd.

Je me laisse tomber au sol.

Il faut plusieurs minutes avant d'entendre le premier hurlement. Carl a dû tenter de se retenir au maximum.

Je me roule en boule, mes bras entourant mes jambes.

Ses cris se font de plus en plus fort, mes larmes redoublent tout autant. Puis, à un moment, sa voix semblent se casser, ses cordes vocales irrités à force de hurler. Je suis alors parcourus de sanglots incontrôlables. Je remarque à peine que je ne suis pas la seule à craquer ainsi.

Après ce qui me parait être des heures et que mes larmes se soient taris, la porte s'ouvre de nouveau. Je puise dans le peu de force qu'il me reste pour hisser à la porte et voir ce qu'il se passe. Deux soldats trainent Carl, inconscient. Je parviens à peine à percevoir son visage sous tout ce sang. Un de ses oeil a tripler de volume tandis que sa jambe droit arbore un angle improbable.

Les soldats repartent, mais pas de Costa en vue.

- Carl, souffle la vois de ma mère. Est-ce que tu m'entends ?

Je tends l'oreille, me concentrant pour entendre le moindre son. Mais rien ne me parvient. Nous retenant tous les quatre nos souffles, aux aguets.

- Il respire ! s'exclame Lara. J'entends sa respiration !

Un soulagement m'étreint, mais il n'est que de courte durée. Combien de temps va-t-il souffrir avant qu'il ne le tue ? Et après, ce sera le tour de qui ? Elias ? Le mien ?

Un gémissement s'échappe de ma gorge.

- Lou, m'appelle Elias, reste forte ! Pense à C.C., d'accord, on a encore une chance ! Qui sait ? Si elle modifie notre passé, peut-être que ce sera comme si Carl n'avait jamais souffert.

Je sais qu'il tente de me consoler, mais il n'arrivera à rien ainsi. Je la rassure, comme je peux.

- Je sais, soupiré-je. Je sais.

Je porte la main à ma bouche et la mort pour étouffer le cri qui menace de monter.

Le visage trempé, j'attrape le journal de sous mon lit de fortune. D'une main tremblante, j'ajoute :

Tu es notre seule espoir.

Le Journal IntemporelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant