La fatigue devient compliqué à gérer. Nous continuons à fouiller, sans voir la lumière du jour, mais combien de temps encore allons nous tenir ? Je n'en sais rien. Je continue de consigner chaque information dans le journal. Mais il y en a si peu. D'un autre côté ma mère nous dit que c'est normal. Après une boulette pareil, il est évident que c'était la panique, alors comment continuer à tout noter ? Pourtant la NASA a continué à opéré après la destruction de la lune. Des tas de dossiers le prouve. Ils cherchaient une solution, sans jamais dire que c'était la leur. Papa dit qu'ils ont voulus cacher leurs erreurs. La aussi, il n'a pas tort.
La salle d'archive ne ressemble plus à rien. La table n'a pas suffit pour étaler toutes les feuilles. Nous en avons maintenant étalé au sol. Nous sommes plongés dedans quand on frappe à la porte. Marcus se lève pour voir. Des bribes de conversations nous parviennent sans que je ne comprenne un mot. De toute manière, je suis concentrée sur les feuilles devant moi. Bien que je vois de plus en plus trouble à force d'y garder mes yeux rivés.
Mon père revient finalement vers nous, un sourire aux lèvres.
— Plus de traces des militaires depuis plusieurs heures, annonce-t-il. J'ai annoncé la sortie des bunker.
Maman se lève :
— Alors montons tous !
— Mais, protesté-je...
— Lou-Pepper, tu as besoin de repos. D'air frais. D'un vrai repas, me serine-t-elle.
Elle fait mine de renifler avant de reprendre.
— Et d'une douche ! Et c'est valable pour chacun d'entre nous.
Elle a raison, je le sais. Mais l'urgence ne me quitte pas. J'en suis incapable. Elias pose une main sur mon épaule.
— Et puis tu dois manqué à Cora. Elle a besoin de te voir un peu.
Si ma mère évoque des arguments de raison, c'est celui de l'émotion qui gagne la partie. Comme toujours, Elias est celui qui me connaît le plus.
Je souffle malgré tout, pour montrer que ça m'énerve. Et parce que je suis une râleuse.
Je les suis quand même, soulagé de cette pause. J'attrape le journal qui est toujours sur la table. Sur un coup de tête, j'attrape la feuille que je regardais juste avant. Je ne sais pas si les informations dessus sont importantes, mais puisque qu'elle portait la date du 14 septembre, c'est possible. Je la glisse alors entre les pages du journal, espérant que sa magie agira pour la faire voyager à travers le temps.A peine aïs-je franchi la porte du bâtiment que Cora est sur moi.
— Salut mon bouton de rose, murmuré-je en la soulevant dans mes bras.
Je la repose bien vite. Il faut croire que le régime alimentaire de la communauté lui va bien : elle est devenue bien trop lourde...***
Dans la communauté, il semble que ce soit jour de fête. Un buffet est installé et la bonne humeur s'installe. Quelqu'un est même allé chercher une guitare et une voix féminine s'eleve par dessus les notes. Je me demande un instant si c'est bien judicieux de faire tant de bruit, mais je sais que si nous n'étions pas en sécurité, mes parents auraient déjà arrêté tout ça. Ils semblent détendus. J'aime les voir sourire. Avec Elias et Cora nous nous sommes installés dans l'herbe. Le jeune homme s'est allongé. Même s'il a les yeux fermés, je sais qu'il ne dort pas. Il suffit de voir ses traits réagir aux sons qui nous entourent.
— Alors tu vas vraiment sauvé la lune ? demande Cora.
Je lui ai fait un résumé de nos découvertes. Elle semble surexcité !
— Je veux croire qu'on va y arriver, lui soufflé-je.
Elle sourit et son regard se perd, comme si elle imaginait déjà la vie que nous pourrions avoir sans tout ça.
— Junior il dit qu'on peut pas changer le passé, mais il sait pas pour le journal.
Je sourit en la laissant parler.
— Il dit aussi que si on changeait le passé on pourrait détruire sa propre existence.
Mon sourire se fige. Elias soulève les paupières et son regard plonge dans le mien. Elle évoque exactement mes plus grandes craintes. Et si dans cette catastrophe mes parents ne se rencontraient jamais ? Oui s'ils n'existaient jamais ? Ce qui remettrait en cause ma propre existence. Et c'est valable pour tout ceux que je connais. Mais ce sacrifice vaut le coup, je le sais. Même si ce n'est pas nous d'autres peuvent échapper à cette folie. Ce n'empêche pas l'angoisse qui grossit dans mon estomac. Je deglutis avant de reprendre la parole.
— Tu lui a répondu quoi ?
Son sourire est rayonnant.
— Que lui peut-être mais pas nous. C'est notre destin d'exister et qu'on sera toujours proche tout les trois.
Mon rire résonne à l'unisson avec celui d'Elias. Cora se retourne d'un coup vers lui.
— Bah tu dors pas, toi ?
Il se redresse sur un coude.
— Je peux pas dormir quand tu dis des choses aussi intelligente, répond-il.
C'est au tour de Cora de pouffer. J'ai l'impression de devoir profiter à fond de cet instant de paix. Parce que tout peut disparaître en un claquement de doigts.
— Si tu dors pas, reprend mon bouton de rose, je te laisse tenir compagnie à Lou. Je veux danser moi.
Elle se lève pour rejoindre une bande de gamins qui dansent déjà devant le musicien. Nous la regardons, estomaqués, pendant qu'elle tournoie.
— Ne te prend pas la tête, murmure Elias en se rapprochant de moi.
Il s'est assis et atrappe ma main.
— Je devrais pourtant, a cause de moi, ils pourraient tous disparaître. Pourquoi je devrais avoir le pouvoir de décider pour eux. Peut être qu'ils préféraient tous qu'on ne touche pas au passé.
Je l'entend soupire avant de tirer ma main pour m'attirer dans ses bras.
— C'est faux. C'est pas une vie qu'on a. On survit. Tu vas leur offrir la possibilité d'avoir la vie dont ils rêvent !
Je ne dis rien, pas tout à fait convaincue.
— Et puis je te rappelle que tu ne decidés pas toute seule. Il y a moi. Et tes parents. Si on te suit c'est qu'on pense aussi que c'est la meilleure décisions.
Voilà qui me paraît déjà plus convainquant.. Je relève la tête vers lui pour mieux le regarder. Il me paraît serein, sûr de ce qu'il dit. A tel point qu'il vient même déposer un baiser sur mes lèvres. Je suis pas encore habituée à cette sensation et j'ai l'impression que mon cœur s'envole. Mais peut-être que ce sera toujours comme ça...
— Et si on allait danser nous, aussi ? Propose-t-il avec un sourire, son front contre le mien.
J'acquiesce d'un sourire et sa main m'entraîne au milieu des autres.Malgré la fatigue, je profite de cet instant. Je danse dans les bras d'Elias, puis dans ceux de mon père. J'échange quelques pas avec Cora et ma mère. Pendant quelques minutes, c'est comme si nous avions unz vie de rêve.
Puis c'est le chaos.
Ca commence par une explosion. Il ne nous faut pas longtemps pour comprendre que la porte de la palissade vient d'exploser. Des gens se mettent à courir dans tout les sens. Mon seul réflexe, c'est de donner mon sac contenant le journal à Cora.
— Cours, aussi loin que possible. Caches-toi.
Parce qu'il n'y a aucun doute : ce sont les militaires. Je regarde Cora partir tandis qu'Elias tire mon bras pour nous faire aller dans une autre direction.
— On doit pas rester là !
Je vois mes parents aides les gens à fuir. Ils seront les derniers à se cacher. Il me suffit d'échanger un regard avec Elias pour qu'il comprenne que moi aussi. Il ne lui faut pas longtemps pour décider qu'il restera avec nous. Nous attrapons des enfants tombés au sol, les remettons sur leur pied pour en aider d'autres. Mais trop vite, les véhicules militaires vombrissent à nos oreilles. La terre se soulève et notre coin de paradis perd de sa paix.
Je jette un regard autour de moi. Des gens sont encore en train de fuir. Seuls quelques uns sont debout, planté sur leurs jambes : mes parents et Carl tout devant. Ils resteront la pour faire gagner du temps aux autres et c'est exactement ce que je vais faire. Elias glisse sa main dans la mienne et je me redresse.
Les véhicules militaires s'arrête dans un crissement de pneus. Le premier a en descendre est facilement reconnaissable. Mon ventre se noue en voyant mon pire cauchemar.
Le commandant Costa est entré chez nous.
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Le Journal Intemporel
Ciencia FicciónLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...