- Tu auras essayé, le console ma mère.
Elias se contente de répondre d'un ronchonnement. Au moins, il a essayé de faire quelque chose. Sans Costa, peut-être l'aurait-il convaincu ? De toute façon, nous n'avons plus la tête à ça. L'abattement est tombé sur nous. Je suppose que nous sommes tous en train de penser à Carl, prêt à se sacrifier pour le bien des autres. Je regrette de ne pas avoir pris le temps de mieux le connaitre. Il aurait eu des choses à m'apprendre.
Du peu de lumière que nous voyons, nous comprenons que la nuit tombe. Nous n'aurons pas de repas ce soir. Pas que nous aurons pu avaler quoique ce soit de toute manière.
Je ne prends pas la peine de regagner ma couchette. De toute façon, le sol est tout aussi confortable. Je m'allonge près de la porte, pour être sûre d'entendre le moindre mouvement. Je somnole dans un état de semi-conscience, la faim, la fatigue et le deuil se mêle dans mon esprit. Et puis, j'ai clairement en tête qu'Elias risque d'être le prochain. Ce qui créé un trou béant dans mon coeur.
Les souffles autour de moi, m'apprends que personne ne dort autour de moi. Sans doute partageons nous les même penser.
- Elias ? soufflé-je.
J'espère que mes parents ne m'entendent pas. Nous avons eu si peu de temps en en tant que couple. Ils nous restaient tellement de choses à faire, à apprendre ensemble, à découvrir.
- Oui, répond-il sur le même ton.
- Je...
Les mots se bloquent dans ma gorge. Il faut croire que je suis toujours incapable de dire correctement ce que je ressens.
- Je sais, Lou, murmure-t-il. Je t'aime aussi. Depuis toujours.
Je pensais avoir écoulé tout mon stock de larmes, il faut croire que ce n'est pas le cas.
- Je suis désolée de t'avoir tant repoussé. J'étais si en colère, je pensais que tu m'avais trahi, greloté-je. Mais si c'était aussi douloureux, c'est parce que tu as toujours été plus important que les autres.
- Ne parle pas comme si tu me disais, adieu. Ne perds pas espoir.
Au son de sa voix, je comprends qu'il pleure à son tour. Nous voilà transformer en véritable fontaine.
- J'aimerais pouvoir être dans tes bras, chuchoté-je.
- Moi aussi, je...
Il est coupé par le porte qui s'ouvre dans un bruit métallique qui me donnera maintenant des sueurs froides.
- Elias ? appelle une voix.
Je me redresse. Ce n'est pas Costa qui vient nous terroriser. Mais Jude. J'ai un sursaut d'espoir. Il faut croire qu'il ne meurt pas facilement celui-là.
- Jude ? Tu acceptes de nous aider ? s'enthousiasme Elias.
- Uniquement si vous m'emmenez avec vous, déclare-t-il.
- Bien évidemment, intervient mon père. On ne laisse personne derrière nous.
Pour toute réponse, j'entends un tintement, puis quelque chose qu'on insère dans une serrure.
- Faut se dépêcher, reprend le soldat, mon collègue est parti pisser. Il peut revenir à tout instant.
De la fenêtre, je vois Elias sortir de sa cellule. Nos regards se croisent pendant que son ami m'ouvre la porte. Une fois libre je me précipite dans ses bras. Bientôt, mes parents sortent aussi.
- Pas le temps pour les câlins, nous coupe Jude. On doit filer !
Elias me tire pour sortir. Je l'arrête et retourne dans ma cellule. Je sors le journal et mon sac de sous mon lit. Elias m'attrape la main pour me presser.
- Il nous faut des armes, chuchote-t-il au garde.
Ce dernier acquiesce d'un signe de tête. Il nous fait passer dans ce qui semble être la pièce où les gardes restent : une table au milieu de quelques chaises dépareillés. Et surtout des armes contre les murs. Elias et mes parents partent directement se servir. Mon père en met une dans mes mains, m'intimant d'un regard de le faire. Même si je rechigne à les utiliser, je sais qu'il a raison. Carl nous a déjà quitté, hors de questions que je perdent quelqu'un de plus.
Je glisse mon sac sur mon dos, libérant mes mains pour mieux tenir mon fusil. Jude nous attend à la porte, il surveille l'extérieur.
- On doit trouver un véhicule, avance Marcus.
- Le hangar doit être vide à cette heure-ci, propose Elias.
- On ferait mieux de se dépêcher dans ce cas, s'impatiente Jude.
Sa nervosité ne fait que gagner en intensité. Comment ne pas le comprendre ? Mon père passe une tête à l'extérieur à son tour.
- On court jusque derrière ce bâtiment, ordonne-t-il.
Nous acquiescons tous en silence. Un geste de la main et nous nous élançons. Je sens immédiatement que je ne serais jamais aussi rapide que d'habitude. L'emprisonnement nous a affaibli. Mais notre survie en dépend...
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Le Journal Intemporel
Science FictionLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...