Les journées étaient longues. Tellement longues...
Sans les fouilles, il me semblait que je tournais en rond. Pourtant, il me semblait bien que j'étais la seule à vivre avec ce sentiment d'ennui. Tout le monde était occupée à survivre ici. Sauf que pour moi, c'était mes sorties illégales mon moyen de survivre. Je tentais autant que possible de donner un coup de main autour de moi, mais c'était peine perdue... Que ce soit en aidant certains commerçants, ou alors dans les champs, je ne parvenais pas à totalement chasser ce sentiment. Mon cerveau continuait à carburer, à se demander ce que j'aurais pu trouver dans mes fouilles. Et pire, à me demander si C.C. m'avait répondu.
Parce que je n'avais pas sorti le journal de mon sac depuis la dernière fois, chez Ettie. Je devais me refréner pour ne pas le parcourir de nouveau. Du coup, depuis une demi-heure, je fixais Cora et les autres orphelins, alors qu'ils jouaient à cache à cache autour du bâtiment. Depuis le toit, je pouvais tous les voir. Et j'avoue avoir un peu guider mon bouton de rose pour en trouver quelques uns.
Je poussais un léger soupir en quittant mon poste d'observation pour retourner au linge que je devais mettre à sécher. C'était aussi devenu une de mes activités, j'avais décidé de prendre en charge les vêtements de tout les orphelins. Ce qui m'occupait quelques heures par semaine. C'était toujours ça de pris. J'étais en train de me battre avec un drap quand la porte menant à la terrasse s'ouvrit brusquement.
- Lou ! Je te cherchais ! annonça Elias en venant vers moi
Je ne l'avais pas beaucoup vu non plus. Il essayait surement de faire profil bas. De nous protéger tout les deux. J'évitais un peu de penser au sacrifice qu'il avait fait pour me protéger. Et à mon manque de confiance en lui. Je n'avais confiance en personne après tout...
Me dépêtrant de ce drap, je pus enfin voir son visage. Il semblait épouvanté. Une expression inquiète qui semblait lui coller à la peau quand il me voyait dernièrement.
- Qu'est ce qui se passe ? demandais-je en attrapant le dernier pantalon qu'il me restait à mettre à sécher.
- Ils se posent des questions. Ils se demandent pourquoi tu ne sors plus fouiller. Ils parlent de venir te chercher. De t'interroger.
Je laissais les bras retombé le long de mes jambes, laissant ce pantalon pendouiller à moitié épingler. Ma peur dû se lire sur mon visage, puisqu'il se rapprocha de moi, en posant ses mains sur mon visage.
- On va pas les laisser faire.
- Et comment ?
Oui, j'avais peur de leur interrogatoire. Très peur. Il fallait croire que mon courage avait finalement ses limites : les oubliettes et les interrogatoires.
- Partir. Tu connais l'extérieur mieux que personne. On pourrait se cacher sans problème.
- Lou ?! Qu'est ce que tu fais ?
Je me tournais vers Cora, suspendant mon geste. Voilà une chose que je ne voulais pas faire. Lui dire au revoir. Je fourrais le pull que j'avais en main dans mon sac et me tournais vers elle. Il n'y avait que nous dans le dortoir. Je pouvais entendre les cris des enfants qui jouaient dehors. Elias était parti préparé ses propres affaires, et nous trouver des provisions. Puisque lui n'était pas surveillé, c'était bien plus sûr si c'était lui qui s'occupait de cette partie dans l'organisation de notre fuite. J'attrapais les mains de Cora, et l'attirait sur le matelas à mes côtés.
- Mon bouton de rose, il va falloir que je parte pendant quelques temps.
Elle fronça les sourcils. Comme si elle ne comprenait pas ce que je disais.
- Tu pars fouiller, c'est ça ? Je me disais que ça faisait longtemps que tu étais pas sorti.
Je me mordis la lèvre. Comment le lui expliquer ? Trop lui en dire serait aussi la mettre en danger. Je dégageais une mèche de ses cheveux de devant son visage, tentant de lui sourire.
- En quelques sortes... Je pars pour un peu plus longtemps qu'une fouille normal. Mais tu dois pas t'inquiéter, d'accord.
- Tu me fais peur en disant ça. Pourquoi est-ce qu'il faut tu partes ? Il se passe quelque chose ?
Je sentis ma gorge se serrer. Pour une fille comme moi, cette petite fille était finalement ce que j'avais de plus ressemblant à une famille. Ne pas savoir quand je la verrais me brisais le cœur. Et oui, finalement, j'étais plus sensible que je ne voulais me l'avouer.
Je secouais la tête en gardant ce sourire rassurant que je m'étais fabriquée.
- Bien sûr que non, tout va bien. Tu vas juste me manquer.
Elle se précipita alors dans mes bras.
-Tu vas me manquer aussi. C'est moins drôle quand tu n'es pas là.
Je déposais un baiser sur le sommet de son crâne.
- On se rattraperas à mon retour !
Mon sac prêt, j'étais finalement remonté sur le toit, à attendre la nuit venue. Elias pensant qu'il était surement plus sûr de faire ainsi. De profiter de la faveur de la nuit pour partir plus discrètement.
La porte s'ouvre doucement et Elias vient s'installer à côté de moi en silence.
- On pourra partir dans une heure ou deux.
Je hochais de la tête. Incapable de dire un mot, serrant un peu plus mon sac contre moi
- Ca va ?
Nouvel hochement de tête de ma part. Mais il semble s'en contenter. Accepter ma réponse silencieuse. Il se tait à son tour, regardant un instant le ciel étoilé. Après de longues minutes, il reprend finalement la parole.
- Tu sais quoi de tes parents ?
Je tourne la tête vers lui. En voilà une question.
- Rien du tout, tu le sais. A part leur nom de famille. Et qu'ils avaient des goûts débiles pour m'appeler Lou-Pepper.
- Vraiment ? Tu ne sais rien de plus ?
Je me tournais complètement vers lui, posant mon sac.
- C'est quoi ton problème ? Pourquoi tu me parles d'eux ?
Il poussa un soupir, avant de passer une main dans ses cheveux.
- Je crois avoir découvert pourquoi ils te surveillent. Ils pensent que t'es toujours en contact avec eux. Que tu les retrouves quand tu pars en fouille.
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Le Journal Intemporel
Fiksi IlmiahLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...