La nuit fut courte. Je m'en étais douté. Trop de choses avaient tourner dans ma tête et cette fois-ci je ne voulais pas retrouver Elias pour dormir. Je savais que sinon je devrais tout lui dire. Je ne voulais pas lui laisser la possibilité de me faire changer d'avis. Il allait essayer, c'était sûr. Sauf qu'entre nuit complète et quelques minutes il y avait une sacré différence.
Quand il toqua à ma porte, j'étais déjà prête, sac sur le dos, chaussures au pied. Il passa la tête par l'entre baillement de la porte. Il semblait ne pas avoir passer une meilleure nuit que la mienne. Ses cheveux étaient en désordre et ses vêtements froissés, il était venu aussitôt réveillé. Il fronça les sourcils en voyant ma tenue.
- Tu fais quoi, Lou ?
Je poussais un soupir.
- Il y a un bébé qui devrait naître dans quelques jours. Sa mère n'a rien pour lui. Pas de vêtements, pas de lit, rien. Il faut un fouiller pour trouver tout ça. Je me suis portée volontaire.
- Et qui a décrété qu'il fallait un volontaire ?
Je ne pris même pas la peine de lui répondre. Il savait déjà. A la place, j'attrapais le journal, l'extirpant de sous le matelas. Je vis sa curiosité se rallumer.
- Tu vas certainement me prendre pour une folle après que je t'ai raconté tout ça, mais j'ai besoin que tu me promettes de faire ce que je te demanderais, peu importe si tu me crois.
- Lou...
- S'il te plaît.
Il posa un regard sérieux sur moi. Il savait que je ne demandais jamais rien. J'avais cette volonté de tout faire par moi-même. Si je lui demandais c'est que je n'avais pas le choix et surtout, que je lui faisais confiance.
- OK, je te promets.
Je pris une inspiration tout en caressant la couverture du journal.
- Ce cahier est un peu spécial... Quand j'écris dessus, mes messages sont pour une fille, C. C., qui vit dans l'avant. Et elle me répond.
Je vis à son regard que je l'avais totalement perdu.
- Hein ?!
C'était du moins la seule chose que je parvenais à comprendre avec ce son qui s'était échappé de ses lèvres. Je n'avais pas le temps de le forcer à me convaincre. Il aura tout le temps de lire et de se faire sa propre opinion.
- Elle essaie de trouver un moyen pour sauver la lune. Elle fait même des stages ici, à la NASA pour en découvrir plus. Sauf qu'à son époque tout est bien protéger. J'essaie de trouver des réponses moi aussi. C'est pour ça que je vous ai rejoint pour ranger. Si je ne reviens pas, je veux que tu prennes ma place, que tu cherches ce qui est arrivé à la lune. Commences par fouiller le bureaux des Docs. Ils ont plein de papiers de l'époque, ils doivent en savoir plus.
Il secoua la tête.
- Lou, ce sont tes parents.
J'eus un petit sourire.
- Tu sais bien que c'est plus compliqué que ça.
Je franchis les quelques metres qui nous separaient et glissais le journal dans ses mains.
- Tu le feras, hein ? Tu es le seul en qui j'ai confiance.
- Lou...
Ses prunelles brillaient d'une inquiétude contenue. En vérité, il avait passé une grosse partie de sa vie à s'inquiéter pour moi. Même quand je refusais de lui parler. Il avait toujours été là pour moi. J'écoutais alors mon instinct. Une part de moi que je ne suivais que rarement. Je me hissais sur la pointe des pieds et posais alors mes lèvres sur les siennes. Je ne savais pas trop ce que je devais faire. Je n'avais jamais embrassé personne. J'étais plus que novice en matière de relation amoureuse. Je les avais toujours fui. Pour la première fois de ma vie, j'en prenais les devants. Je sautais à pieds joints dans l'inconnu. Elias lui, se montra plus assuré. Alors qu'une main tenait fermement le journal que je lui avais confié, l'autre trouva sa place dans mes reins, son bras s'enroulant sur ma taille. Si je m'étais contenter de poser mes lèvres, lui il approfondissa ce baiser. Je le suivis, laissant mon corps prendre le dessus.Après un long instant qui nous laissa tout deux essoufflé, il posa son front sur le mien, me tenant toujours contre lui.
- Tu crois vraiment que je vais te laisser partir après ça ?
- Je reviendrais. Fais moi confiance.
J'entendis un grognement étouffé s'échapper de sa gorge. Avant qu'il ne puisse tenter quelque chose pour me retenir, je m'échappais de ses bras. J'attrapais mon sac à dos. Je comptais partir sans me retourner, pourtant arriver à la porte, je ne pus me retenir de me retourner une dernière fois pour le voir. C'était une mauvaise idée. J'avais encore plus envie de me jeter dans ses bras. Sauf que j'étais du genre têtue. Même avec moi même. Je forçais alors mes pieds à continuer et je sortis. Deux minutes après, j'étais dehors.Contrairement à ce que j'avais soutenu à Carl quand il nous avait entrer dans la communauté, j'étais persuadée de savoir me diriger dans la forêt. Toutes ses années à m'enfoncer dans les ruines m'avaient offert un sens de l'orientation hors pair. Bien que l'exercice fut un peu plus difficile au mileu de ses arbres. Je savais d'instinct quel direction prendre. Deux heures plus tard, j'étais sortis des bois. Certes, j'étais un peu plus à l'est que ce que j'avais imaginer, mais j'en étais sortie tout de même. Je me tournais pour regarder les bois un dernier instant. J'avais fait mon possible pour emprunter le chemin que nous avions pris à l'aller, parce que je savais que c'était ma meilleure chance pour éviter les animaux sauvages. Il me serait donc très facile de faire demi-tour, de retourner vers cette sécurité. Puis je revoyais le visage de cette pauvre femme enceinte. Je ne comprenais pas pourquoi les Mercer ne faisaient rien pour l'aider et il était hors de question que je fasse comme eux. Je leur avais déjà dit que je n'avais pas besoin d'eux pour prendre mes décisions, maintenant je montrais aussi que je pouvais aller à l'encontre de leur décision. Je me demandais l'espace d'un instant si je ne me comportais pas comme une adolescente en colère. Peut-être un peu... Mais cette part de moi qui avait tout fait pour les orphelins me criait que je ne pouvais pas laisser ce bébé naitre sans rien. J'attrapais alors les bretelles de mon sac, le redressant sur mon dos et repris ma marche.
Je savais très exactement où je voulais aller. J'avais repéré il y a un moment un magasin d'article de puériculture. La boutique en elle même avait été dévalisé, mais il restait une vaste réserve. Un tas de gravats en avaient bloquer l'entrée. J'avais tout déblayer pour voir ce qu'il y avait. J'avais alors pris ce dont j'avais besoin avant de reboucher l'entrée pour pouvoir y retourner quand j'en aurais besoin. Ce jour semblait être arrivé.
Une longue marche m'attendait. Si sortir de la forêt m'avait paru solitaire et un brin terrifiant, là j'étais dans mon élément. J'avais l'impression de redevenir moi-même, de me sentir plus forte, plus maitresse de mes actions. Des sentiments qui m'avaient manqué. Fouiller faisait partie de moi. Ce n'était pas juste une occupation, c'était une part de mon identité. Je m'en rendais compte maintenant. Au lieu de me sentir de plus en plus fatigué, plus je m'approchais de la ville, plus je me sentais bien. Seul Elias me manquait maintenant.
Une fois en ville, je me dirigeais directement vers le magasin. Je fus tenter de m'arrêter en passant devant la boutique d'antiquité où j'avais trouver le journal. Je me retins pourtant. Je ne voulais pas trainer. Je prenais les affaires et je repartais. Quitte à dormir sur la route. Je ne voulais pas tenter le diable. Plus je restais, plus les militaires pourraient me trouver. Il me fallut un moment pour dégager l'entrée de la réserve. Je l'avais bien obstruée. Je ne faisais jamais les choses à moitié. A l'intérieur, rien n'avait changer. J'ouvris mon sac rapidement et fourrais le plus de choses possible dedans. Je l'avais vidé au maximum, ayant même abandonné mon sac de couchage en me disant que je pourrais très bien m'en passer pour une nuit, pour le bien de ce bébé. Il fut vite rempli de pyjamas, gigoteuses, bonnets et bodys. Je me permis même une folie en trouvant un petit doudou. Il avait bien le droit à un peu de douceur, il aurait tout le reste de sa vie pour se rendre compte d'à quel point notre monde pouvait être dur.
Mon sac beaucoup plus lourd sur le dos, je sortis de la réserve. Il restait encore des tas de choses. Notemment un jolie à barreau. Je me disais que je pourrais peut-être convaincre les doc d'envoyer d'autres personnes avec moi. Nous pourrions alors le prendre. Pour cela, il fallait que tout reste en état. Je me mis donc à remettre des tas de pierres sur la porte. Quand ce fut fait, j'avais les mains écorchés mais la satisfaction d'un travail bien fait. J'avais mis encore plus de gravats que la première fois. Je sortis alors de la boutique, un sourire sur les lèvres. Ce fut là qu'une main m'attrapa par dérrière tandis qu'une autre bloquait ma bouche. J'écarquillais les yeux alors que plusieurs militaires sortirent alors d'une ruelle adjacente. Et merde ! J'avais été imprudente. J'entendais déjà la voix d'Elias me dire que j'étais totalement imprudente. Et il aurait totalement raison. Bon sang, il allait me tuer pour m'être fait attraper. Il n'y avait là que des soldats, trois au total, plus celui qui me tenait. Aucun gradé. Je devais essayer. Je me mis à me tortiller en tout sens.
- T'arrêtes espèce de folle ! cria celui qui me retenait.
Mes mouvements lui firent bouger un peu, pas grand chose, mais juste assez pour pouvoir planter mes dents dans sa main. Il me lâcha alors.
- Putain ! Elle m'a mordu ! Elle est complètement taré.
Je ne me laissais pas le temps de réfléchir, je courrus. Aussi vite que mon sac plein à craquer me le permettait. Je sentis alors une piqure sur ma cuisse. J'eus à peine le temps de baisser les yeux que je sentis une décharge me traverser. Ces batards venaient de me taser ! Je m'éffondrais alors au sol, tremblant de tout mes membres. Dans mon champ de vision, plusieurs paires de bottes s'approchèrent. Ce fut la dernière chose que je vis avant que tout ne devienne noir.
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Le Journal Intemporel
Science-FictionLou-Pepper est une adolescente de 16 ans qui vit dans un monde en ruine. Elle vit dans l'Après. C.C., elle, vit dans un monde en parfait état de marche. Dans l'Avant. Des siècles les séparent et elles n'auraient jamais dû pouvoir se rencontrer. Mais...