Chapitre 18 - Partie 2

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J'avais fait chou blanc. J'avais, certes, vu des machines incroyables dont je me demandais toujours l'utilité. Des choses qui m'auraient fasciné en temps normal. J'avais trop misé sur cette fouille. Une part de moi avait dû se dire que je trouverais les réponses tout de suite. Je ne devais pas me décourager. Ce n'était que le premier jour de recherche. Sauf que je ne pouvais pas retourner parler avec C.C.
sans avoir quelque chose à lui dire. Elle s'inquiétait tellement, se mettait une telle pression. Je voulais la soulagée au mieux. À la place j'étais maintenant autour de ce feu de camp avec Mark et Elias. Mes parents étaient là aussi, un peu plus loin. Je les avais éviter toute la journée. Bien que j'avais plusieurs fois sentit leurs regards se poser vers moi. Il faudrait que je leur parle. À un moment ou un autre. Je n'étais pas sûre qu'autre chose que des reproches ne traversent mes lèvres. Ce qui seraient contre productifs. J'attendais alors le moment où je serais plus détendue. C'était aussi prendre le risque que je finisses pas exploser sans contrôle. Ce qui serait certainement pire. Aucune solution n'était parfaite.

Encore une fois, je m'en fermais dans mon mutisme, mangeant en silence et laissant mon oreille traîner. Mark racontait son parcours à Elias.
- Je suis arrivé ici l'année dernière. Je viens d'un campement à une centaine de kilomètres d'ici. Je me suis enfui. J'ai avancé tout droit sans savoir où aller ou quoi faire. J'avais pas de plan. Je voulais juste m'éloigner. Et c'est comme ça que j'ai rencontré les docs. Ils m'ont fait entrer dans la forêt et découvrir la communauté.
Il tourna la tête vers moi.
- Tes parents sont des gens géniaux. Tu as beaucoup de chances !
- Ouais il paraît, marmonnais-je.
Ils venaient en aide à des inconnus et pas une seule fois ils n'ont eu l'idée de me retrouver. Ils auraient pu m'approcher pendant une fouille sans problème !

Le genou d'Elias percuta doucement le mien. Je tournais la tête vers lui. Il continuait à parler avec Mark pourtant je savais que ce n'était pas un geste anodin. Il me montrait juste qu'il était là pour me soutenir.

Une jeune femme, à peine plus vieille que nous vint nous rejoindre. Elle enjamba le tronc d'arbre qui nous servait de banc et s'installa avec nous passant un bras autour des épaules de Mark.
- Regardez ce que j'ai trouver ! S'exclama-t-elle en exhibant une bouteille en verre.
Cette dernière semblait rempli d'un liquide transparent. Je vis Elias la  regarder avec suspicion.
- De l'alcool ?
Il n'y en avait pas beaucoup au camp. C'était une denrée rare que seul les officiers possédaient. Parfois une bouteille se perdait, se troquait. Elle valait alors de l'or. Certains avaient même tenter d'en fabriquer eux même. On les avait vite arrêter. Je n'en avais donc jamais goûté.
- Le meilleur que tu ne boiras jamais, ajouta la nouvelle venue.
Elle nous tendit ensuite sa main.
- Je suis Cyrielle.
Elias la serra et j'en fis de même.
- Enchanté. Moi c'est Elias et elle, Lou.
Elle fit un vague signe de la main.
- Bah tout le monde c'est qui vous êtes. Surtout toi, dit-elle en me regardant.
- J'ai toujours su que je serais célèbre un jour, marmonnais-je.
En vérité, le fait que tout le monde semble adulé mes parents m'agacait profondément. Notre nouvelle amie ne dû pas sentir mon agacement, puisqu'elle rit.
- T'es une marrante toi ! Je t'aime bien !
- Enfin quelqu'un qui me reconnaît à ma juste valeur ! N'hésites pas à le dire à Carl. Ça va encore plus l'énerver.
- Il s'énerve tellement facilement aussi. C'est toujours drôle de le voir réagir comme ça.
J'eus un large sourire. Je venais de me trouver une alliée là.
- On devrait s'y mettre à deux. Il va devenir fou.
Je vis ses yeux s'allumer. L'idée lui plaisait de toute évidence. Mark, lui, poussa un soupir.
- Laissez le tranquille le pauvre.
- Tu connais pas l'expression qui aime bien châtie bien ? Reprit-elle en ouvrant sa bouteille. Et bah nous on l'adore.
Sur ce elle but une longue gorgée avant de la tendre à Mark. Il but à son tour et nous la tendit. Elias la prit avec une petite hésitation.
- T'as déjà bu de l'alcool toi ? Demandais-je avec curiosité.
- Une fois. J'en garde pas un très bon souvenir. J'ai vomi dans un buisson après.
Mark et Cyrielle étaient hilares.
- Une gorgée devrait pas te faire de mal, promis, lui dit cette dernière.
Il prit alors une gorgée avant de grimacer. Il me l'a tendit à son tour, haussant un sourcil en ma direction. Il était en train de me défier là... Je la lui arrachais des mains et portait acidement le goulot à ma bouche. Avant de manquer de tout recracher.
- Mais ça brûle votre truc !
Leur hilarité redoubla.
- Comment vous pouvez aimer boire ça ?
Mark haussa les épaules.
- On s'y habitue à force...
Je le regardais en cherchant où était l'intérêt de voir ce truc. Visiblement personne n'avait de réponse à m'apporter. J'allais donc tenter de boire une deuxième gorgée, histoire de voir si ça changeait quelque chose, quand une voix m'interrompit.
- Lou-Pepper !
Je tournais la tête avec le sentiment d'être prise en faute sans savoir ce que j'avais bien pu faire. Les Mercer se tenaient là, la mine sévère. Lara vint vers moi à grand enjambée et m'arracha la bouteille des mains.
- C'est quoi ça jeune fille ! Tu es bien trop jeune pour boire ainsi ! Qui t'as donné l'autorisation ?
Je sentis Elias se crisper à mes côtés. Il savait que maintenant, il ne pourrait pas m'arrêter.
- Qui m'a donner l'autorisation ?? Au hasard, moi même ! Comme je le fais depuis... Voyons voir que je compte un peu. Oh mais suis je bête, ma vie entière parce que je n'ai jamais eu de parents.
Si au début mon ton était rester sarcastique, je devais avouer que j'avais plus ou moins hurler la dernière partie. Lara semblait désemparée et Marcus n'en menait pas large. J'étais bien trop en colère pour m'inquiéter de leurs états d'âmes.
- On se connaît depuis moins de 24 heures et vous pensez déjà pouvoir diriger ma vie ? Vous vous mettez le doigt dans l'œil et bien profond. Vous m'avez abandonner, pas la peine de maintenant chercher à récupérer une quelconque autorité.
Le visage de la femme se décomposa. Je vis des larmes perler au coin de ses yeux. Une pointe de culpabilité me transperca le cœur. Sauf que la colère était un baume des plus apaisants qui ne laissaient pas les autres émotions prendre place. Je m'adoucis tout de même un peu. Juste un peu.
- Je ne suis plus une petite fille. C'est trop tard pour ça. Vous devez me traiter en adulte.
Lara hocha la tête un instant, alors que Marcus se contentait de me fixer en silence. Ce fut tout de même lui qui brisa le silence.
- Si on allait dans un endroit plus privée pour discuter ? Entre adultes.
J'acquiescai d'un signe de tête et regardais autour de moi. En effet, nous avions attiré tout les regards.

Je les suivi dans le bâtiment. Ils me firent entrer dans ce qui devait être leur bureau. Sur le mur, des tas de papiers étaient accrochés. Des vieux papiers. J'ecarquillais les yeux quand sur l'un d'entre eux je pus lire voyage sur la lune. Bon sang, je perdais mon temps à ranger alors que les réponses devaient être ici depuis le début. J'avais une folle envie de fouiller.
- Je comprends que tu sois en colère contre nous, Lou. Mais tu dois comprendre que nous avons vraiment fait ce qui me semblait le plus juste,reprit Marcus.
Je tournais la tête vers lui. Ce n'était pas le moment de fouiller. Il s'était installé sur le bord d'un bureau encombré de papiers, tandis que Lara s'était assise sur une chaise. Ses yeux ne me quittaient pas. Je l'imitais et m'installais à ses côté.
- Je peux comprendre, un nourrisson dans une forêt c'est pas une bonne idée. Mais 16 ans ce sont écoulés. Vous auriez pu venir me chercher. Vous n'aviez même pas à venir me chercher au camp, juste à venir me voir pendant une fouille.
Marcus soupira en passant une main dans ses cheveux.
- C'était trop dangereux. Et si les militaires nous avaient mis la main dessus. On devait attendre que tu viennes vers nous.
- Je ne savais même pas que vous existiez ! Vous auriez pu attendre toute votre vie.
- C'était le risque.
Je secouais la tête, dépité par tant de bêtises. Je m'apprêtais d'ailleurs à leur dire qu'ils étaient juste des lâches quand on frappa à la porte.
- Quoi ? Demanda Marcus.
C'était la première fois qu'il me semblait perdre patience. La porte s'ouvrit laissant apparaître une jeune femme. À son ventre, je dirais qu'il ne lui restait que quelques jours avant de mettre au monde son bébé.
- Doc... Je commence sérieusement à m'inquiéter. Je sais qu'on a d'autres soucis, mais l'hiver arrive et je n'ai toujours pas le matériel pour mon bébé...
- Susan, on en reparlera demain matin, d'accord ? Ce n'est pas le moment là.
Je vis à son regard que la dites Susan n'était pas des plus d'accord, pourtant elle hocha de la tête et repartir.
- Lou... Reprit l'homme.
Je le coupais immédiatement.
- C'est quoi le problème ? Vous avez pas de vêtement pour nourrison ici ?
- Le bébé de Susan sera le premier à naître dans la communauté et nous n'avons aucun matériel de puériculture, expliqua Lara. On cherche des solutions mais pour le moment, c'est compliqué. On tente de fabriquer des choses mais ce n'est pas facile.
Ils étaient stupides ou quoi ? Avec toutes ses ruines remplies ?
- Pourquoi vous envoyez pas quelqu'un fouiller ?
- C'est trop dangereux. Les militaires pourraient nous attendre.
Et on y revenait...
- C'est ridicule ! Vous savez quoi ? Tout ses gens vous admirent mais en réalité vous êtes des lâches. C'est bien, vivez votre vie cacher, c'est sûr que c'est tellement plus simple comme ça !
Je m'étais même pas rendu compte que je m'étais levée tout en parlant. Ils m'énervaient. Comment pouvait-on rester inactifs comme ça ?
- Lou...
Je ne laissais pas Marcus finir. J'avais deja tourner les talons et quitter ce bureau.

Je retournais au feu de camp, où je retrouvais Cyrielle, Mark et Elias. Ce dernier me jetta un regard interrogatif.
- Plus tard, murmurais-je.
Je ne le regardais même plus, j'avais repéré la dites Susan au loin. J'avais récupérer tellement d'affaires pour les plus jeunes orphelins. Je ne cautionnais pas qu'on puisse laisser un bébé attendu par sa mère comme ça. Je tournais finalement la tête vers Elias. Un plan se formait dans ma tête.
- Demain, au petit matin, viens me rejoindre dans ma chambre. Je voudrais te confier quelque chose.
Je le vis froncer les sourcils inquiet. Je ne lui laissais pas le temps de poser de question. Je tournais de nouveau la tête vers Cyrielle, un sourire factice aux lèvres.

Demain. Demain, je lui dirais tout sur C. C. et le journal.

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