La Sorcière Grise

Traceur alarmant

Pov Lina 

Gellert Grindelwald était quand même un peu spécial. Ce qui, venant de moi, signifiait pas mal de choses. Je n'arrivais même pas à mettre le doigt sur ce qui me dérangeait chez cet homme. Peut-être était-ce la situation improbable qui me titillait plus que le personnage en lui-même. 

Parce que oui, Gellert Grindelwald, qui n'avait causé aucun problème depuis maintenant plus de cinquante ans, avait soudain décidé que nous rejoindre -moi, Constance et Ron- était la meilleure idée qu'il ait jamais eue de sa vie. 

-Qu'est-ce que vous foutez là ? 

Ron, comme toujours, trouva les mots justes. 

-Je suis venu payer une petite visite à la filleule de Voldemort. On m'a beaucoup parlé de vous, poursuivit-il en se tournant vers moi et en ignorant le sursaut de Constance et de Ron lorsque le nom de Parrain fut mentionné. Je vous voyais... plus grande. 

-C'est réciproque, je vous rassure. 

Le mage noir leva un sourcil. 

-Hum. Alors comme ça, Voldemort n'a pas réussi à te dresser. 

-Non, mais en même temps son prof c'était Dumbledore alors... Vous savez, votre maître à vous. Lui aussi a l'air d'avoir échoué. 

Les têtes de Constance et Ron se déplaçaient presque mécaniquement pour suivre l'échange qui s'effectuait entre Grindelwald et moi. 

-Bon. Je vois que cette conversation ne nous mène nulle part. Reprenons : fuyez, Dumbledore a retrouvé votre trace. 

Un silence passa. 

-Hein ?! 

Mon expression de stupeur était des plus élégantes, comme l'aurait sans doute fait remarquer Narcissa. Heureusement pour ma dignité, Constance et Ron tiraient à peu près la même tronche. 

-Ah ! c'est vrai que je devrais peut-être vous fournir une explication. 

-Ca serait fichtrement pratique, acquiesça Constance d'un ton sarcastique inhabituel pour elle. Ce n'est pas comme si vous veniez de débarquer pour nous insulter et nous annoncer ce qui pourrait s'apparenter à un problème ! 

Grindelwald fit la moue. 

-Les jeunes de nos jours... enfin. Je dois bien ça à Voldemort, c'est grâce à lui que je suis ici. Dumbledore vous suit depuis le début, reprit le mage noir à mon intention. Vous étiez protégée jusqu'à  présent grâce à la puissance de votre parrain -assez impressionnante je dois l'admettre-, mais désormais Dumbledore peut à nouveau vous traquer. 

-Mais comment il fait ? demandai-je toujours pas très convaincue. J'ai détecté aucun sort de traçage. 

Le mage noir eut un sourire qui ressemblait à celui de Bella juste après sa sortie d'Azkaban et pointa la poche de son manteau. Pile à l'endroit où je rangeais ma baguette, qui ne me servait plus à grand chose au final. 

-Ma baguette ? 

-Impossible. Lina n'est pas soumise à la Trace. 

Constance assena son argument avec un ton de vérité absolue. Ce qui était tout à fait logique, sachant qu'elle n'avait pas tort. 

-C'est ce qu'on m'a dit. Qu'à cela ne tienne, Dumbledore utilise un autre moyen bien plus efficace que celui-ci. Si ce n'est pas indiscret, que contient votre baguette ? 

-Un poil de Sombral, répondis-je doucement. Mais il est imbibé de larmes de phénix. 

Les rouages de mon cerveau commençaient à tourner.