Chapitre 46

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Je m'assois donc en face de ma mère.

Elle commence à engager la conversation.

Maman : Tout va bien chérie ? Tu as des cernes.

Moi : Tu oses encore m'appeler "chérie" après ce que tu as dit au tribunal ?

Elle baisse la tête.

Maman : Écoute chérie... Jane pardon. J'étais sous le choc des événements, je ne me suis pas rendue compte de ce que je disais. Je regrette tellement. Tu dois pas te sentir bien, et j'en suis désolée.

Elle pose ses mains sur les miennes. Je les retires immédiatement.

Moi : OH maman, je t'en supplie, arrête tes paroles en l'air ! Tu n'en as rien à faire de ce que je peux ressentir ! Tout ce qui t'importe, c'est toi, et seulement toi.

Maman : C'est toi l'égoïste Jane ! Tu n'as même pas assisté à la fin du procès. Tu n'es jamais venue me voir ici ! Pour ton simple bien à toi. Et tu t'es demandé ce que j'ai ressenti quand j'ai vu ton père mourir peut être ? C'était mon mari et-

Je la coupe.

Moi : Et toi, tu t'es demandé ce que ça faisait de ne pas dormir la nuit ? De faire des cauchemars, enchaîner les crises d'angoisses ? Me faire du mal en pensant que tout est de ma faute ? Me faire pointer un flingue sur le front ? Voir mon père me dire qu'il va me tuer, et mourir l'instant d'après ? Perdre des êtres chers ? Ne plus avoir aucune confiance ? M'inquiéter pour mes sœurs, pour mes amis, pour Rafe ? Avoir peur du futur, de mon propre reflet ?! Se retrouver seule, abandonnée, sans famille, sans toit pour vivre, sans argent ? De se faire juger à cause de notre nom ? D'être insultée, mal regardée ? NON TU NE SAIS PAS ! Parce que la seule chose que tu trouves à dire, c'est que c'est de ma faute si tu en es là ! Mais Maman, tu t'es mise la dedans toute seule !

Elle me regarde dans les yeux, la bouche entrouverte. Elle est sous le choc et ne sais plus quoi dire.

Maman : Je ne savais pas que...

Moi : Si je suis venue ici, ce n'est en aucun cas pour toi. C'est pour les jumelles. Alors qu'on en finisse vite. Pourquoi tu voulais me voir ?

Maman : Bon d'accord. Tes sœurs vont aller chez tante Marie à Charleston ?

Moi : Oui, quand les papiers seront remplis, ça sera officiel.

Maman : Très bien. Jamais je n'aurais cru confier mes filles à ma sœur, mais bon, c'est la vie. Et pour toi alors ? La shérif m'a parlé d'une certaine émancipation. Tu comptes vraiment être indépendante à 17 ans ?

Moi : Oui. Je compte travailler au restaurant des parents de Kiara. Je dois signer un contrat de travail dans quelques jours.

Elle se met à rire.

Maman : Et comment tu comptes aller en cours ensuite ? Hein ? Tu n'as même pas idée de ce qu'est la vie quand on a pas d'argent. Tu n'y arriveras pas.

Je vois qu'elle croit en moi, ça fait plaisir.

Moi : Sympa d'avoir confiance en moi. Merci. Écoute, que tu m'en crois capable ou pas, j'y arriverai.

Maman : Tu veux finir comme une Pogue ?

Elle lâche cette phrase avec mépris.

Moi : Ça fait déjà des années que j'en suis une maman.

Elle lève les yeux au ciel.

Maman : Tu n'as même pas d'argent. Pas de foyer. Tu devrais plutôt penser à aller avec tes sœurs.

Summer Of Love / Rafe CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant