Onzième Chimère

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Le trajet de retour s'était déroulé dans un silence glacial, Yoongi conduisait.

Il n'avait pas prononcé un mot, s'en était presque malaisant.

Sa voiture était luxueuse et confortable, à mille lieues de l'image que je m'en faisais. C'était une berline noire coupée sport aux vitres fumées. Les fauteuils sentaient le tabac, le cuir et le parfum de son propriétaire, une odeur très masculine.

Hope m'avait rejoint sur la banquette arrière couleur crème.

J'avais posé ma tête sur ses genoux et me laissais glisser vers le sommeil pendant qu'il lissait mes longues mèches entre ses doigts.

Les événements de la journée m'avaient épuisé.

À notre arrivée, il me secoua légèrement l'épaule pour me sortir de mon demi-sommeil. Je m'étirais en baillant et enfilais les slippers qui avaient glissé de mes pieds. Leur vue me rappela Taehyung et un sourire étira mes lèvres.

Je suivis les pas de mon frère, un peu comateuse, un peu ailleurs, dans cette sorte de monde parallèle qui vous accueille quand vous n'êtes ni complètement endormi, ni complètement réveillé.

Une fois dans le hall de la maison, légèrement éclairé par la lampe art déco qui se situait au pied des escaliers, je vis la renarde, attirée par le bruit, passer la tête par l'encadrement de la porte de la cuisine pour déguerpir aussitôt quand elle croisa le regard noir de Yoongi.

Je me fis la réflexion, en suivant Hope des yeux qui lui courait après pour vérifier que tout allait bien, que même les animaux avaient du mal avec le caractère plus que spécial de mon tuteur.

Un simple regard et il arrivait à faire détaler un animal sauvage.

Je me retournais malgré tout vers lui et m'inclinais en le remerciant de nous avoir ramené à la maison.

Il me regarda pensivement et m'attrapa le poignet au moment où je me tournais pour prendre congé et monter les escaliers en direction de ma chambre à l'étage.

Je lui jetais un regard étonné, qui sembla ne lui faire ni chaud ni froid, alors qu'il me traînait littéralement dans le salon.

Seule la lueur du feu de cheminée, qui était en train de s'éteindre, illuminait la pièce.

Je devinais plus que je ne voyais le grand canapé d'angle en velours gris qui faisait face à la télévision éteinte. Elle était positionnée non loin du foyer, de telle façon que l'on pouvait la regarder et profiter de la douce chaleur du feu de bois.

Deux grands fauteuils assortis étaient positionnés le long du mur qui faisait face à la porte, des étagères bourrées de livres le recouvraient du sol au plafond.

J'adorais cette pièce. Les murs étaient tapissés d'un vieux papier peint floral d'un bleu gris tendre, dont les couleurs délavées ne laissaient plus apparaître que des esquisses.

J'aimais venir me blottir dans l'un des fauteuils avec un bon livre.

C'était une décoration désuète, loin des standards de modernité actuelle qui recouvraient les pages des magazines, mais Hope et moi ne l'aurions changé pour rien au monde.

Je suivis mon tuteur du regard tandis qu'il réanimait le feu et jetait une nouvelle bûche dans les braises.

J'observais les muscles de son dos qui bougeaient à chacun de ses mouvements.

Il portait un pantalon noir, qui mettait en valeur ses jambes fines, et un léger chandail de la même couleur.

Noir, toujours le noir.

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