𝕃𝕒 ℂ𝕒𝕤𝕥𝕖

Trente neuvième chimère

Je leur avais raconté ce que j'avais vu lors de la régression en commençant par la vie antérieure la plus récente de Jimin.

Taehyung avait été surpris, mais également heureux de savoir qu'il se trouvait déjà auprès de son coéquipier et meilleur ami dans une autre époque.

Restait à savoir si cette vie que j'avais vue, avait été celle de leur première rencontre ou si leurs âmes s'étaient connues bien avant cela.

Malheureusement, ce n'était pas une information que nous avions pour l'instant, et que nous n'aurions peut-être jamais d'ailleurs.

Je leur narrais aussi ce que nous avions pu découvrir concernant la vie que nous avions en commun, que Jimin était en fait le frère de l'homme émeraude et que celui-ci se nommait Hyun- su.

Je vis une lueur de déception passer dans le regard de Hope.

Je savais sa souffrance de ne pas savoir s'il avait été à mes côtés lorsque je vivais sous le nom d'Ha-na et quel avait pu être son rôle dans son destin tragique.

Cependant, ce qui m'inquieta le plus, fut l'ombre qui passa sur le visage de Taehyung.

L'homme émeraude avait enfin un nom et cela rendait encore plus réel ce fantôme qui semblait parfois flotter entre nous.

Épuisée de ma journée, j'avais décidé d'aller me coucher. Taehyung m'avait suivi en silence et s'était étendu à mes côtés sur mon lit.

Nous étions chacun allongés sur le flanc en se faisant face.

Nous n'échangeâmes aucun mot, nous contentant de laisser nos regards se noyer dans les yeux de l'autre.

Nous savions qu'à cet instant précis Hyun-su se tenait entre nous.

Je ne savais pas quoi dire pour le rassurer, étant moi-même rongée par la peur.

Je fis alors la seule chose qui nous permettrait à chacun de regagner un peu de sérénité, je tendis la main et caressai son visage, espérant avec ce geste lui transmettre tout l'amour que j'avais pour lui.

Il ferma un instant les yeux puis les rouvrit, plus serein, pour m'attirer vers lui.

Nous nous étions endormis ainsi, priant pour que notre étreinte puisse vaincre toutes les peurs et les questions sans réponse qui nous entouraient.

...

La pièce dans laquelle je me tenais, m'apparaissait pour la première fois. Il s'agissait d'une sorte de petit salon qui donnait sur un jardin intérieur.

À travers les panneaux de papier de riz ouverts sur l'extérieur, je pouvais voir le vent souffler dans les cerisiers en fleurs, emmenant leurs pétales solitaires pour les poser sur le parquet brun de la pièce.

Le spectacle était envoûtant de romantisme, moment privilégié de la saison qui ne durait que quelques jours et qui berçait les cœurs les plus endurcis.

Pourtant, dans la pièce, l'ambiance était si lourde de sanglots étouffés et de cris tus, qu'on aurait pu croire que la valse des pétales annonçait la mort et non la renaissance de la vie.

Devant moi se tenait Ha-na, resplendissante dans un hanbok bleu qui évoquait les reflets du lac qui se tenait non loin de la maison.

Elle faisait face à un homme qui lui tournait le dos et qui semblait plongé dans la contemplation du spectacle de la nature.

La scène aurait pu paraître idyllique si des débris de porcelaine ne jonchaient pas le sol.

- Tu avais promis de me protéger, tu es mon frère ! Comment as-tu pu me faire ça, Hak-kun ? criait Ha-na en sanglotant.