Quarante cinquième chimère

31 6 23
                                    

Nous nous étions rassemblés dans la chambre de Jungkook et avions poussé le lit pour dégager le tapis de laine grège qui s'y trouvait.


Jungkook, Yoongi et moi avions pris place en son centre, formant un cercle fermé par nos mains jointes.


Taehyung s'était positionné derrière moi et Jimin à proximité du jeune loup.

Hope, lui, s'était assis sur un fauteuil légèrement en retrait, prêt à intervenir si nous devions rencontrer des difficultés, dont nous n'avions d'ailleurs aucune idée.

L'appréhension faisait battre mon cœur, mes paumes étaient moites, pourtant quand Yoongi glissa sa main dans la mienne, je sentis une paix intérieure me submerger instantanément.

Je compris qu'il avait usé de son pouvoir pour m'envoyer un peu de sérénité, ce dont je le remerciais silencieusement.
Il dut entendre ma pensée, car il serra ma main un bref instant sans même me regarder.

Nous avions décidé que la régression se ferait par le biais de la méditation et non du sommeil, de peur que l'un d'entre nous ne puisse s'extraire des bras de Morphée si quelque chose devait mal tourner.

Comme je l'avais fait avec Jimin, je fermais les yeux et me laissais porter.

Je visualisais mon pouvoir sous la forme d'une flamme et la laissais prendre de l'ampleur et venir s'enrouler autour de nos mains jointes, nous unissant tous les trois dans le voyage que nous allions entreprendre.

Ma respiration se mit à ralentir, et au bout de quelques minutes, je me sentis glisser vers la porte de l'esprit de Jungkook.

Je sentais la présence de Yoongi près de moi, observateur silencieux qui nous avait accompagné pour témoigner lui aussi de ce que je découvrirais, et pour nous protéger.
Néanmoins, je ne ressentais pour l'instant aucun danger.

Je me retrouvais dans une pièce brumeuse, où un certain nombre de miroirs de formes et de tailles différentes pendaient d'un plafond dont je ne pouvais pas distinguer la fin.

Chacun était une porte d'entrée sur un souvenir ou un moment clé.

Je me fis la réflexion que l'esprit de chaque individu possédait une représentation qui lui était propre, car l'environnement qui s'offrait à moi, était bien différent de ce que j'avais vu chez mon étoile.

Je m'avançais prudemment et laissais mon regard glisser sur les images que reflétaient les surfaces brillantes.

Certaines me tirèrent des sourires, mais je ne m'y attardais pas et continuais mon chemin pour trouver ce que je cherchais.

Cependant, une scène accrocha mon regard et je me perdis dans sa contemplation.

J'y voyais un enfant que je reconnus comme étant Jungkook.

Il était assis près d'une maison en cendres, le visage barbouillé de suie, barré de sillons plus clairs, là où ses larmes coulaient.

Ses longs cheveux noirs étaient collés à ses joues, mais il ne faisait rien pour les ôter de son visage. Son regard était fixé sur le corps calciné d'une femme dont il caressait, en murmurant, une mèche de cheveux qui avait survécu au feu dévastateur qui l'avait consumé.


Un violent frisson me parcourut quand je compris que c'était sa mère qu'il appelait.

J'aurais voulu avancer et prendre l'enfant qu'il avait été dans mes bras et pleurer avec lui, mais je me heurtais au miroir qui nous séparait.
Je n'étais que spectateur de cette vie qu'il avait vécue et rien ne me permettait de la changer.
J'entendais ses sanglots dans l'autre monde qui me déchirèrent le cœur, alors qu'il revivait lui aussi cette peine.

𝕃𝕒 ℂ𝕒𝕤𝕥𝕖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant