Le reste de la journée n'avait été qu'une alternance de périodes de sommeil et d'éveil. Nous avions joué à des jeux de société comme les grands enfants que nous étions. Nous nous étions empiffrés des sucreries restantes de la veille, avant de s'endormir sur le canapé pour certains ou à même le sol sur le tapis moelleux pour d'autres.Cela avait été certainement l'un de mes meilleurs anniversaires et j'en garderais un doux souvenir. Je m'étais sentie entourée, aimée et protégée parmi ces trois hommes qui constituaient dorénavant mon univers.
C'était sereine, les yeux fixés sur mon bracelet, que je m'étais laissé glisser dans le sommeil en début de soirée une fois que chacun avait regagné ses quartiers, complètement épuisés.
Le rêve que je fis cette nuit-là était différent des autres, non pas par le sujet, car j'étais à nouveau dans la vie d'Ha-na, mais par sa forme.
J'étais assise au milieu d'une salle de cinéma immense, elle était plongée dans le noir, cependant je savais que j'étais seule.
Je vis l'écran géant s'allumer et un décompte démarrer, comme dans une projection classique, et enfin les images apparurent.
Il ne s'agissait pas d'un film, mais plutôt d'une succession d'images qui défilaient de plus en plus vite, sans que j'aie vraiment le temps d'en intégrer le contenu, comme si je feuilletais l'album photo d'une vie.
Je vis d'abord une enfant joyeuse, que je sus être Ha-na, jouer dans un jardin luxuriant non loin d'une grande maison. Un jeune garçon, légèrement plus âgé qu'elle, semblait veiller sur elle.
Vint ensuite une autre image, ou plutôt une courte séquence, Ha-na avait grandi. Elle devait avoir une dizaine d'années, elle courrait en riant, poursuivie par le garçon que j'avais déjà vu, il riait aussi à gorge déployée.
Les enfants devinrent des adolescents dont je ne pouvais distinguer que le profil en ombre chinoise dans la pénombre qui les entourait.
Ils étaient assis sur un petit mur de pierre et leurs lèvres se rapprochaient inexorablement, prémisse à un doux baiser.
Je me sentais bien en les regardant, une douce chaleur m'habitait comme l'étreinte silencieuse d'un être aimé. Pourtant, après cette scène, je sentis l'air autour de moi changer, j'étais toujours assise au milieu de la salle de cinéma, mais la température s'était refroidie, me tirant des frissons désagréables alors que mon estomac se serrait en d'angoisse inconnue.
Pour une raison que j'ignorais, je ne voulais pas voir la suite. La peur étendait ses tentacules autour de moi.
Le décor changea à nouveau, je vis Ha-na se disputer avec un homme dont je ne distinguais pas le visage, car il me tournait le dos .
Un autre plan m'emmena vers des images que je connaissais déjà, celles du mariage. Je voyais le cortège se rapprocher comme si on avait fait un travelling avant.
La caméra zoomait de plus en plus, jusqu'à pénétrer à l'intérieur du palanquin pour s'arrêter sur le visage d'Ha-na en pleurs.
Je sentais ses sanglots au plus profond de mon être, envahie à cet instant par une mélancolie absolue.
Elle était seule et perdue, dans une détresse sans nom.
J'essayais de bouger pour fuir les scènes à venir que je savais trop dures émotionnellement sans en connaître le contenu, cependant une force inconnue me maintenait prisonnière de mon fauteuil, dans l'incapacité la plus totale ne serait-ce que de détourner le regard ou de fermer les yeux dans une ultime tentative de fuite.
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𝕃𝕒 ℂ𝕒𝕤𝕥𝕖
FanfictionHayun possède le don de lire les auras. Au sein de La Caste, elle fait partie du clan des Médiums. Un jour, ses rêves l'emmènent dans sa propre histoire, celle de sa vie antérieure. À partir de ce jour-là, plus rien ne sera comme avant. Elle devra...