Vingt et unième Chimère

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Le front appuyé sur le volant du Pickup que je venais de garer non loin de l'appartement de mon tuteur, je rassemblais mes esprits en pratiquant une respiration forcée qui était censée me calmer les nerfs. Pour l'instant, à part me mettre en hyperventilation, on ne pouvait pas dire que cela avait un effet quelconque sur mon niveau de stress.

Je jetais un coup d'œil à ma montre connectée qui ne cessait de vibrer pour cause de battements de cœur trop rapides.

Super !! Même la technologie s'y mettait, pensais-je en l'enlevant pour la jeter dans mon sac.

Je posais la main sur la poignée de la portière avant de changer d'avis et de m'enfoncer dans le fauteuil en fermant les yeux.

Je ne savais pas ce que j'appréhendais le plus, la rencontre avec Yoongi, le fait de devoir me mettre en position de faiblesse et lui poser des questions ou les réponses qu'il pourrait m'apporter.

Dieu sait que j'avais besoin de ses réponses, cependant je savais aussi qu'elles ne seraient peut-être pas celles que j'attendais.

Je n'avais jamais été vraiment sereine face à mes rêves. Au début, ils étaient juste troublants. Mon esprit curieux était impatient, malgré tout, d'en connaître la suite, néanmoins depuis mon réveil ce matin, une sensation de danger imminent ne me quittait pas.

Je me sentais dans la peau d'une proie chassée par un prédateur inconnu. Je n'étais pas effrayée à l'idée de courir un danger, mais plutôt par celle qu'un malheur arrive à l'un de mes proches.

Je n'avais rêvé ni de Hope, ni de Taehyung, pourtant depuis le début, j'avais un mauvais pressentiment le concernant quand il était à proximité de Yoongi.

Ce qui me terrifiait le plus était l'image de Jimin, qui restait gravée dans ma mémoire, car c'était bien lui que j'avais vu s'écrouler, la tête en sang dans mon rêve. Mort d'avoir voulu me protéger, chose que je savais toujours possible de nos jours.

Mon étoile était protecteur de nature et avait toujours fait passer les siens avant lui-même.

C'est pour cela que je n'avais pas été étonnée quand il m'avait dit vouloir entrer dans la police quand nous étions plus jeunes.

Je soupirais bruyamment et récupérais mon sac que je jetais sur mon épaule avant de sortir de mon véhicule et de le verrouiller.

J'angoissais de faire face à Yoongi et à ses réponses, néanmoins pour Jimin ou chacun des miens, je pourrais déplacer des montagnes, pensais-je en me dirigeant d'un pas décidé vers son appartement.

Arrivée devant la porte que je ne connaissais que trop bien dorénavant, je resserrais les pans de mon manteau et appuyais, décidée, sur la sonnette.

J'avais dit à Yoongi que je passerais dans la journée, sans réellement préciser l'heure. Il devait être aux alentours de dix heures du matin cependant le soleil n'arrivait pas à percer les nuages lourds de neige qui flottaient dans le ciel.

D'habitude, j'adorais ce temps où je me pelotonnais devant le feu avec un de mes manuscrits à lire, pourtant aujourd'hui le froid couplé à l'appréhension m'arrachait des frissonnements désagréables, accentuant ma sensation de malaise.

J'attendis quelques secondes qui me parurent une éternité quand la porte s'ouvrit enfin sur Yoongi. Il posa son regard sur mes lèvres bleuies par le froid et attrapa mon bras pour me tirer à l'intérieur afin que je puisse me mettre au chaud, puis referma la porte pour éviter que les bourrasques glaciales n'entrent dans l'appartement.

Je ne m'étais même pas aperçu que le temps se dégradait en sortant.

J'avais juste enfilé un sweat et un jean sous mon manteau, inconsciente de la température extérieure réelle, seulement obnubilée par mes pensées qui tournaient en boucle dans la tête.

𝕃𝕒 ℂ𝕒𝕤𝕥𝕖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant