Douzième Chimère

86 22 27
                                    


Je me réveillais sur le coup de sept heures, August couché sur mes pieds.

Nous avions parlé pendant près de deux heures avec Hope. Je lui avais raconté la totalité de ma journée, de mon évanouissement à ma rencontre étrange avec Kim Taehyung.

Je n'avais su expliquer les causes de mon malaise. Je lui avais parlé de la poignée de main que j'avais échangée avec Taehyung et du fait que je n'avais rien ressenti à son contact. Du moins, rien ne concernant mon pouvoir.

Il ne fut pas vraiment étonné. Il savait, comme moi, que certaines personnes n'étaient pas lisibles pour les Médiums, mais cela ne s'appliquait normalement qu'aux personnes de la Caste qui savaient que ce pouvoir existait et qui voulaient, et surtout, avaient les capacités nécessaires pour s'en protéger. Cela pouvait aussi être du fait de la relation avec le dit Médium, ce qui n'était pas le cas ici. Quant aux autres raisons, elles me restaient encore inconnues.

Cependant, j'avais préféré passer sous silence ce qu'il s'était passé avec mon tuteur dans le salon, j'avais un mauvais pressentiment et je ne voulais pas l'inquiéter.

J'avais juste prétexté un petit accrochage dans la journée sans rentrer dans les détails. Je ne sais pas s'il m'avait cru, mais il ne m'avait plus questionné sur le sujet.

Ce n'était pas dans mes habitudes de faire des cachotteries à mon frère, mais pour une raison que j'ignorais, je sentais que je devais garder pour moi certaines informations.

Je ne comprenais pas moi-même ce qui s'était passé. Cette sensation d'être dédoublée, cette lutte de l'esprit, ces mots que j'avais prononcés comme s' ils venaient d'une autre personne, et puis les rêves ...

J'avais encore rêvé.

...

"Je me trouvais au même endroit, mais la saison était à nouveau différente des fois précédentes. Un froid mordant gelait mes mains, malgré le pochon en fourrure en renard blanc dans lequel je les avais glissé pour me réchauffer.

Je portais encore une tenue traditionnelle. Elle était d'un bleu lumineux, brodée d'argent. Elle était partiellement recouverte d'une cape blanche bordée elle aussi de renard.

J'entendais le crissement que faisaient mes pas sur la fine couche de neige qui recouvrait le sol.

Je me dirigeais vers l'orée d'une forêt qui se trouvait juste derrière le palais.

Je retournais régulièrement la tête pour être sûre de ne pas être suivie, je fuyais quelque chose ou allais-je retrouver quelqu'un?

J'avançais prudemment sur le sol gelé pour ne pas glisser. Les petits chaussons de soie, qui ornaient mes pieds, commençaient à se gorger d'humidité et je ne sentais plus mes orteils.

Pourtant je continuais d'avancer et m'éloignais, petit à petit, de ce qui semblait être ma maison.

Je m'enfonçais doucement dans la forêt quand j'entendis des pas précipités derrière moi, je sentis la peur m'étreindre.

Sans en connaître la cause, je savais que je ne devais pas me faire attraper, personne ne devait connaître l'endroit où j'allais.

Je me cachais derrière un arbre et posais une main sur mon cœur dans une vaine tentative de faire taire le bruit de ses battements effrénés.

Les pas se rapprochaient.

Je fermais les yeux dans un espoir insensé que cela me rendrait invisible aux yeux de mon ennemi.

𝕃𝕒 ℂ𝕒𝕤𝕥𝕖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant