Quarantième Chimère

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C'est la sensation de vide qui me réveilla, comme si mon corps en l'espace d'un instant m'avait alerté du manque de ce qui faisait de moi un être complet.

Les yeux clos, je tendis la main sur le matelas à côté de moi pour ne rencontrer que le drap refroidi par l'absence de Hayun.

J'ouvris les yeux dans l'obscurité de la pièce, fixant sans le voir le plafond sur lequel la lueur de l'aurore naissante se disputait la place avec les rayons mourants de la lune.

Il teintait le blanc de la peinture de reflets grisâtres avec des touches d'orangé.

Les ténèbres laissaient place à la lumière et j'espérais que ma vie ressemblerait bientôt à cela.

J'avais plongé la tête la première dans cette histoire sans me poser de questions, seulement guidé par le sourire de Hayun et le sentiment persistant, que sans elle, je ne serais plus jamais moi.

J'étais tombé en amour avec cette femme.

Elle avait illuminé ma vie aussi vite et aussi fortement qu'un projeteur perçant l'abîme d'une nuit noire.

Mais j'avais peur...

Pas de ce qu'elle était. Cette particularité qu'ils portaient en eux faisait d'eux des êtres uniques et oh combien attachants.

Je craignais simplement de ne pas être celui qui lui est destiné, de n'être qu'un ersatz d'amour pour elle, quand son avenir prenait la forme d'autres traits que les miens.

Qui était ce Hyun-su ?

Son ombre planait entre nous, annihilant, me semblait-il, les efforts que je faisais pour me rapprocher d'elle, à moins que ce soit moi qui m'imposais des barrières de peur de souffrir plus tard.

Il y avait aussi ce Min Yoongi, écrasant de charisme, qui se comportait comme si elle lui appartenait.

Je serrais les poings à cette idée, incapable d'imager qu'elle puisse se réfugier dans ses bras, pour continuer une histoire qu'ils avaient commencée cent cinquante ans plus tôt.

Je secouais la tête, espérant chasser ses pensées et m'assis sur le lit, incapable dorénavant de retrouver le chemin des rêves alors que mon cœur me criait son inquiétude dans un hurlement sans fin.

Je me levais et avançai à tâtons dans la pénombre pour rejoindre la porte et sortir dans le couloir.

Il était nimbé de la douce lueur de l'aube qui pénétrait par la fenêtre qui se situait au fond du couloir.

J'aimais cet endroit, autant que j'en aimais ses occupants.

J'adorais cette maison dans laquelle les volets n'étaient jamais fermés et où à chaque instant, on pouvait jeter un coup d'œil sur l'extérieur pour voir défiler le spectacle du jour.

J'appréciais ses craquements et ses odeurs qui imprégnaient l'air comme un élixir qui aurait pour but d'apaiser les cœurs.

J'avais trouvé une famille, une vie, un amour.

La porte du loup était fermée.

J'entendis de légers ronflements de l'autre côté de la cloison.

Cela me tira un sourire malgré moi, la bête féroce qui avait failli m'arracher la vie, semblait avoir, lui aussi, trouver un refuge, une tanière.

Même si je me méfiais de lui et si j'avais peur qu'il attaque à nouveau, j'éprouvais une sorte de sympathie pour cet être blessé qui avait trouvé refuge chez ses proies.

𝕃𝕒 ℂ𝕒𝕤𝕥𝕖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant