Chapitre 1 : Piste

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Le tintement de la cloche résonna dans ma tête. Le brouhaha du bar me parvint rapidement, des dizaines de conversations se mêlant les unes aux autres. Des bribes me parvinrent, mais mon attention était focalisée sur le fond de la pièce. 

Je repérais rapidement la chaîne en argent autour du cou de l'homme attablé. Je slalomais rapidement entre les clients, le visage à demi-caché sous ma capuche. Seul le bout de mon nez et ma bouche étaient visibles. Je tirais la chaise en face de l'homme, qui lisait son journal tranquillement. J'étais postée sur le bord du mobilier en bois, prête à détaler au besoin.

– Vous êtes en retard, me reprocha-t-il.

– Ça n'aurait pas été le cas si vous n'aviez pas lancé vos hommes à mes trousses, répliquai-je avec amertume.

Il sourit, et replia son journal.

– Je ne négocie pas avec de complets inconnus. Comment les avez-vous semés ?

Un léger sourire se dessina sur mon visage.

– Ça n'était pas très compliqué.

Et Law les avaient distraits. Passer par les toits m'était devenu une habitude très pratique. Beaucoup avaient du mal à grimper, puis courir sur les tuiles scabreuses.

– Je penserais à engager des traqueurs plus compétents. Maintenant que nous sommes en face, montrez-moi votre visage.

Je pinçais les lèvres.

– C'est toujours non.

Il plissa les yeux, semblant être tenté de me forcer à retirer ma large capuche. Or, un simple regard sur mes iris dévoilerait mon identité. Adam voulait négocier en premier, j'avais imposé mon veto. Il avait protesté, puis j'avais affirmé que cette piste me tenait trop à cœur pour la déléguer.

– Alors je garderais mes informations pour moi, claqua l'homme.

Je me retenais de grogner et de lui sauter à la gorge. Je n'avais pas passé une heure entière à me faufiler dans des ruelles mal famées pour qu'il fasse un caprice. 

Soupirant, je fouillais mes larges poches. Cette cape était vraiment pratique. Je n'avais pas pu emmener mon épée, mais j'avais caché un poignard et mon arme secondaire. Je tendis la main en dessous de la table. 

L'homme jeta quelques regards soupçonneux autour de nous, et tendit à son tour le bras. Le bar dans lequel nous étions était connu pour ses transactions illégales. Personne ne se souciait des affaires des autres, raison pour laquelle j'avais donné rendez-vous ici. L'homme tritura la liasse de billets en poussant un sifflement.

– Sacrée somme, admit-il avec un demi-sourire cupide. Où est le reste ?

– Vous l'aurez une fois l'information délivrée, assénai-je sans possibilité de négociation.

Pendant ces discussions, une bonne partie se jouait via le regard. M'étant indisponible, j'espérais que le peu qu'il voyait de mon visage suffirait à le déstabiliser. Ça, et l'aura menaçante que j'émettais. 

J'avais découvert que les Mutants n'effrayaient pas uniquement à cause de leur aspect parfois révulsant. Certains modifiaient l'environnement pour oppresser leur proie, exactement ce que je faisais. Je perçus l'homme déglutir, et une légère pellicule de sueur se forma sur son front.

– Que savez-vous déjà ? éluda-t-il.

– Son ancien propriétaire, comme tout le monde. Je veux savoir où elle était après sa disparition.

– Pourquoi ne pas retrouver directement sa propriétaire actuelle ? insista-t-il.

Un sourire de fausse joie s'étendit sur mon visage.

Mutante - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant