Mutante - Tome 4

Chapitre 14 : Conflit

– Pourquoi ça n'évolue pas ? s'énerva la voix que je reconnus comme celle d'Adam.

– Je te l'ai dit, je n'en sais rien ! répliqua Lucy avec hargne. Ça ne me plaît pas plus que toi !

– Calmez-vous, les apaisa Law. Son corps a été coupé des énergies, il a dû ralentir pour se protéger. Quand elle aura éliminé l'élixir, elle se réveillera.

– Me calmer ? Que je me calme ? rétorqua Adam avec fureur. Ça fait trois jours, trois putain de jours qu'elle est dans cet état !

– C'est sûr qu'en t'entendant gueuler comme un putois, elle ne voudra pas revenir de si tôt ! intervint Elizabeth.

Là, je ne pouvais pas lui donner tort. Leur dispute me donnait des maux de tête insupportables. J'essayais de mettre mes idées au clair, puisque de toute façon je n'arrivais pas à faire un seul mouvement. Trois jours que j'étais inconsciente ? A cause de quoi ?

Je dus prendre un bon moment pour faire le tri et comprendre ce qui m'était arrivé. L'élixir devait inhiber en partie mon point de convergence des énergies. Puis j'avais ressenti un froid immense, comme si... j'avais été coupée de tout.

Je dus marmonner quelque chose, puisque tout le monde se tut dans la pièce. Une main chaude entoura mes doigts, tentant d'être rassurante, mais pourtant nerveuse.

– Papillon ? murmura la voix douce d'Adam. Tu m'entends ?

Je remuai les paupières, et réussis à les ouvrir avec toute ma volonté. La lumière de la pièce m'aveugla brusquement. Lucy tira les rideaux, et je pus distinguer leurs visages. Celui d'Adam semblait soulagé, même si une ride entre ses yeux traduisait son inquiétude. Je me relevais avec peine, aidée par l'Ombre.

– J'ai l'impression d'avoir une énorme gueule de bois, marmonnai-je d'une voix rauque.

– Tu n'en as jamais eu, me fit remarquer Liz. Tu supportes trop bien l'alcool.

Je souris, amusée par son esprit rationnel et direct. Je savais pourtant que derrière ce masque se cachait de l'inquiétude. Lucy se rongeait les ongles, angoissée par mon état. Elle s'accroupit près du lit et attrapa ma main.

– Je suis désolée, on a trop augmenté la dose. Je n'aurais jamais imaginé que ça te mette dans un tel état !

– Ce n'est pas grave, baragouinai-je, des frissons le long de ma colonne vertébrale. Pourquoi il n'y a pas de chauffage dans la pièce ?

Adam fronça les sourcils. Puis il observa mes bras, dont les poils se dressaient sous la chair de poule. Il caressa ma joue de la main, et écarquilla les yeux.

– Elle est glacée ! s'écria-t-il.

Ils s'empressèrent tous de me camoufler sous une montagne de couverture, et pourtant j'avais toujours aussi froid. Je grelottais, alors qu'autour de moi la température devait avoisiner les 25°C.

– Pourquoi elle n'arrive pas à se réchauffer ? angoissa Adam.

– Son corps n'est toujours pas reconnecté aux énergies extérieures. C'est vital, pour un Mutant ! comprit Law.

Un mal de tête lancinant m'empêcha d'entendre le reste de leur conversation. Je claquais presque des dents, tant le froid me consumait et me paralysait. J'entendis simplement Lucy déguerpir de la pièce, et sentis Adam frictionner mon dos.

– Ses lèvres deviennent bleues ! s'écria Law avec horreur.

– Liz, donne-moi un couteau ! ordonna Adam.

– Quoi ? s'exclama-t-elle, dubitative.

Law fut plus rapide et lui donna un canif posé non loin. Adam prit une grande inspiration, puis entailla la paume de sa main.