Mutante - Tome 4

Chapitre 18 : Maîtrise

Je lâchais un juron en me réveillant. Dans mon lit, la main menottée, je ne pouvais pas me lever. J'arrivais tout juste à m'asseoir. Je tentais de tirer sur la corde, de la couper, mais rien n'y fit. Lucy avait dû concocter un solide élixir. Je ne pensais pas que mes amis seraient prêts à aller jusque là pour m'empêcher de partir. 

La porte s'ouvrit avec fracas, laissant entrer une Elizabeth guillerette. Elle sautilla jusqu'à mon lit, et s'assit sans se soucier d'écraser mes jambes. Je lui lançais un regard noir.

– Détache-moi, ordonnai-je.

– Non ! contredit-elle avec un sourire satisfait. Au moins comme ça, tu ne feras plus de bêtise.

Je levais les yeux au ciel, exaspérée.

– Tu es consciente que je peux détruire cette pièce ? la prévins-je.

– Tu resteras quand même attachée. Tu comptais vraiment marcher jusqu'en Amérique latine ? se moqua-t-elle.

Je voulus lui lancer ma main libre dans la figure, mais me retins.

– Je n'ai pas de temps à perdre. Ils peuvent tuer ma mère d'un moment à l'autre ! m'écriai-je, une pointe d'angoisse dans la voix.

– Papa et Noah sont auprès d'elle. Tu ne leurs fais pas confiance ?

– Bien sûr que si, mais ils ne peuvent pas la coller H24 ! Alors détache-moi, avant que je ne te balance mon poing dans la face !

Elle se leva, et recula de quelques mètres.

– Vas-y. Essaie un peu pour voir, railla-t-elle. Je te laisserais partir quand tu sauras faire fi de ta stupidité et de ta culpabilité.

– De quoi tu parles ?

– Ne me prends pas pour une idiote. Je sais très bien que tu penses que tout est ta faute, et que donc tu dois absolument faire quelque chose. Ce n'est pas de l'héroïsme, tu te sens juste extrêmement coupable. Je ne dis pas que tu t'inquiètes faussement pour ta mère, mais c'est ta culpabilité qui t'a poussée à agir bêtement.

– Ne fais pas comme si tu savais ce qui se passe dans ma tête ! lui reprochai-je.

Elle se rapprocha, les yeux plissés.

– Vraiment ? Contredis-moi. Affirme que j'ai tort.

Je gardais le silence, les mâchoires serrées. Elle afficha un sourire satisfait.

– C'est bien ce que je pensais. Tiens, Adam veut te parler.

Elle me passa l'appareil de communication, mais j'hésitais à le prendre. Je me sentais terriblement honteuse d'avoir agi de la sorte, et entendre Adam me le reprocher était la dernière des choses que je voulais. 

Liz leva les yeux au ciel et me fourra l'objet dans les mains. J'aurais très bien pu raccrocher, mais ça aurait été choisir la facilité. Appréhendant un sermon, je collais l'appareil à mon oreille.

– Amy ? fit la voix d'Adam.

Je me mordis la lèvre, avant de répondre d'une petite voix.

– Oui.

Il y eut un silence, pendant lequel je l'entendis soupirer.

– Pourquoi as-tu fait ça ? me demanda-t-il doucement.

Il n'y avait pas vraiment de reproche dans sa voix, simplement de l'inquiétude et une pointe de déception. Je détestais me sentir comme ça.

– Je dois agir, me justifiai-je. Chaque minute qui passe est un nouveau risque pour ma mère. Et je dois arrêter Phaïp. D'une manière ou d'une autre.