Chapitre 37 : Le grand soir

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Je regardais les différentes robes déposées sur le lit d'un air suspicieux. Pourquoi fallait-il qu'elles soient toutes si longues et désespérément handicapantes au combat ? Je poussais un énième râle, quand on toqua à la porte. La tête de Vaniya passa par l'entrebâillement.

– Puis-je entrer ? demanda-t-elle.

J'acquiesçais, bras croisés sous ma poitrine.

– Je vous entends tempêter depuis tout-à-l'heure. Tout va bien ?

– Est-ce que je peux aller à cette maudite rencontre en pantalon ? me plaignis-je.

– Vous n'aimez pas les robes ?

– Ce n'est pas ça, c'est juste que c'est...

Impossible de se battre avec. Je retins la phrase de justesse. Mais les yeux perçants de Vaniya me percèrent à jour.

– Assez contraignant si l'on doit se défendre ? compléta-t-elle.

J'acquiesçais lentement, nerveuse.

– Vous êtes une Lumen Warrior, on vous a appris à pouvoir se battre dans n'importe quelles circonstances, poursuivit Vaniya.

– Oui... une vieille habitude que je préfère conserver. C'est plus rassurant, mentis-je.

– Je comprends. Ce que les stylistes ne savent pas forcément saisir. Voyons ce qu'on peut faire.

Elle s'approcha du lit, et ouvrit les boîtes contenant chacune une paire de talons hauts. Elle claqua la langue, détaillant la longueur et l'instabilité du talon. Je languis amèrement sur mes bottines, déposées dans un coin de la pièce. Elles seraient parfaites. Vaniya suivit mon regard, et ses yeux s'éclairèrent en voyant la paire de chaussures.

– Vous voudriez mettre ça ?

– Ça ne va pas vraiment avec le reste, morigénai-je.

– Comment quelqu'un peut s'en apercevoir si la robe vous couvre les pieds, fit innocemment Vaniya.

– Une robe d'une longueur pareille n'est pas très convenable pour se b... défendre, me rattrapai-je.

Vaniya sourit, amusée.

– Je vais vous montrer que si, affirma-t-elle.

Elle partit de la chambre chercher une grande mallette, qui dix minutes plus tard, était dépliée sur le lit. Un set de couture assez varié et développé. Vaniya examina chaque robe une à une, me demandant de les tenir, puis elle fit différents plis qu'elle marqua avec une épingle. Après des dizaines d'ajustements, elle choisit finalement la robe rouge sombre, ainsi que la noire.

 Fascinée, je la vis découper, recoudre et plier de nombreux morceaux, tout en prenant plusieurs fois mes mensurations. Quand elle eut fini, elle me donna le résultat et me demanda de l'essayer. Intriguée, une fois la tenue enfilée, je me détaillais dans le miroir. Vaniya resta en retrait, admirant son travail. 

De l'extérieur, on ne percevait que la robe rouge dont le haut était croisé sur le buste, comme une écharpe. Le reste du tissu tombait dans mon dos. Cela camouflait en grande partie mes ailes. Il n'y avait que des robes à dos-nu, Walker voulant sûrement que les invités remarquent sa nouvelle recrue. Le voile rouge était donc le bienvenu. 

Puis une ceinture masquait le découpage sauvage du tissu. En dessous, une jupe noire légère et courte me permettait d'effectuer n'importe quel mouvement. Le collant que m'avait fourni Vaniya était lui aussi léger, mais assez résistant pour supporter deux sangles aux cuisses, elles-même contenant des couteaux. 

Mes bottines étaient camouflées par la longue robe, transformée en jupe, qu'il me suffisait d'enlever pour gagner en aisance. J'étais subjuguée par le travail de Vaniya, que je découvrais désormais couturière.

Mutante - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant