Mutante - Tome 4

Chapitre 34 : Nuit agitée

De plus en plus de monde assistait aux combats. Je m'entraînais dès que possible, souhaitant retrouver mon niveau de guerrière pré-enlèvement, voire même le dépasser. J'aurais besoin de force pour sortir d'ici. 

Cela faisait deux mois que Walker patientait, si rien n'évoluait il ne resterait plus aussi passif. Adam essayait de se dégager un maximum de temps pour moi, tout en cherchant des pistes pour sortir. 

A mon tour, je bricolais des plans, tous plus saugrenus les uns que les autres. Adam m'avait fait une liste complète des obstacles à franchir, en fonction des portes de sortie envisagées. L'avantage d'écrire en Scriatés, c'était que personne ne pouvait réellement me lire. Qui saurait déchiffrer des pattes de mouche en ancienne langue ? 

Malheureusement, de nombreux défis à relever persistaient, et nous manquions de temps. Nous étions totalement conscients que Walker observait les visites régulières d'Adam dans ma chambre, mais sous la couette, il ne pouvait pas voir que nous nous protégions. Tomber enceinte n'était pas une mince affaire, et il le savait très bien. Enfin, c'était encore plus compliqué avec un préservatif. 

Le père d'Adam ne pouvait rien trouver à redire, puisque son fils agissait exactement comme il l'entendait. Étonnamment, il était même... hospitalier. Les repas familiaux auxquels j'étais conviée étaient moins tendus que la première fois, et je commençais même à apprendre des ficelles politiques. Si l'on observait la scène de l'extérieur, on aurait pu croire que je m'entendais convenablement avec ma belle-famille. 

Parce que sans être présent dans la salle, on ne pouvait saisir la rancœur profondément enfouie des jumeaux, ni ma haine bien sentie. Walker pouvait être aussi agréable qu'il le pouvait, rien ne m'empêcherait d'oublier qu'il me retenait contre mon gré. Au moins, ce séjour forcé n'était pas si déplaisant qu'il aurait pu l'être. Emil et Vaniya me collaient toujours aux basques, mais ils étaient d'une plaisante compagnie. 

Vaniya ne manquait jamais de me fournir d'anecdotes grâce auxquelles je pouvais taquiner Adam, et Emil était un excellent partenaire de combat. Il ne manquait jamais de me décrire les failles de mes techniques, et les solutions pour les améliorer. Malgré sa relation avec Adam, Vaniya, à l'instar d'Emil, vouait une loyauté sans faille au Clan. Peu importe que les gardiens m'aiment bien et que leur dirigeant soit un fumier qui me retienne prisonnière, ils n'iraient jamais à l'encontre d'un ordre venant de tout en haut. 

J'avais songé à les mettre dans ma poche, leur faire pitié pour qu'ils m'aident à sortir. Mais je pourrais les soudoyer avec toutes les richesses du monde qu'ils ne changeraient pas d'avis. Parce que ce n'était pas dans leurs valeurs. Le jour de ma fuite, il faudrait donc que je trouve un moyen de leur fausser compagnie. Ils faisaient parti des obstacles les plus compliqués à franchir. 

Je n'étais pas non plus à l'abri que du jour au lendemain, j'éveille les soupçons, et que Walker décide de me compliquer la tâche. Nul doute qu'il avait perfectionné le poison qu'Elijah m'inoculait. Un problème de plus sur la liste. J'étais en train de m'entraîner dans la salle des combats, contre un jeune diplômé un peu trop fier, lorsque Adam entra. 

Toutes les têtes se tournèrent vers lui, et beaucoup me jetèrent un regard dubitatif. J'avais beau m'efforcer de gagner le respect des Ombres, la majorité ne pouvait accepter que l'héritier en lice fricote avec une Lumière, le Clan ennemi. Enfin, pouvais-je toujours considérer appartenir à ce Clan, quand leur opposé, leur ennemi, me traitait mieux que lui ? 

Ça faisait parti de mes angoisses, la perte de ce sentiment d'appartenance qui m'avait donné beaucoup de force durant un temps. J'avais eu l'impression de trouver ma place, et aujourd'hui, on me l'avait retirée. Mon objectif – mon père – était mon point de repère. Mais une fois retrouvé, si j'y parvenais, je ne voyais qu'un avenir sombre sans lueur.