Mutante - Tome 4

Chapitre 15 : mr yoan

Comme prévu, Lucy ouvrit son ordinateur et relata tous les faits dans les moindres détails. J'eus un peu de mal à lui parler de ce qu'il s'était passé avec Adam, tant c'était personnel. Mais elle ne me laissait pas le choix, alors j'essayais de demeurer succincte, ne garder que les informations qui l'intéressaient. Au bout de quelques heures, on toqua à la porte de la chambre de Lucy. Noah passa sa tête, les yeux brillants.

– Adam a trouvé une piste sur le coffre de Caligo !

Je bondis de ma chaise, et sautai presque l'escalier. Noah avait prévenu tout le monde, alors nous nous entassâmes tous autour du canapé. Je me collais à Adam, qui m'expliqua le cheminement de ces informations.

– Il a été vu il y a vingt-deux ans chez un collectionneur. Puis il a été vendu aux enchères il y a seize ans. Ensuite, plus aucune trace. Jusqu'à il y a une dizaine d'années.

– Quand ma mère l'a trouvé sur le pas de la porte, murmurai-je.

Adam acquiesça. Il continua, me montrant des images de caméra de surveillance.

– Il a été transporté en avion, le plus discrètement possible. C'est un grand objet de valeur, donc tout ça devait rester secret. Je n'ai trouvé que des images volées sur le tarmac d'un gros colis qui semble correspondre.

– Qui s'est occupé du voyage ? me précipitai-je, le cœur battant.

– Tout ce que j'ai trouvé est ce document.

Il afficha un document sur le trajet du coffre. Tout en bas, le propriétaire avait signé sous « mr yoan ».

– Monsieur Yoan ? lut Elizabeth en se penchant par dessus. Qui ça peut être ?

– C'est bien là le problème. J'ai trouvé un bon nombre de personnes portant ce patronyme, mais aucun ne correspond au profil. Ils ont tous un alibi au moment où ce document a été signé.

– Il doit bien y avoir autre chose, non ? insista Lucy. On ne fait pas transporter un objet si précieux sans signer une immense pile de documents !

– Je pense plutôt que le reste a disparu, expliqua Adam. Intentionnellement ou non.

Mes épaules s'affaissèrent. On tenait là une bien maigre piste.

– Ça doit en plus être un faux nom, désespérai-je.

– Papillon, ta mère n'a jamais mentionné quelqu'un portant ce prénom, par exemple ? Ça pourrait être un code que tu peux comprendre, supputa Adam.

– Qu'est-ce qui te fait dire ça ? m'interrogeai-je.

– Ton père a laissé des indices. A chaque fois, tu étais la seule à les comprendre. Peut-être en est-ce un nouveau ?

Je réfléchis intensément, et pourtant rien ne vint.

– Je n'ai jamais rencontré quelqu'un avec ce nom. Ou ce prénom. Pourquoi mon père complique toujours tout ! m'écriai-je. Il aurait pu aussi écrire en Anciens Scriatés, j'aurais été la seule à lire !

– Ça n'est pas ton père qui a signé, expliqua simplement Zéphyr. Donc cette personne ne peut pas te transmettre un message de la sorte.

– Et si on questionnait Roxanne ? suggéra Law. Elle a rencontré ton père, peut-être lui a-t-il parlé de lui.

– Je vais l'appeler, décidai-je.

Je composais son numéro, et m'écartais dans la cuisine.

– Vous êtes chez les Sorn, répondit une vieille voix.

– Mamie, lâche ce téléphone ! s'époumona une voix derrière elle.

– Bonsoir madame, dis-je de ma voix la plus avenante. Puis-je avoir Roxanne ?