Chapitre 21 : Retrouvailles

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Les Mutants n'étaient pas de grand niveau – je n'aurais pas pu les commander sinon – mais assez nombreux pour faire diversion. Je leur avais donné un ordre clair et précis, afin de créer une ouverture. Mon bouclier de vent commença à fléchir, laissant filtrer quelques balles. Je m'envolais plus haut, continuant de communiquer avec les Mutants. Je vis alors une forme noire familière me rejoindre.

– Rubis ! m'écriai-je avec soulagement.

L'ababil évita quelques tirs, puis poussa un petit cri. Il allait me conduire à l'endroit où mes amis se terraient. Attendant le bon moment, celui où on ne me regarderait plus, je désactivais mon bouclier. Les guerriers étaient trop occupés – et paniqués – par les Mutants pour me suivre. 

Phaïp n'y manqua pas, mais il ne pouvait rien faire de sa position. Il me jeta un regard noir, violent et assassin. Je lui répondis gentiment par mon majeur, et la promesse secrète que notre prochaine rencontre se solderait par une mort. La mienne ou la sienne. Cette fois, je n'échouerai pas. Je ne le pouvais pas. 

Rubis s'enfonça plus loin dans une forêt parsemée d'arbres fins, non loin de l'hôpital. Je fonçais  droit vers le sol, atterrissant sur ma jambe douloureuse. Je faisais confiance à l'ababil. Il me demanda d'avancer, ce que je fis en bronchant. Ma jambe tirait affreusement, ma capacité de guérison ne pouvant pas retirer la balle. Et je ne me sentais pas capable de le faire à la main. 

Je me fis violence pour courir derrière l'oiseau, avant de sentir une odeur familière. Devant moi se tenait un magnifique managarm au pelage bleuté.

– Eden ! m'exclamai-je, surprise.

– De rien, grommela Law.

Évidemment, l'Ombre lui avait ordonné de venir me chercher. La voie des airs était trop visible, même si c'était celle que je devais initialement emprunter. Notre plan état tombé à l'eau, et s'était même noyé. 

Le Mutant s'abaissa, me laissant grimper sur son dos. Je m'agrippais du mieux que je pouvais à ses poils, enserrant son ventre de mes mollets. Ça tira sur ma blessure, mais c'était toujours mieux que marcher. Je regrettais ce que je venais de penser quand Eden se mit à courir. Je me mordis la lèvre, ne tenant pas à montrer ma faiblesse, même à des Mutants. 

Il courrait presque le ventre à plat sur le sol tellement il prenait de la vitesse. Je ne le savais même pas capable d'une telle pointe. Malgré sa partie type eau, il se débrouillait très bien sur la terre. Ça en faisait un Mutant redoutable, mais aussi très rare. Les managarms recensés pouvaient se compter sur les doigts d'une main dans ce pays. 

Je me collais à son dos, ne tenant pas à me prendre une branche en pleine tronche pendant la course. Rubis nous montrait le chemin, volant quelques mètres devant nous. La frénésie de la course me ramena un peu d'énergie et d'adrénaline. Je m'encourageais mentalement, car ma jambe blessée menaçait de me faire basculer du dos d'Eden. Si je tombais à cette vitesse, j'étais certaine de me briser quelque chose. 

Mes amis me questionnèrent sur ma situation, et j'essayais de les informer entre deux halètements. Cette course folle dura un long moment, du moins ce fut l'impression que j'en avais. Je jetais des regards inquiets derrière moi, m'attendant à voir surgir un des sbires de Phaïp. Je plissais les yeux, cherchant à distinguer des formes dans mon dos. Mais la vitesse d'Eden était telle que je ne pouvais que faire confiance à mon instinct. 

Mes oreilles étaient saturées par le bruit du vent, et mon odorat confondait toutes les odeurs environnantes. Je ne voulais plus activer le fluide, cherchant à garder mes toutes dernières forces. Je ne pouvais pas savoir ce qui m'attendrait une fois sortie de la forêt. J'eus bientôt ma réponse, car Eden traversa une route peu empruntée. Je dus voir un ou deux véhicules au loin, peut-être plus. 

Mutante - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant