Chapitre 25 : Evasion

812 116 55
                                    

Je tournais en rond, observant chaque objet de la pièce. Il y avait une fenêtre, mais obstruée par des barreaux métalliques. Je n'avais pas assez de force pour les briser. J'avais bien tenté de jeter une chaise contre une porte, mais le siège s'était brisé en mille morceaux. Le bureau était fixé au mur, idem pour le lit. Pas de porte de sortie dans la salle de douche non plus. 

J'avais beaucoup dormi, et mon ventre criait famine. Je me doutais qu'il serait bientôt l'heure de l'injection du poison, ce qui m'angoissait. Si je voulais sortir d'ici, je devais vite recouvrer mes forces. Ma seule ouverture était de m'enfuir quand on m'apporterait à manger. 

Seulement, je n'aurais qu'une seule chance ; si j'essayais de m'enfuir, Elijah prendrait sûrement ma proposition pour un « non ». Et il n'hésiterait probablement pas à me laisser aux soins de l'Ombre balafrée, avant de me jeter en pâture au Mutant blanc – raccourci créé par mon esprit pour désigner la boule blanche, désormais même personne selon moi que le Mutant surpuissant. 

J'avais bien essayé de faire semblant de m'évanouir, pour qu'on me sorte d'ici, ou qu'on arrête de m'injecter du poison. Mais les gardes s'étaient contentés de vérifier mon pouls, puis de repartir. Ils avaient conclu que j'étais sous-alimentée, et avaient dit qu'un repas serait bientôt amené. Tomber dans les pommes ne fonctionnerait pas deux fois, à mon grand regret. Je devais minimiser les risques pour réussir mon coup. 

Mes doigts tapotaient nerveusement mes jambes, alors que je sentis un fumet agréable chatouiller mon nez. La serrure de la porte cliqueta, puis un homme et une femme pénétrèrent la pièce. L'homme tenait un repas, qu'il posa sur le bureau à côté de moi. La femme me braquait avec une drôle d'arme, mélange d'un lance et d'un fusil. Cela me tenait à distance d'elle, et de l'homme. 

Je repérais la clé dans sa poche, déduisant qu'il était responsable de ma chambre – mon gardien ? Du coin de l'œil, j'évaluais mes chances de mettre à terre les deux Ombres – nulles avec mon état actuel. L'homme s'écarta alors, me jetant des coups d'yeux méfiants de temps à autre. Ils restèrent debout, me scrutant.

– Vous voulez ma photo ? les agressai-je, à fleur de peau.

L'homme sourit, hilare. La femme se contenta de lever un sourcil, gardant sa position pour me tenir éloignée. L'homme fouilla ensuite dans sa poche, et en sortit une seringue que je ne connaissais que trop bien. Il s'avança vers moi, alors que je reculais pour rapidement buter contre le mur.

– Vous allez me tuer, les prévins-je, d'une voix que j'essayais apeurée.

– Ce poison ne tue pas les Mutants, contra l'homme.

– Je n'en suis pas un ! rétorquai-je, les yeux grands ouverts. A cause de ça, je n'ai plus aucune défense, pas plus qu'un humain. Une dose de plus, et je ne pourrais pas le supporter. J'arrive à peine à tenir debout !

J'essayais d'être convaincante, de laisser mes jambes trembler pour prouver mes dires. La vérité n'était pas si loin, même si je n'avais pas encore atteint mes limites. Le repos que m'avait procuré le lit m'avait requinquée. Mais pas pour longtemps s'ils continuaient à m'inoculer le poison. L'homme hésita, et je sus que je l'avais atteint.

– Je vous en prie, le suppliai-je d'une voix douce. Je ne peux pas sortir de toute manière, mais je veux juste vivre. S'il vous plaît.

Je lui fis des yeux de chaton apeuré, ce qui ne fut pas très difficile au vu de l'appréhension qui me tenaillait le ventre. L'homme parut dubitatif, puis partit chercher quelque chose. La femme me tenait toujours à distance, tandis que je lorgnais le repas déposé sur mon bureau. Un appétissant poulet curry. De quoi bien me caler, surtout au vu de mon ventre qui gargouillait depuis un certain temps. 

Mutante - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant