Chapitre 5 : Tornade

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Adam m'observait, caché derrière un mur. Il me regardait avec circonspection. J'examinais les alentours, confuse. La table était cassée, le canapé retourné. Des centaines de feuilles étaient étalées par terre, tout comme les livres de la bibliothèque. Nos vêtements s'éparpillaient dans  les différentes pièces, et une chaise était plantée dans la télévision. 

Je restais stupéfaite devant le spectacle, essayant de remettre les choses dans l'ordre dans mon esprit. Que s'était-il passé ?

– Il y a eu une tornade ? demandai-je bêtement.

C'était la seule explication. Adam slaloma entre les débris, s'approchant de moi avec précaution.

– Oh non, lâchai-je. Je suis la tornade, c'est ça ?

Il acquiesça lentement.

– Je suis désolée ! m'exclamai-je. Je ne comprends pas comment j'ai pu faire ça, je repoussais une nuée d'oiseaux et...

– Une nuée d'oiseaux ? répéta-t-il, confus.

Je fermais les yeux, troublée.

– Dans mon rêve, il y avait une nuée d'oiseaux qui m'attaquait. Je les ai repoussé avec le vent, mais je crois que j'ai aussi utilisé mes pouvoirs dans la réalité, n'est-ce pas ?

Il hocha de nouveau la tête.

– Tu as d'abord utilisé le fluide. Puis tu as tendu les bras en triangle, avant de commencer à créer une brise, puis un tourbillon. D'habitude, tu ne fais pas ça dans tes cauchemars, non ?

– Ça n'en était pas un, murmurai-je.

Il pencha la tête, interloqué.

– J'ai le sentiment de connaître cet endroit. Et puis il y avait Rubis, et à la fin une genre de boule blanche. Je ne saurais pas dire comment ou pourquoi, mais ça m'a semblé familier. En tout cas, ce n'était pas un cauchemar.

Il eut alors un sourire.

– C'est la première fois que tu t'endors sans cauchemar, remarqua-t-il.

Je désignais l'appartement.

– C'est mieux, ça ? fis-je en grinçant des dents.

Il haussa les épaules.

– C'est une progression, me répondit-il malicieusement.

– Tu n'es pas fâché ? m'étonnai-je.

– Tu ne l'as pas fait exprès. On est en vie, c'est le principal.

Je souris, heureuse qu'il ne m'en veuille pas pour tout ce bazar.

– Par contre, tu ne couperas sûrement pas au nettoyage, me prévint-il.

Je fis une fausse moue. Il attrapa une feuille de papier, couverte d'un café renversé.

– En tout cas tu ne fais pas dans la demi-mesure. Si tu peux faire ça dans ton sommeil, je n'imagine pas ce que ça va donner en vrai.

– Justement, soufflai-je. Et si ça voulait dire que mes capacités ont besoin de s'exprimer ? Elles augmentent, et je ne fais que les réprimer.

– Tu sais aussi bien que moi que c'est trop dangereux, répéta-t-il machinalement.

J'en avais conscience, mais je voulais sortir. J'allais vraiment devenir folle, à rester enfermée.

– Il doit bien y avoir un moyen, insistai-je. Quelque chose d'assez sécurisé, pas trop loin.

Il secoua la tête.

– On peut en parler plus tard ? Il faudrait nettoyer avant.

Quelque chose me disait qu'il éludait non pas pour le ménage, mais parce que ce sujet ne lui plaisait pas. Je me gardais de protester, et entrepris de ranger du mieux que je pouvais. La télévision et la table basse étaient les principales victimes, il allait falloir les remplacer.

Mutante - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant