Chapitre 6

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Émilie


Nous sommes assis sur un banc autour de nombreux buissons et petits arbustes. Je suis étrangement surprise par la beauté de ce parc. Il est très bien entretenu, et fleuri. L'air était empli de saveurs exotiques, avec l'extrait de la quintessence des pollens. Les fleurs prenaient leurs plus beaux habits d'été, aux multiples couleurs des plus pales aux plus intensives. Nous étions sur un banc en bois, peint de peinture verte. Ce n'est pas très hygiénique, la peinture s'enlève de mon coté, et certaines particules de terres s'y étaient nichées. En plus de la terre, l'humidité, le jardin venait d'être arrosé. Nous sommes devant un jardin à l'anglaise où la nature a pris le dessus sur la main de l'homme. Au loin, des arbres et l'énorme saule pleureur, qui gisait ici en pleins milieu laissant ses longues et pénibles branches floutaient l'air, gentiment, au gré du vent. Derrière ce saule, un lac, l'abri d'un écosystème, sûrement très complet, je pouvais voir d'où j'étais les nénuphars et leurs fleurs roses flottés sur les eaux, rythmées par le mouvement des grenouilles ou encore des patineurs qui se déplacent à toutes vitesses à la surface. Le calme est presque étouffant.

De temps en temps, un oiseau chante puis un autre, nous étions les témoins d'une longue mais relaxante discussion. Je pris une profonde respiration, afin de faire entrer dans mes poumons toute cette énergie et cette sérénité. J'étais en proie à la passion, cette passion étant une source de passivité, une énergie nourrissant mes ambitions comme si nous étions « ensorcelés » par la passion, comme le dit si bien Emmanuel KANT dans l'Anthropologie du point de vue pragmatique.Je comprend alors pourquoi Nathan aime venir ici pour lire. Nous avons tous besoin d'un moment pour se ressourcer, je pense que la lecture le détend.

Les yeux fermés, j'oublie complètement Nathan. Je m'imagine dans un endroit aussi calme qu'ici. Dylan. Il est si beau quand il dort. Je le regarde dormir, lui a la tête appuyée sur ses deux mains collées sur sa joue. Les yeux fermés, il rêve. J'observe chacun des traits qui forment son visage. Ses lèvres sont fines et longues, son nez est dans l'axe de symétrie de son visage du haut de ses deux épais sourcils a son bout retroussé. Ses narines suivent ses respirations, allant d'une profonde inspiration à une lourde expiration. Rien n'est plus beau que Dylan en train de dormir. Je suis si bien sur ce lit. De plus, les draps sont doux et sentent miraculeusement bons. Ses draps étaient amplis par le parfum des sueurs du jeune homme, chargé de phéromones. Je pose ma tête près de la sienne. Je commence alors à savourer son odeur, allant d'une légère inspiration et un doux baiser. Il se réveille. Il ouvre ses grands yeux, d'une couleur mystique, d'un marron si unique. Son œil était couronné de deux halos plus orangés que le reste de son iris parfaitement concentrique. La terre de ses yeux était d'avantage en vue lorsque la pénombre se faisait reine. D'un mouvement fatigué, il ouvre grand ses yeux. Il sourit, en me voyant.

Émilie. Souffle t-il au creux de mon cou.

Ses mots me prennent. Comme s'il m'électrise de son regard. Il établie alors une tension palpable autant par la lourdeur de l'air mais aussi par l'ébullition de mon corps tout entier qui lui appartient. Nous nous regardons alors avec insistance. Il attend que je lui réponde. Le temps devint une éternité. Le songe, le fantasme le plus beau, une infinité de combinaisons possibles d'actes. Après que va-t-il faire ? Nous nous regardons, mais je veux plus. Je sens dans son pouls, cette envie et cette fougue qui l'embrase dans notre minuscule infinité.

Émilie. Répète t-il comme avec un air de détresse.

Le songe se mêle à la réalité mais le corps n'est pas le même.

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