Chapitre 12

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Émilie


Ça fait deux semaines que je suis chez mon père, à Seattle. Même si j'aime beaucoup cette ville mais ce n'est pas comme en Angleterre. C'est mon chez moi, là-bas. Chez mon père je me sens pas très bien. À chaque fois que je vais là-bas, dans sa grande résidence avec sa nouvelle femme, son nouveau rejeton, et ses trois beaux chiens de purs races. Il se vante maintenant, de sa réussite, et sa nouvelle petite famille le soutient. Mais ils ne savent pas la vérité. Mon père a fait des choses horribles, dans le passé. Même son regret ne pourrait pas lui rendre mon pardon.

Chaque fois que je le vois avec son fils, Ethan, il a l'air d'un si bon père. Je n'en suis pas jalouse, je suis seulement triste de ne jamais avoir connu ma mère, et n'avoir jamais eu de père pour cause. Je me souviens de chaque détails de cette fameuse nuit. Des cris, aux tirs, et au sang au travers de la porte.

Bref, ça fait deux semaines que je suis là, Marge, sa nouvelle femme est extrêmement gentille. Elle m'a beaucoup bougée, de l'aquarium, au zoo, aux musées et autres distractions. Elle était heureuse de me voir ici, pour mon père. Elle m'avait même avouée qu'un jour, que je manquais cruellement à mon père. C'est bien dur à croire, en réalité. Si je lui manque, pourquoi m'avoir mis dans un internat en Angleterre. Même si c'est la meilleure chose qu'il est fait dans ma vie. Je me suis enfin retrouvée populaire et appréciée de tous. J'aime ma vie en Angleterre, c'est le seul pays qui me fait oublié ces souvenirs. Je pars demain, et l'Angleterre me manque, sûrement plus que je manque à mon propre père. Pour moi, je suis seule.

Je me suis réveillé aujourd'hui, Marge est parti faire des courses. Ethan est à l'école. Pour la première fois dans les deux semaines, je me retrouve seule avec mon père. On se retrouve dans son énorme cuisine, équipée par ses soins. La décoration est épurée, simple et moderne. À chaque fois que je rentre dans cette pièce ouverte sur le séjour, je reste bouché bée par l'immense fenêtre sur mesure qui souligne le vide sur salon. La résidence est lumineuse, incroyablement lumineuse. Le soleil tape, mais la température est complètement contrôlée par la climatisation. Sur la table de la cuisine, mon père est assis sur une chaise devant son café, et le plateau très garni que Marge avait préparé, dans la matinée. Il m'attendait, en lisant le New York Times. Il porte ses lunettes sur le bout de son nez légèrement aquilin et crochu, il lit chacune des lignes et faisant glisser ses yeux sur chacune d'elles. Il fronce les sourcils, il a dû tomber sur un mot compliqué. Ou bien il ne lit pas réellement, et fait semblant juste pour m'ignorer. Son visage était illuminé de moitié par la clarté de la cuisine. Je viens à peine, de remarquer, les plantes qui gisent sur le plan de travail, grisé. Je tire une chaise en silence, mon père continue sa lecture. Lorsque je me rapproche, je vois beaucoup mieux ce qu'il a dans sa tasse. Et ça n'a vraiment rien a avoir avec du café de toutes évidences. Un verre de Whisky, de bon matin, pour bien commencer la journée en beauté. Il ne quitte pas son journal des yeux, il reste momifié. Je n'essaye même pas de commenter son alcoolisme, ça a toujours été un tabou.

Je me rappelle une fois, j'avais douze ans. Mon père avait bu toute la soirée, et pleurait devant son verre, la lettre de ma mère défunte devant les yeux. Il faisait tourner son verre vide, sur la table. Il saisit, la bouteille de scotch presque vide, juste à sa gauche. Il ne reste qu'un verre. Celui-ci se remplit peu à peu, plus la bouteille se vide. Il finit par la retourner complètement pour en obtenir tout le liquide. Son visage s'obscurcit.

Émilie, va me chercher une autre bouteille. Avait-il hurlé

Je ressentais de la crainte et de la peur au plus profond de moi. Mes genoux commencent à trembler, laissant mes secousses prendre le contrôle. Mes jambes frêles se touchent. Je le regarde mais lui ne me voit pas. Je ne pouvais pas, faire autrement.

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