Chapitre 30

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Émilie

La voiture gronde, le moteur s'enclenche. J'observe les doigts de Nathan se resserrer fortement sur le volant.

Depuis longtemps, je cherche des réponses. Hier, son frère et Victoria sont venus manger à la maison. Bizarrement, la compagnie de Charles ne m'est plus si inconfortable. Je sais que Dylan est heureux avec lui, et je ne veux pas rester en rogne contre eux indéfiniment. Des fois même je me demande pourquoi j'avais contracté une telle haine envers leur amour. Nathan m'aide beaucoup à prendre sur moi, mon caractère ne l'aide pas lui. Malgré toutes les petites disputes, il gardait toujours son self-control, et me regardait de ses yeux bleus.

Comme il le fait maintenant,en baissant le son de la radio.

Tu ne m'as pas dis si tu avais bien dormi.

Tu me demandes si j'ai bien dormi la nuit dernière ?

Il sourit de la maladresse de sa question, avant de rougir :

Oui, je te demande si tu as bien dormi, chaton.

Ben, j'ai dormi avec un garçon dans un grand lit, après une soirée maussade en compagnie de son frère et d'une certaine Victoria dont la voix raillée fait extrêmement mal à la tête. Cependant, mes rêves se sont réchauffés d'une vivace lumière lorsqu'il a resserré ses bras surmoi.

Ma voix sonne un accent semi dix-huitième siècle.

J'aimerai bien connaître ce garçon,dit-il ironiquement sachant très que c'est de lui dont je parle. Il me paraît extraordinaire, mais bien trop peu pour une si jolie fille telle que vous.

Merci, je suis flattée,soufflé-je mimant un geste de révérence. Bien que je ne connais en rien l'identité de celle qui envahie votre fougueux cœur.

Elle vous ressemble beaucoup, toute aussi jolie, toute aussi souriante,toute aussi pimpante, et toujours ses yeux verrons.Sa voix rauque se dissipe.

La voiture s'était arrêtée à un feu rouge, lorsqu'il glisse son doigt chaud sous mon menton lisse. Envahie par le frisson, je ferme frénétiquement les yeux. L'air de la climatisation me souffle sur la joue un frimas presque hivernal, venant rendre ma peau plus fusible sous la moiteur de ses doigts.

Klaxons.Le conducteur de la Volvo bleue derrière enrage, ouvrant sa fenêtre pour nous tarer d'insultes.

Je crois que le feu est passée au vert, insisté-je.

Oui, mais je t'aime.

Nathan appuie sur l'accélérateur, détachant son regard droit et aimant du mien. On allait chercher Charles, pour passer une « sublime journée sans problème sans cris », comme me l'avait annoncé Nathan la veille. Avec Charles, je doute toujours.

Et, on va où au juste ?Demandé-je, levant les yeux hautainement.

On va chercher mon frère et puis c'est une surprise.

Il sourit, je stresse en mimant un vulgaire rire furax.

Sérieusement, où est-ce que tu m'amènes ? Repris-je d'un ton plus sec, ce qui eu le don de faire tomber la courbure de mes lèvres.

Tu n'aimes pas les surprises ? Pourtant, notre premier rendez-vous était en quelques sorte une surprise.

Je bat rapidement mes cils maquillés, avant de prendre un air supérieur pinçant le bout de la bouche :

lacking in choiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant