Chapitre 32

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Dylan

Après cette fameuse soirée dufeu de joie, je n'avais pratiquement vu personne, hormis Clara quiest passée quelques fois à la maison. J'étais très occupé àaller rendre visite à Victoria, à l'hôpital tout en rasant lesmurs pour ne jamais croiser Gabriel, dont les yeux de pigeon avaittriplé de volume, une énorme boule violasse.

Charles et moi avancions ànotre rythme ; je lui avais enfin parler de Lena, de ma disputeavec Maydee, de Victoria ainsi que de la jeune fille que j'avais vuedans les bois. Le messager de Lys ainsi que les craintes qu'ilgénérait sur moi, est le seul secret qui prospère dans mon esprit.Même si Charles essayait toujours de comprendre, d'analyser leschoses ; il les résumait comme une évidence simple, la seulechose à ce jour qui m'énerve.

Cette semaine, alors que nousallions au cinéma, je lui avouai ma situation familiale compliquée,tout en décrivant avec soin d'article que j'avais vu chez Maydee,comme quoi mes parents seraient morts. Je n'aime pas me dévoiler,mais la réaction de Charles m'a stupéfait : il avait pris unregard perdu dans l'immensité de ses mensonges, basculant et remuantses souvenirs comme une vulgaire poussière qui encrasserait unmeuble, il avoua. Sa première confession fut sa relation fusionnelleavec son père décédé. C'était en réalité la seule fois oùCharles et moi étions assez proche pour pouvoir s'écouter, seconseiller, s'épauler.

Ce matin, alors que j'étais àl'hôpital, Victoria m'a longuement parlé de son ex petit-ami,Ian. Redoublant d'éloges, elle racontait que tous les dimanches, ill'accompagnait dans un lieu différent pour faire diverses activités.Comme le deltaplane, elle me racontait cette sensation de légèretéet de liberté dans les airs. J'aimerai tellement en faire, avecCharles. Elle ne me parlait pas des moments noirs, comme lorsqu'ilétait soul ou dans ses délires de drogué, qu'il la frappait. Dumoins, dès que j'ai essayé d'éclairer le sujet, elle est devenuelivide voire même blême. Je suis parti à ce moment-là, un médecinm'informant comme tous les jours, de la progression de son cas.Victoria et moi n'avons jamais été aussi complice.

Charles me conduit à sonpremier entraînement de Basket, sans même avoir le doute qu'ilpuisse y avoir Gabriel. Je m'assois dans les tribunes qui trônaientsur le côté de droit du gymnase, d'une grandeur spectaculaire.L'écho des pas sifflait sur le parquet ciré, les tambourinementsdes ballons se fracassant sur le sol, les petites discussions quinaissaient au sein du groupe.

Le corps de Charles dans sondébardeur me paraissait encore plus maigre, –il ressemblait plus àun t-shirt dont les manches étaient maladroitement raccourcies – .Gabriel était toujours aussi arrogant, autant dans sa postureplastronnée, que dans sa manière de jouer, solo. Un débardeurrouge moulant un corps musclé, c'était la distinction que j'avaisfaite du mec de couleur noir, les cheveux crépus. Celui-ci avait lesyeux rivés sur la petite brunette aux yeux verts assise juste devantmoi. Elle portait un pull bleu ample, les manches sont colorées dequelques raies d'orange et de jaune ; elle soutenait–visiblement son amoureux– corps et âme, criant son nom« Jessie ». Dans le dos du jeune homme frisé, je pouvaislire en lettres blanches et capitales : Manharde. JessieManharde, un nom de consonance américaine, je sens que ce gars estsuper, et cool.

Cependant, Charles jouait biendu moins quand il est en possession du ballon. On pouvait distinguaitdès le départ, les meneurs : Jessie, Gabriel et un autre mec.

Assis, sur le banc inconfortabledes tribunes, les gens avaient pris place, le véritable match allaitcommencer. Je plonge ma main à la découverte de mon téléphone,Chloé ne va pas tarder, ramenant avec elle toute la compagnie.


Je veux ceci, cela, ceci etpuis un peu plus de cela.

Voilà les volontés de lanouvelle princesse Chloé, qui devient visiblement de plus en plusexigeante, et capricieuse. C'est peut être du au fait que son pèrene la recadre plus comme il le faudrait. Je réfléchis clairement àla manière dont je vais tourner ma phrase pour qu'elle soit la plusvénéneuse possible.

lacking in choiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant