Chapitre 9

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Dylan

Ma chambre est plutôt spacieuse, de plus d'après la concierge, mon colocataire ne viendra que dans deux semaines. La pièce était d'un crème tirant vers le ficelle, demeurait dans l'espace deux lits collés au mur, tous deux opposés, d'un côté droit à un côté gauche. Je déteste le carrelage, il est froid, autant par sa couleur gris souris que par sa température. Cela me change littéralement de ma petite chambre de lycéen. Je suis maintenant un étudiant en médecine. Je suis content d'être seul, ça me permet de prendre mes marques un peu plus facilement, en évitant bien sûr mon insatiable timidité. Pour moi, les autres êtres humains, dit-on, sont le danger absolu. Autrefois, je n'aimai pas me faire des amis et être celui que tout le monde aime et se confie, je n'aimai pas l'idée que je puisse me rabaisser à des personnes aussi basses dans la société. Bien sûr, je ne peux dire cette phrase sans m'expliquer. Les gens qui fréquentaient mon lycée, n'étaient pas des gens très abordables. Il y avait plus de dillers que de personnes normales. Du moins, ma normalité. Je ne pensais pas être au dessus des autres pour leur adresser la parole. C'est juste que je ne pensais pas mériter leurs amitiés ou encore leurs remarques. Je vivais bien sans eux. Bref, laissons le passé.

Je suis content d'être seul. Ça me permet également d'oublier l'idée que Charles est dans le même établissement que moi. Je me fixe maintenant sur l'avenir. Mes nouveaux projets, me faire des amis « cool », avoir les meilleurs résultats, et bien sûr garder le sourire. C'est sûr que je n'ai pas l'habitude de sourire et de montrer ma belle dentition et le fond de mon palet. Le sourire c'est juste la réponse à la question « Tu vas bien ? » sans même avoir à parler, je ne veux pas y répondre.

J'ai l'impression d'avoir évolué, d'avoir grandi. J'ai affreusement sommeil mais Clara vient de m'envoyer un message.

CLARA : SALUT DYDOO, JE FAIS UNE SOIREE AVEC DES POTES AU CELEBRATE COFFEE.

J'ai déjà l'impression d'avoir réussi un de mes objectifs. Je vais me lier d'amitié avec Clara, j'espère que l'on deviendra de bons amis, que l'on fera comme tous les autres adolescents idiots de mon âge. J'espère qu'on fera des soirées et que l'on parlera pendant des heures. J'espère peut-être un peu trop. Je lui répond rapidement, pianotant le clavier tactile de mon smartphone.

MOI : SALUT, OUI JE VIENS AVEC PLAISIR.

Aussitôt, le message envoyé, mon téléphone se met à vibrer.

CLARA : NICKEL, DONC JE VIENS TE CHERCHER AVEC DES POTES A 18H DEVANT TA FRATERNITE.

Je pose mon appareil sur le bureau qui se trouvait entres les deux lits. Il est déjà 15H. Je pense que je vais faire une sieste, je suis épuisé depuis mon long voyage. Il faut aussi que je pense à appeler Maydee. Je me pose délicatement sur le matelas, en prenant soin de ne pas défaire les draps du lit. J'ajuste l'oreiller afin de poser plus confortablement ma tête. Je pose ma main sur mon ventre, me concentrant sur ma ventilation. Je regarde alors le plafond, mais ici pas de petits carrés. Tout est si différent, le plafond d'un blanc presque aveuglant. Les stores de la fenêtre étant juste au-dessus du bureau. Le soleil établissait une pénombre au travers. J'entends derrière la porte dans le couloir, une voix masculine résume. Les sons me bercent peu à peu dans mes visions fantaisistes.


Obscurité.

Je ne vois rien qu'autre que la noirceur, méprisant la lumière. L'air est lourd et légèrement humide avec un doux parfum marin. Je crois entendre sous l'ampleur du silence, le cris des mouettes et le soupir des vagues déchirant le sable sur la plage. Je ne vois rien, mais tous mes sens sont plus que exacerbés. Le vent souffle au travers des rochers, laissant derrière lui un profond murmure ventilé. J'ouvre les yeux, mais je ne vois toujours rien. La fraîcheur coagule mon sang sous ma peau blafarde dessinant des branches violâtres.

lacking in choiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant