Chapitre 24

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Dylan

La résidence de la famille Willies était une grande demeure aux volets bleus. Elle  était arborée de larges et touffus cyprès, habités par de nombreuses abeilles. J'en entend leurs bourdonnements. Chloé attendait sur la véranda vitrée, allongée sur sa chaise en osier. Elle a les paupières fermées, un vulgaire chapeau sur la tête.

Je m'avance tranquillement,ouvrant péniblement le portail d'un alliage de fer et d'acier. Il ne grinça même pas, tout était parfaitement en ordre et clean. Du jardin d'un style français, au bassin pleins de nénuphars. Je me promène le long du chemin de terre que m'offre la pelouse verdoyante et vivace. J'entre enfin dans la véranda, Chloé me sourit :

– Salut, je t'attendais.Souffle t-elle alors qu'il retire lentement son chapeau. Mes parents nous attendent pour déjeuner.

– On va manger avec tes parents ? Hurlé-je.

– Oui, ne t'inquiète pas.Rassure Chloé, en posant sa main sur mon épaule pour me faire pénétrer le seuil de la grande maison. Je leurs ai parlé de toi.

Je déboule sur un long corridor se divisant en deux, la deuxième voie me menant au séjour. Sur ma droite, la cuisine équipée et moderne,meublée en bois noble j'ai même du mal à distinguer sa nature. Je lève les yeux vers le ciel, lorsque j'arrive au salon. Il y a une énorme fenêtre s'étalant sur deux étages, établissant ainsi de lourdes panaches de lumières dans la pièce.

La table était parfaitement dressée, dont cinq assiettes, et leurs couverts. Cinq ? Mais nous étions que quatre, il me semble. La mère et le père de Chloé,elle-même et moi. Quatre. Je ne peux m'empêcher de poser la question :

– Nous sommes bien quatre à manger ? Demandé-je . Parce qu'il y a cinq couverts.

– Oui...

– Je vais t'expliquer. Coupe Georges, en pénétrant dans la pièce brusquement.

Je prend place à table me faisant signe de main pour me placer. Chloé tire sa chaise, je fais de même. Les assiettes blanches et délicates et leurs ribambelles couverts d'argent se tenaient là, immobiles. Je passe mon doigt, lentement sur les arrêtes du verre à pied en cristal, avant que je sursaute quand Georges prend enfin parole :

– Il y a maintenant bientôt une décennie, et ce qu'il me semble pourtant des siècles, nous avons perdu notre fils. Il se plaignait souvent de mal de tête, et il pleurait énormément. Nous avions toujours cru qu'il s'agissait d'une passe, qu'il allait arrêter ces caprices. Mais en réalité ils'avérait, qu'il était gravement malade. Nous l'avons amené dans l'hôpital le plus proche, et le diagnostic était sans appel, il allait mourir. Il a subit de nombreuses interventions. Toutes plus destructrices, autant pour lui que pour Mafalda. Mais ça avait porté ses fruits, il était guéri. La joie fut courte, car à peine le temps de se réjouir que notre enfant a disparu. Nous ne l'avons jamais retrouvé, malgré l'alerte enlèvement et tous les plans de recherches. Mafalda et moi, nous l'avons cherché durant des années et encore maintenant. Depuis ce jour, nous mettons un couvert pour lui, au cas où il revienne même s'il doit certainement être mort.

– Arrête tes obscénités.Hurla Mafalda, qui dévale dans la pièce munie d'un plat. James reviendra un jour, il pourrait même revenir ce soir, tiens !

– Comme tu peux le voir, Dylan,ma femme est épris d'un espoir malheureux et maladif, qui la détruira et qui la consumera toute sa vie. Depuis toujours, je rêve de mettre sous les verrous celui qui nous a pris notre enfant. (Il reprend plus calmement) mais nous avons Chloé, sa sœur jumelle. Et nous l'avons chéri, depuis lors.

– Je comprend tout maintenant.

Mafalda posa le plat, sur la table. C'était une énorme dinde laquée, son goût était incroyablement doux et succulent. Le repas fut silencieux et long,seul le bruit des couverts en argents scintillaient en coupant,tordant la viande et ses légumes. Je regarde Chloé rapidement que se tient sur ma côté droit. Son visage est cachée sous sa chevelure fine et dorée et manipulait ses deux couverts avec minutie comme un chirurgien avec son scalpel. En face d'elle, Mafalda observe ses faits à gestes attendant un geste maladroit pour la corriger. Ses cheveux couleur poivre tirés en une queue de cheval n'avaient aucune imperfections, étant strictement plaqués sur son crâne. Son teint est pâle, tout la rend plus froide et affreusement vieille. Son nez aquilin et ses yeux de fouine perçant son âme devant tant de dureté. Son mari, en bout de table, était similaire.Sévère et froid. Toutes les caractéristiques des gens guindées et riches, c'était pourtant le milieu que j'allais probablement fréquenté si je terminais chirurgien. Mais j'espérai en fait profondément que cette vision de vieillesse allait partir et ne jamais revenir. Je suis jeune et je veux le rester.

lacking in choiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant