Prologue

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Mes larmes prenaient vie sur mes joues comme les mots sur ma feuille. Le souffle du vent retentissait dans mes oreilles, je levais la tête vers le ciel et je vis qu'il se chargeait de nuages gris, je n'avais pas besoin d'attendre longtemps pour sentir des gouttes d'eau atterrirent sur mon épiderme. J'attrapai ma capuche et je la déposai sur mes cheveux avant qu'ils soient trop mouillés. La musique ne s'arrêtait pas de jouer dans mes écouteurs et mes doigts continuaient d'écrire sur le papier qui se mouillait légèrement. Le tonnerre bourdonnait dans toute la ville presque endormie à cette heure de la nuit. Je devais rentrer avant de tomber malade, mais la sensation de liberté que je ressentais à cet instant me dissuada de le faire, j'aimais trop être ici, écouter le tonnerre, sentir les gouttes de pluie caresser ma peau et le vent fouetter mon visage. Mes doigts glissaient sur le papier comme les larmes des nuages sur la ville.

Soudain un bruit de pas se propagea dans tout l'entrepôt dans lequel je me situais, une silhouette se dessina dans le brouillard de la pluie, elle s'avança lentement vers moi, il lui avait suffi de seulement quelques secondes pour arriver près de moi. Je voyais à sa corpulence que c'était un garçon. Il resta en bas de l'escalier sur lequel j'étais assise, il me regarda et monta quelques marches pour se rapprocher de moi, il s'assit deux marches en dessous de moi. Il était trempé, je le regardai, intriguée, mais lui ne me regardait pas, il regardait le vide, ses cheveux mouillés tombaient sur son front et les gouttelettes de ses cheveux dégoulinèrent tout le long de son visage. Un reniflement se fit entendre entre le bruit des gouttes et du tonnerre. Je compris alors que les gouttes présentes sur ses joues n'étaient pas causées par la pluie, mais par ses yeux, ce n'étaient pas des gouttes, mais des larmes. Une odeur de marijuana emplit mon nez comme le silence emplit l'habitacle. Il s'essuya les joues avec la manche de son sweat, puis il rangea sa main dans la poche avant de son pull.

- Mon père est mort, expliqua l'inconnu après quelques secondes de silence.
- Toi, tu pleures la mort de ton père, et moi, je pleure la vie du mien. Il tourna sa tête vers moi, c'était à mon tour de regarder dans le vide.

D'un côté il avait de la chance de pleurer la mort de son père, cela signifiait que son père lui manquerait et qu'il aimait suffisamment son paternel pour l'aimer au-delà de la mort. Pleurer la mort de quelqu'un était une des plus belles preuves d'amour je trouvais, c'était pleurer pour quelqu'un qu'on a eu, mais qu'on n'a plus et de ce fait, on pleure parce que ça nous chagrine de savoir qu'on ne pourra plus avoir aucun contact avec cette personne, que ce soit de l'entendre, la sentir, la voir, ou bien la toucher. N'importe quelle personne de cette terre qui meurt à au moins une personne qui l'a pleure. La plus grande douleur de la vie, c'est la mort.

- Pourquoi tu dis ça ? Me questionna-t-il.

Mon regard resta fixé droit devant moi, j'aurais voulu lui répondre, lui expliquer, mais pourquoi ? Ce n'était qu'un inconnu, et puis à quoi ça lui aura servi de savoir ? Je ne me confiais jamais à personne, ce n'était pas à lui que je parlerai de mes problèmes. Certains disent que parler à une personne qui ne fait pas partie de notre vie est plus facile et plus libérateur que de parler avec quelqu'un de son entourage, mais je n'y crois pas vraiment. Et de toute façon, je n'étais pas du genre à me confier.

- Ne cherche pas à comprendre, dis-je en le regardant.
- Je veux connaître ton histoire.
- Woody Allen a dit un jour : « Nous sommes comme des livres ! La plupart des gens ne voient que notre couverture... Au mieux ils lisent notre résumé, ou bien se fient à la critique que d'autres en font. Mais ce qui est certain, c'est que très peu d'entre eux connaissent vraiment notre histoire. » donc fait comme tout le monde, regarde juste ma couverture et ne cherche pas à connaître mon histoire.

La pluie tomba de plus en plus fort, je devais rentrer maintenant, en plus il était déjà tard et le lendemain j'avais cours. Je me levai de la marche d'escalier, enjambai le garçon et je descendis quelques marches.

- On se reverra ? Souffla-t-il alors que j'arrivais sur la dernière marche, je me tournai vers lui.
- Je n'en sais rien, la vie est faite de surprise, non ?

À cet instant, je ne savais pas quelle importance il prendrait dans ma vie, ni même qu'il en ferait partie...

Wound The Past Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant