Chapitre 19

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Ayame entra dans le bureau du major. Elle ignorait pourquoi il l'avait appelé, mais c'était mieux que de passer du temps avec le caporal.

- Bonjour, salua Ayame, la main sur le cœur.

Le major répondit à son salut et l'invita à s'assoir en face de lui.

- Alors, comment trouves-tu le bataillon d'exploration ? Est-ce que tu regrettes ?

- Non. Je me sens libre, ici.

- Tu l'es, répliqua le grand blond.

Ayame arqua un sourcil en voyant l'enveloppe posé sur la table.

- C'est pour moi ?

- Oui. Elle est vide. Tu sais que après demain, nous sommes en expédition. Comme tous les soldats, tu as le devoir d'écrire un testament, au cas où les choses tourneraient mal.

Ayame jeta sur la lettre un regard dédaigneux.

- Je n'ai rien à léguer à personne, annonça-t-elle d'un ton sec.

- Et nous ne devrons prévenir personne, au cas où les choses se passeraient mal ?

- Non.

Erwin soupira.

- Tu es sûr ? Il y a bien quelqu'un que tu veux prévenir, je suppose.

Ayame réfléchit quelques secondes. Oui, il y avait bien quelqu'un, en fait. Elle se pencha pour prendre le stylo et la feuille.

- J'écris quoi d'autre ? demanda la femme.

- Ce que tu veux. Nous remettrons cette lettre à celui ou celle à qui c'est destiné.

Ayame hocha la tête. Elle n'allait pas faire dans les sentiments. Si vraiment elle devait clamser, elle voulait seulement qu'il soit au courant pour qu'il vienne récupérer ses couteaux.

Le major attendit qu'elle termine. Ayame plia la feuille et la rangea dans l'enveloppe.

- Si je meurs, ne prévenez que cette personne.

Et elle écrit son nom sur le devant de la lettre, puis la déposa sur la table.

- Pourquoi m'avez-vous appelé personnellement ? Ne me dites pas que vous avez fait ça avec toutes les recrues, je ne vous croirait pas.

Erwin esquissa son sourire sûr de lui habituel. Depuis qu'elle le connaissait, il n'esquissait que ce genre de sourire.

- Je tenais à te parler, te demander comment tu te sentais au bataillon, étant donnée que tu es venue ici dans des conditions particulières.

- En gros, vous voulez m'intégrer dans vos plans foireux.

- Comprend que tu es l'une des seules recrues à avoir une escouade, et déjà un palmarès impressionnant à ton compte. Peut-être que dans deux ans, tu seras même promu capitaine.

Ayame balaya les paroles du major d'un geste de main.

- Que voulez-vous exactement ? Il y a bien une raison derrière toute cette mascarade.

- Dans deux jours, nous mèneront une opération visant à démasquer le titan féminin.

Et ainsi, le major lui expliqua le plan et le rôle que jouera l'escouade Jarode. Personne n'était au courant à part l'escouade Livai, tous les capitaine et maintenant, elle-même. Le plan restait secret pour éviter que le coupable ne l'apprenne.

Ayame écouta calmement tout le discours du major.

D'après lui, un soldat était le coupable. Mais il n'y avait aucune certitude que ce soldat se trouvait au bataillon. Voilà la raison de cette expédition.

Ayame accepta le rôle qu'on lui confia. Jarode était aussi au courant pour son entrée dans le plan. Elle devrait lui parler plus tard. À la fin de l'entrevue, Erwin Smith permit à son soldat de partir.

- Eh bien eh bien, major, sourit Ayame en se levant. Vous pouvez compter sur moi pour toutes vos missions foireuses !

Et elle ouvrit la porte sur ses mots.

- Oï, attention !

Ayame du baisser les yeux pour voir celui qu'elle venait de percuter. C'était le caporal-chef.

Un sourire prit place alors qu'elle le dominait de toute sa hauteur. L'homme, qui devait lever les yeux pour la voir, comprit qu'elle se moquait, et serra les poings.

- Arrête ça, cracha-t-il.

Ayame, amusé par la situation, afficha un air faussement interrogatif.

- Qui y-a-t-il le nain... caporal, pardon !

Alors qu'un sourire flottait sur ses lèvres, le caporal attrapa son col pour l'attirer à elle. Ayame le fixa de ses yeux émeraudes.

- T'es de vaisselle jusque l'expédition corbeau de malheur.

Ensuite, il la lâcha. Ayame se garda de plus commenter la situation, car elle savait que le major n'appréciait pas.

Livaï ne la perdit pas des yeux pendant qu'elle sortait. Il attendit qu'elle ferme la porte pour enfin souffler.

- Son comportement ne s'améliore toujours pas ? soupira Erwin.

- Pas le moins du monde.

Le caporal s'installa sur le fauteuil en face d'Erwin. Exactement là où se trouvait la noireaude quelques secondes auparavant.

- Alors t'a mis cette gosse dans la confidence ?

- Exact. De ce côté là, elle n'a émit aucune réfutation.

Le caporal se leva pour prendre une tasse de thé. Il était déjà fait, alors il suffisait de le verser.

- Et pour son testament ? Elle l'a écrit ou pas ?

- Oui, acquiesça Erwin. Il est sur la table. Bien-sûr, nous ne pouvons pas l'ouvrir.

Livaï revint s'assoir, sa tasse de thé en main. Il attrapa la lettre et l'examina.

Soudain, il écarquilla les yeux en voyant à qui elle était destiné.

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit sur le destinataire ? murmura l'homme.

- Rien de spécial. Elle voulait que cette lettre soit envoyé en main propre.

- Erwin, ce type vit, à ma connaissance, dans les bas-fonds. Il a sûrement une maison à la surface mais c'est compliqué à trouver.

- Tu le connais ? s'enquit le major.

Livai hocha la tête. Il observa une dernière fois le nom avant de jeter la lettre sur le bureau. Elle le connaissait aussi, alors.

Sur le devant de la lettre était écrit "Kenny l'égorgeur"

- Donc si elle meurt, il faudra que quelqu'un apporte cette foutu lettre à ce tueur ?

Erwin arqua un sourcil face au mot "tueur" mais ne fit pas de remarque à ce sujet-là.

- Je compte sur toi, tu es le seul à connaître les bas-fonds.

- Tch.

Si c'était comme ça, cette sale morveuse n'avait pas intérêt à clamser. Si ça arrivait, elle laissait derrière elle la pire tâche qu'il pourrait accomplir.

N'empêche, elle connait Kenny. Et tout le monde sait que Kenny ne fréquente que les criminels les plus endurci.

Quelques part, dans le QG du bataillon, une femme retirait son équipement. Puis, sa veste. Elle se changea, mit ses anciens vêtements. Ceux qu'elle avait lorsqu'elle était dans les bas-fonds. Autant déjà se préparer, car dès que le soleil se lèvera, elle partira.

C'était la vieille de l'expédition. Et donc, un jour de congé pour chaque soldat. Histoire de revoir sa famille. Elle, elle avait d'autres plans. Mais disons qu'elle reverait elle aussi des êtres importants pour elle.

Au début, elle ne comptait voir personne. Mais il lui avait envoyé un message. Et elle avait hâte de le revoir.

La Vie Est Belle, Mais Si CruelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant