Chapitre 1: Inwë

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Comment décrire cette force de caractère? Commençons déjà par son prénom. Elle se prénommait Inwë, ce qui signifie dans notre langue "pleine de grâce". Ce nom porte à sourire lorsque l'on connaît le tempérament de la jeune naine ainsi que son habileté aux armes que son oncle Dwalin avait pris plaisir à lui enseigner.

Il avait mis toute sa volonté à en faire une guerrière. En y réfléchissant, qu'aurait-il pu lui enseigner d'autre? N'était-ce pas, pour lui, la meilleure façon de dire qu'il l'aimait? En lui enseignant ce qu'il connaissait le mieux?

Bien sûr, à l'époque, Balin pestait contre son frère car, à cause de lui, sa fille rentrait régulièrement à la nuit tombée. Dans ces moments-là, Balin espérait au moins qu'elle rentre avec l'allure d'une naine de son rang. Mais systématiquement, Balin voyait ses espoirs s'effondrer. Sa si charmante fille revenait dans un état pitoyable. Ses vêtements et ses bottes étaient crottés de boue. Les ronces et la poussière achevaient d'abimer la blancheur de son visage. À sa ceinture pendait un morceau de gibier dégoulinant de sang. Parfois c'était la tête d'un gobelin.

Cette vision aurait affolé n'importe quel père, qu'il soit nain, elfe, ou même semi-homme. Mais le sourire incroyablement satisfait d'Inwë ces jours-là, n'avait pour d'autres conséquences que de décontenancer son père.

Avec tout ça, le très respectable Balin enrageait de voir habillée son unique  comme un guerrier avec ses sempiternelles bottes en peau de Warg que son cher oncle lui avait offert.

Mais, malgré ses remontrances ou ses colères, il m'avoua un jour qu'il éprouvait en son fort intérieur une certaine fierté de voir la joie dans ses beaux yeux bleus d'Inwë quand elle rapportait ses "trophées" de chasse, ou qu'elle narrait ses exploits. Bien évidemment, il se gardait bien de lui montrer, de peur de l'encourager .

Malgré tout l'amour que son père lui portait, Balin restait parfaitement lucide quant aux défauts de sa fille. Comme chacun le sait, tous Nains qui se respectent a des prédispositions à être fiers et têtus comme des cochons, mais chez elle, ces caractéristiques prenaient des proportions inégalées. Elle n'avait peur de personne, pas même du grand roi Thrôr, qui l'aurait sûrement fait mettre au cachot si la malédiction de l'or ne lui faisait pas déjà perdre peu à peu la raison.

Elle avait aussi réussi à décourager les Naines de haut rang qui avait tenté plusieurs fois d'en faire une Naine respectable, car malgré sa grande intelligence et sa soif d'apprendre, ses manières brutales et peu conventionnelles les avaient toutes rebutées une par une. Leur seule et maigre victoire auprès d'elle avait été de lui donner goût à la lecture en lui montrant le chemin de la grande bibliothèque d'Erebor.

De plus, malgré une carrure plus qu'enviable pour notre race, elle portait l'étrangeté de ne pas avoir de barbe comme toutes Naines honorables, ce qui achevait de la rendre peu fréquentable à leurs yeux. Mais malgré ses défauts et cette singularité physique, Balin ne pouvait s'empêcher de l'aimer à la folie. Il voyait en elle un diamant brut. Cette tête de mule qui était capable de malmener les plus grands, faisant preuve d'une grande compassion envers les plus humbles.

Son oncle aussi l'aimait. Elle marchait tout juste que Dwalin l'emmenait déjà chasser avec lui. Elle en était d'ailleurs inconsolable quand il partait sans elle.

Sa mère étant morte en lui donnant naissance, les deux frères pensaient être les seuls capables d'aimer cette étrange petite créature. Elle-même ne se montrait pas ingrate envers cette affection qu'ils lui portaient. Elle avait dit un jour à son père:

-" Mon coeur est partagé en 3 parties! La première part est pour toi, car je t'aime plus que tout. La deuxième part est pour mon oncle Dwalin, que je suivrais dans toutes ces aventures. Quant à la troisième part je la garde pour une bonne bière brassée! Vous voyez que je ne suis pas difficile à contenter!"

Ce jour-là, son père l'avait cru sur parole, car elle était toujours sincère avec lui. Ils avaient même ri ensemble. Mais le propre coeur de la jeune fille la trompait sans qu'elle le sache elle-même.

À présent que j'ai dans mon esprit et mon coeur un portrait précis d'Inwë, je me demande de quelle manière une jeune Naine si fière aurait-elle fait, comment aurait-elle pu admettre, que la troisième part de son coeur pourrait être touché par un grand amour? Car oui, c'est d'amour dont nous allons parler, même si je l'avoue, ce n'est pas mon sujet de prédilection.

Mais je ne suis qu'un humble scribe, et je me dois de transmettre ce morceau de vie qui a eu un impact incroyable sur la vie des grands seigneurs des royaumes nains, même s'ils furent bien trop fiers pour l'avouer eux-mêmes

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N.D.A:

Et oui! Les Naines de la Terre du Milieu portent la Barbe ^^. Elles ne forment qu'un tiers de la population Naine, et quand elle se marie, c'est pour la vie!

Les Nains qui ne trouvent pas d'épouses restent donc célibataire. A cause de cela, la croissance démographique est très lente, et pour un peu qu'il y est une guerre (ou un dragon) et c'est la catastrophe assuré.

Voilà pourquoi un personnage comme Inwë dérange autant au sein de son peuple.

LE SECRET D'EREBOROù les histoires vivent. Découvrez maintenant