chapitre 20: confidences

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Inwë ouvrit les yeux.

L'heure du déjeuner était déjà passé.

Embrumée de sommeil, elle se demanda un court instant, si ce qu'elle avait vécu la nuit précédente n'était pas le fait de son imagination. Puis elle vit que sa bague n'était plus à son pouce. Non elle n'avait pas rêvé, elle allait s'unir à Thorin, à ce jeune prince qu'elle aimait tant.

Elle aurait voulu en parler de suite à son père mais vit qu'il n'était plus dans le logis. Peu importe à l'heure qu'il se couchait, le roi ainsi que les princes et les autres conseillers savaient qu'ils pouvaient toujours compter sur Balin pour accomplir ses tâches au palais.

Inwë se leva promptement et fît une toilette rapide. Elle vit avec soulagement que sa tenue habituelle étaient proprement plier sur une chaise. Ses bottes étaient aussi de retour. Inwë soupira en s'habillant. Cela sentait la lavande. Elle allait se faire repérer du gibier à la prochaine chasse avec une odeur pareille.

Elle allait à nouveau attachée ses cheveux avec un morceau d'étoffe comme elle le faisait habituellement quand elle se vit dans le miroir. Ses cheveux avaient gardé son aspect soyeux de la veille. Elle se surprit à vouloir les coiffer. Elle les peigna soigneusement et fit une tresse. Thorin la trouvait belle coiffée, et une tresse ne gênait pas pour combattre les Orcs.

Quand elle alla dans la pièce principale, elle vît que la pièce avait été débarrassée de tous les nains qui avaient découché la veille. Tout avait été rangé et une bonne odeur de chicorée embaumait la pièce. Son oncle Dwalin était là, assis dans son fauteuil habituel. Il paraissait bougon.

Inwë s'assit en face de lui.

-" Tu exagères mon oncle!" dit-elle en riant. -" Tu aurais pu me demander la permission pour me voler ma couche hier soir. J'ai été obligé de dormir avec père. Ce n'est plus de mon âge!"

Dwalin ne répondit pas et affichait toujours un air renfrogné. La porte de la chambre d'Inwë s'ouvrit et la raison de la mauvaise humeur de Dwalin apparut. La conquête de la veille n'était toujours pas partie.

-" Quelle nuit mon chéri!" dit-elle d'une voix désagréable. Puis voyant Inwë, dit sèchement: -"Et c'est qui celle-là?"

Sans bouger de son fauteuil, Inwë dévisagea l'étrangère:

-" Et toi Ragaz*, qui es-tu? Et que fais-tu dans mon logis?"

-"Non mais quel langage!" s'écria la "conquête". -"Montre moi un peu de respect. Sais-tu au moins à qui tu parles?"

-"Non et c'est le cadet de mes soucis!" dit Inwë, qui se leva enfin de son fauteuil et s'empara de son épée. -"Maintenant sort de mon logis et au pas de course, si tu ne veux pas gouter de ma lame!"

L'étrangère se tourna vers Dwalin:

-" Et tu vas la laisser me parler de cette façon?"

Dwalin s'obstinait à regarder le feu de l'âtre comme s'il présentait un quelconque intérêt à ce moment-là. La Naine, dépitée, prit ses affaires en vitesse et sortit en claquant la porte. Dwalin poussa un soupir de soulagement.

-"Merci ma belle, tu m'as sorti d'un mauvais pas. J'ai cru qu'elle ne partirait jamais!"

-" Qui est cette fille?" demanda Inwë en allant se chercher une tasse de chicorée. -"Elle n'est pas d'Erebor en tout cas, elle ne me dit rien."

-"Je ne me rappelle même pas de son nom! Je crois qu'elle est des Monts de Fer!"

-" Quoiqu'il en soit mon oncle, il va bien falloir un jour que tu apprennes à te débarrasser de tes conquêtes tout seul! Tu faisais comment quand je n'étais pas pas là?"

-" Ton père se chargeait très bien de cette tâche!"

Inwë s'assit à nouveau dans le fauteuil de son père face à Dwalin. Elle fixa longuement cet oncle qu'elle aimait tant, et se risqua à une question:

-"Je n'ai jamais osé te demander pourquoi tu ne t'étais jamais marié oncle Dwalin?"

-" Pourquoi faire? Quel intérêt de n'appartenir qu'à une seule fleur quand je peux en butiner plusieurs?" lança-t-il dans un rire sonore.

Elle fixa son oncle avec un sourire en coin:

-"Cela sonne faux oncle Dwalin! Ton rire sonne faux. C'est celui que tu utilises quand tu veux me cacher quelque chose. Je pense que la raison est plus sérieuse que ce que tu veux me faire croire."

Le visage de Dwalin se fit plus grave:

-" Décidément ma belle tu me connais par coeur, je ne peux plus rien te cacher. Je l'admets ce n'est pas la vrai raison. En vérité j'ai peur. Peur de ce qui pourrait arriver, peur d'une autre tragédie."

Inwë compris. Le décès de sa mère n'avait pas qu'affecté son père, il avait touché aussi son oncle en plein coeur.

-" Mon oncle! Je n'ai pas eu la chance de connaître ma mère. Père me dit toujours combien elle était merveilleuse et je le crois. Mais le passé est le passé, et tu ne peux pas finir ta vie seul à cause de ce qui nous aient arrivé à père et à moi."

-" Ta mère était la meilleure épouse que mon frère pouvait choisir pour lui-même." Les yeux de Dwalin s'embuèrent de larmes: -" Et Balin n'aurait pas pu choisir meilleure belle-soeur pour un Nain comme moi qui ne sait rien faire d'autre que la guerre. Sa disparition brutale a laissé un vide immence dans nos vies à tous. Mais elle est partie en nous laissant à ton père et à moi un bien, autrement plus précieux que n'importe quelle compagne, et ce serais manquer à mon honneur que d'abandonner ce que ta mère m'a fait promettre de protéger."

C'était la première fois que son oncle s'épenchait de cette façon. Il était resté seul pour elle, pour ne pas l'abandonner. Elle dit doucement:

-" Quelle belle preuve d'amour oncle Dwalin. Moi toi qui es si fier que le sang de Durin coule dans tes veines, tu n'as pas envie de perpétrer la lignée? Nous ne sommes plus très nombreux à présent. Toi tu n'as pas d'enfant et cousin Òin non plus."

Dwalin se ressaisit à cette question. Elle était certes, sa nièce, mais elle était aussi son élève, se laisser aller aux larmes aurait été une faiblesse pour cet orgueilleux maitre d'armes. Retrouvant un peu son aplomb, il lui dit:

-"Ne t'en fais pas pour notre lignée.N'oublie pas cousin Glòin. Malgré sa nature quelque peu inconstante, il a pris une compagne il y a peu, et elle est déjà enceinte. Je tiens le pari qu'elle accouchera d'un garçon fort comme son père."

Inwë sourit:

-"Espèrons surtout qu'il ne soit pas aussi vilain que son père, parce que si c'est le cas, il y a de forte chance que la lignée de Borin s'éteigne à tout jamais!"

La remarque fit rire Dwalin pour de bon:

-"Ne t'acharne pas tant sur notre cousin. Il est vrai qu'il n'a pas autant de charmes que nous autres, mais il est brave, courageux et il a bon coeur! Et puis je t'entends parler des autres ma petite, mais je te rappelle qu'il dépend aussi de toi que la lignée subsiste. Qu'attend-tu pour prendre un compagnon? Certes, tu n'a pas de barbe, mais tu restes joli malgré ce défaut. Si tu n'étais pas aussi forte tête, tu aurais trouvé depuis longtemps déjà."

-"À ce propos mon oncle..."

Elle s'arrêta net. Quelque chose n'allait pas à l'extérieur du logis. Elle regarda son oncle et vit bien qu'il l'avait senti aussi. Ils se précipitèrent à la fenêtre. Erebor s'assombrissait....

LE SECRET D'EREBOROù les histoires vivent. Découvrez maintenant