LE SECRET D'EREBOR

Chapitre 13: le banquet

Loin au nord, au-delà des montagnes grises, dans cette région ravagée qu'on appelle sur les cartes Northern Waste, la brume s'élevait au-dessus des plaines désolée.

Le soleil ne brillait jamais dans cette région de la terre du milieu. Les nuits étaient noires et glacées, les jours gris et lugubres. La faune et la flore même semblaient avoir fui de ce lieu inhospitalier. À la place de la verdure, il y avait la roche, terne, froide, acérée. On pouvait y distinguer des cavernes obscures et sinistres. Dans la plus grande de ces cavernes y vivait un des derniers dragons du nord. Un des plus fourbes et des plus cruels aussi.

Depuis quelques temps, l' esprit de Smaug, puisque tel était le nom de ce dragon, se tournait constamment par-delà les montagnes.

Cela avait commencé par une simple idée, une intuition. Cette idée banale avait ensuite muri, grossit, allant jusqu'à s'étendre dans tout son esprit. À présent, cette idée tournait à l'obsession.

Il avait pris pour habitude de converser à haute voix. Ses congénères ayant péri depuis des lunes, converser avec lui-même ne le gênait nullement.

-"Oui!" se disait-il. -" Je le sssait à présent, je le sssent! Il y a de l'or plus loin, après les montagnes grises ... Mais il y en a toujours eu, des petits coffres, de-ci de-là, disséminés dans les cavernes? Pourquoi donc je ressent celui-ci plus que tout autre?"

Il dirigeait son regard vers l'extérieur de la grotte : -" Ce pourrait-il qu'il s'agisse d'un trésor colossal, gigantesque, pour que je le ressente au plus profond de moi?"

Il humait l'air:

- "Oui, j'en ai à présent la certitude, il est prodigieux, phénoménal. Je veux cet or, il me le faut! "

Puis se ravisant et s'enfonçant au plus profond de sa grotte:

-" Non! Par-delà les montagnes se trouvent des armées qui tuent les dragons. Une des races appellé Elfes a presque disséminé ceux de ma race par le passé! Il nous faut être prudent.."

Ses yeux fixaient à nouveau l'horizon:

-" Patience, patience mon trésor. Encore un peu de temps et je viendrais te chercher, tu m'appartiens déjà...."

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Balin avait écumé les meilleurs tailleurs de la ville de Dale dans l'espoir de trouver une tenue convenable pour sa fille en vue du banquet du roi. Il avait finalement réussi à dénicher, non sans mal, une chemise en popeline de soie grise et son jupon assorti dans une petite échoppe, et chez un autre tailleur, une jupe de dessus grise en soie de Mirkwood brodé d'argent.

C'était une tenue on ne peut plus simple pour ce genre de banquet, mais connaissant sa fille, il savait qu'en faire de trop n'aurait pour conséquences que de la dégouter à tout jamais des soirées mondaines, et Balin était déja bien content que pour la première fois de sa vie, elle daigne l'accompagné.

Pas une seule fois dans ses recherches Inwë n'avait aidé son père. Cela n'avait aucunement vexé Balin. Bien au contraire, il s'en était trouvé plus soulagé que dérangé, car il savait que sa fille s'y connaissait autant en matière d'étoffe qu'un Nain des mines en pratique de la harpe.

Le jour du banquet, les préparatifs commencèrent dés le matin. Balin savait qu'il faudrait temps pour faire d'Inwë une Naine digne et respectable. Il engagea Tasma, une Naine lingère de métier qui eut pour mission d'aider sa fille à se décrasser de la tête aux pieds. On changea l'eau du bain par deux fois. Tasma fît du bon travail, même les ongles étaient enfin propres.

Dwalin, quant à lui, avait été réquisitionné, contre sa volonté, pour démêler et tenter de coiffer les cheveux de sa nièce. Le processus fut long et pénible, Inwë ne s'occupant, pour ainsi dire jamais de sa crinière, se contentant de les attacher rapidement avec ce qu'elle trouvait à porter de sa main, lacet de cuir ou morceau d'étoffe, pour éviter qu'ils ne la gènent au combat.

Cette étape fut donc un véritable cauchemar tant pour l'oncle que pour la nièce, l'un pestant contre l'autre à chaque mèches emmélée.

Finalement le soir arrivant, et après bien des plaintes et des jérémiades, Inwë ressemblait enfin à une Naine de la noblesse d'Erebor.

Pour parfaire la tenue, Balin avait retrouvé dans son coffre de souvenir un serre-taille brodé d'argent et d'émeraude qui avait appartenu à sa défunte épouse, ainsi que le collier d'émeraude qu'elle portait le jour de leur mariage.

Quant à Dwalin, après avoir maugréer tout l'après-midi, il avait néanmoins accompli un travail soigné sur la chevelure de sa nièce, et avait même poussé la délicatesse jusqu'à lui tresser quelques mèches tenu par des attaches en argent.

En la voyant habillé ainsi, Balin s'en trouva ému. En effet, mis à part son manque de barbe et son absence de maintien dans sa démarche, il constata pour la toute première fois qu'elle ressemblait trait pour trait à sa mère, et cela le toucha au plus profond de lui-même.

Inwë, par contre, se sentait mal à l'aise habillée ainsi. Elle étouffait avec ce serre-taille, était gênée dans sa démarche avec ses jupes, et ne put cacher son impatience quand son père l'aspergea d'essence de Niphredil* au moment où elle s'approcha de lui.

-"Ma fille, te voir ainsi mise me ravit." dit fièrement Balin.

-" Je ne suis pas sûr de renouveler l'expérience père. Ses vêtements me grattent et ce serre-taille me torture. Seuls les souliers sont confortables. Mais pas autant que mes bottes. Ne puis-je pas les mettre? En dessous de la robe elles ne se verront pas."

-" Ce ne sont pas des souliers, ce sont des chaussons brodés. Ils sont parfaits pour danser."

-" Je ne danserais pas!"

-"Peu importe! De toute façon tes bottes ne sont plus dans le logis, j'ai demandé à Tasma de laver tes vêtements. Cela te permettra de rester propre et nette un peu plus longtemps que d'habitude. Allons allons, prend mon bras et partons, ne soyons pas en retard!"

Inwë bouda de plus belle , mais se garda bien de dire mot, car elle voyait son père heureux et enfin fier d'elle. Elle se contenta de lui prendre le bras pour partir à la réception.

Elle se permit néanmoins, avant de quitter le logis , de jeter le reste de la fiole de parfum sur son oncle, qui lui, pleurait de rire en la voyant accoutrée de la sorte

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N.D.A:

La Niphredil est une plante qui pousse un peu partout dans la terre du milieu. Elle peux être utilisé comme plante médicinale.

Tolkien l'imaginait comme une variété d'anémone, de petite taille et de couleur blanche. Ces fleurs fleurissent en toutes saisons et étincèlent à la lumière des étoiles.