22. La coccinelle 2.0

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Chapitre 22

La coccinelle 2.0

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Au même moment, chez Jérémy, samedi 25 juin 2022, 21h

– Vous avez fini de vous bagarrer tous les deux ? Dit Jérémy à ses chiens. Allez vous coucher, allez, au lit ! Au panier, mes bébés !  Vous êtes en train de m'abîmer tout le tapis, là !

Andy sourit en entendant Jérémy, le papa gâteau. Elle finissait de chausser ses pointes et fit quelques étirements. Son petit plaisir à elle, au-delà de ses voyages à l'autre bout du monde, c'était la danse classique. Elle avait fait installer une barre dans le salon et faisait des entrechats. Elle aimait par dessus-tout couper sa playlist de musique classique et entendre à la place Jérémy qui jouait du piano et chantonnait.

Depuis qu'il était revenu de Bordeaux, son ami passait toutes ses soirées devant ce piano droit assis sur le petit tabouret en velours rouge, son bloc note à portée de main. Andy avait tout le loisir de l'observer tandis qu'elle enchaînait les portées de bras à la barre. Il commençait par faire courir ses doigts sur les touches blanches et noires, puis faisait des vocalises de sa voix chaude et puissante. Ensuite, il reprenait la mélodie si jolie qu'il avait composée. Andy la trouvait si envoûtante, et le lui disait.

Lui non plus, il ne semblait pas s'en lasser, il y ajoutait des variations. Souvent, il s'arrêtait et notait des choses dans son bloc-notes. Il regardait Andy danser, il chantait, chuchotait, notait, puis portait de nouveau son regard sur elle. Elle se sentait renaître sous son regard, se prit à penser que ses arabesques lui inspiraient une belle chanson d'amour. Elle calait ses gestes à la musique, suivait son tempo. Elle amplifiait ses gestes aux crescendos et se faisait plus statique aux decrescendos.

Quand il avait terminé, c'était le même rituel : il sortait seul vapoter. Longtemps. Souvent, elle s'endormait.

Elle s'approcha du piano en enchaînant les pointes et effleura les touches distraitement. Sur le piano, il y avait une petite corbeille en bois avec son bloc note, un crayon, une gomme, un métronome, une bouteille d'eau...

...et une curieuse petite coccinelle en plastique.

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Dix jours plus tôt, dans la salle de sport de Jérémy, mercredi 16 juin

Arnaud sentit le mur derrière son dos. Jérémy le frappait doucement, comme au ralenti, tandis qu'Arnaud, immobile, gardait ses poings serrés posés sur sa poitrine. Il fixait les yeux d'Arnaud. Ses gestes se faisaient de plus en plus lents.

– Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ? T'avais pas de sable et j'ai fait semblant que tu en avais pour pouvoir te... ah putain tu fais chier, Arnaud. Allez, accouche. Tu m'aimes ?

Jérémy avait balancé ça, excédé. Il décréta brusquement la fin du cours. Il enleva son kimono, puis resté en short, s'épongea et but un peu d'eau. Il avait balancé une bouteille à Arnaud qui l'attrapa avec adresse et dévissa le bouchon.

– 15. T'as gagné, Arnaud. dit-il simplement, les yeux noirs fixés sur son ami. Allez, on remballe, file ton kimono, je vais aller le mettre à laver. Tu peux aller prendre ta douche en premier.

– J'ai gagné ? dit Arnaud sans comprendre, en s'essuyant la bouche avec son poignet. Il posa sa bouteille, enleva sa tenue à son tour et se retrouva en boxer. Il tendit ses affaires à Jérémy. J'ai gagné quoi ?

Le Vol de la CoccinelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant