Le Vol de la Coccinelle

54. Mickaël s'interroge

-- Parce que tu as besoin de tout contrôler ,n'est-ce pas... Et que l'amour est un saut dans le vide, une impression de s'en remettre qu'à notre coeur, de ne plus pouvoir compter sur son mental...sur la logique... sur les principes... As-tu déjà vraiment aimé, Jérémy, as-tu déjà vraiment aimé...

Golliséam en avait fini. Il avança son corps tout tordu et enlaça Jérémy de ses bras de dix mètres de long. Jérémy se sentait profondément en paix, à présent. Il sentait que Golliséam était devenu son ami, son frère, et que jamais rien-- pas même la mort -- ne pouvait les séparer.

Le lendemain matin, quand il dut quitter l'île, Golliséam lui glissa :

-- Pour avancer, rappelle-toi le vol de la coccinelle. Tu comprendras en temps voulu. inchallah.

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chapitre 54 

Mickaël s'interroge  

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Deux mois plus tard, Paris, bureaux de la production, 14 novembre 2022, 17h

2 mois sans nouvelles, ou presque.

Mickael fulminait. Alors oui, le réalisateur du film d'action franco-sénégalais avait expliqué qu'apparemment, Jérémy s'était pété le genou lors d'une scène de combat vers le début du tournage, peut-être. Que la rééducation a mis plus de temps que prévu, d'autant les scènes qui restaient nécessitaient une bonne condition physique. Qu'il a fallu batailler avec les assurances pour qu'ils continuent malgré les frais supplémentaires. Que la question de reporter le tournage avait été posée, mais elle engendrait trop de conséquences financières pour le producteur exclusif. 

Et bla bla bla...

Il n'empêche. Deux mois sans voir UN CHEVEU de Jérémy, on arrivait mi-novembre, les duos étaient dans 10 jours et le patron était toujours à - excusez du peu - QUATRE MILLE PUTAIN DE KILOMETRES à vol d'oiseau d'ici, en slip sur la plage, en train de foutre des tatanes devant une caméra, alors que lui se faisait chier avec le service comptabilité et la grisaille parisienne.

Ici, il avait bien fallu avancer sans lui. Depuis deux mois, les équipes s'étaient organisées, les humoristes s'étaient réunis et tous avaient heureusement bien avancé sur leur passage. Micka avait pu péniblement communiquer avec Jérémy au moyen de trois pauvres visioconférences entrecoupées de soucis de liaison, où ils avaient dû aller à l'essentiel. L' absence du patron rendait Mickael complètement débordé et dépassé par le poids des responsabilités sur ses épaules. Et ce, à quelques jours d'un gala qui, en plus, dépassait tous les autres spectacles en terme d'exigence. Seul avantage à cette absence : comme les artistes pouvaient passer au bureau sans crainte de devoir se taire, Mickael avait fini par savoir- sans leur demander - tout ce qui se tramait dans le dos de Jérémy (les fameux sketchs " Lumière rouge") , à l'exception notoire du sketch de Laura et Eric-Antoine. 

C'est ainsi qu'il put avoir une vision d'ensemble de la soirée et choisir l'ordre de passage des sketchs le plus pertinent, à défaut d'avoir une direction artistique disponible. A sa grande surprise, il avait pu compter, pour cette tâche, sur les bons conseils d'Arnaud Tsamere. Hier encore, lui et Artus étaient venus pour régler quelques détails sur leur passage. Mickael, trop occupé, avait écouté d'une oreille distraite, mais il était revenu vers Arnaud et avait même fini par le garder dans la soirée pour lui demander son avis sur l'agencement de tous les sketchs et  intersketchs.