40. Sous l'olivier

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Quelques minutes après, Arnaud s'asseyait en face de Jérémy et lui disait, créant la surprise :

-- Si, moi, j'ai une idée de sketch.

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chapitre 40

Sous l'olivier

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Samedi 13 août 19h, Les Cigales, Var

Le tube de pommade dans la main, Jérémy s'installa sur la chaise longue, sous l'olivier, aux côtés d'Arnaud... Il soupira en constatant qu' il roupillait encore.

De toute façon, c'était pas compliqué : il était rentré de la pharmacie il y a environ une heure, et Arnaud n'a pas ouvert les yeux depuis.

 Il faut dire que le choc sur le bitume lui avait valu d'être bien secoué. Après avoir relevé Arnaud tout à l'heure, ils furent surpris par l'arrivée d'un véhicule, et pas n'importe lequel : une femme medecin qui avait vu la voiture chuter et qui venait au secours d'éventuelles victimes. Elle avait alors ausculté Arnaud - contusions - puis,  pleine de réactivité et de sang froid, elle avait prévenu les autorités et indiqué les démarches à effectuer lundi - prochain jour ouvré. 

Et c'est ainsi que Jérémy s'était retrouvé à sillonner les routes à la recherche d'une pharmacie de garde, un samedi après midi d'août. A présent revenu, il avait demandé des nouvelles à la cantonade. 

--Comment va notre Arnaud national ? Il vous a dit finalement comment il était arrivé ?

Baptiste avait répondu en se gondolant de rire  :

-- Oui, il nous a tout raconté tout à l'heure. Il t'a rien dit ? Il a vraiment loupé l'aquaponey pour venir, alors qu'il avait tout organisé avec un autre papa ! Il est fou Arnaud.  Il était à deux doigts de se retrouver avec 24 bouées à tête de poney dans le coffre de sa voiture, t'imagine la gueule des mecs qui viennent pour remorquer la voiture et qui découvrent ça au fond du ravin ! 

 Jérémy avait ri à son tour - Baptiste avait vraiment le rire communicatif - et répondu :

 --Je ne comprends rien à ce que tu me racontes. Il t'a dit quoi, au juste ?

Et comme Arnaud ne se réveillait toujours pas et que Jérémy était - comme chacun sait - curieux et persuasif, Baptiste lui avait tout raconté.

Et à présent, Jérémy se retrouvait comme un con,  sur un transat, à côté d'un pote qui dort. Un pote qui lui fait la gueule, un pote qui apparemment  avait raccroché au nez de Baptiste, hier soir à 22h, en lui disant " Je resterai là, j'en ai rien à foutre de vos Duos de merde !"... mais un pote qui avait quand même traversé la France aujourd'hui . Dans quel but ? Cela, Baptiste n'avait pas su lui dire. "J'ai fait le con, j'ai insisté pour qu'Arnaud vienne avec nous, il a proposé de rester à ses olympiades et s'isoler une heure pour faire skype pour la réunion, et franchement c'était ce qu'il y avait de plus raisonnable. Je ne savais pas qu'il avait fini par prendre le volant" . Jérémy ne comprenait rien non plus, qu'est-ce qu'il l'a poussé à venir malgré tout ? 

"En tout cas, pas étonnant qu'il dorme encore, pensait-il en regardant la tête brune à ses côtés, les yeux clos, le souffle régulier.... quatre heures de sommeil, huit heures de route... Mais bordel, Arnaud, tu tiens pas à la vie, mais quel abruti... "

Jérémy eut honte de penser cela. Heureusement qu'il s'est abstenu de lui dire une chose pareille. D'une part car il avait assez vu le regard noir d'Arnaud. Le regard de quelqu'un de blessé, d'abîmé par les paroles.

Le Vol de la CoccinelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant