3.Pour vivre heureux...

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il n'y a pas de chapitre 2

(il est parti chercher du lait il n'est jamais revenu)

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chapitre 3

Vivons cachés

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Si ce n'était la question inquisitrice d'Arnaud, Jérémy prenait beaucoup de plaisir à sentir son corps s'actionner et de dérouiller à chaque foulée. L'air était pur, le soleil commençait à offrir sa vitamine D... C'était sa meilleure façon de commencer la journée. Le sport avait remplacé l'alcool depuis quelques années déjà, et était désormais l'un des piliers de son équilibre. Il aurait aimé courir un peu plus vite pour libérer plus d'endorphines, mais devait composer avec le rythme de son ami.

Car de son côté, Arnaud n'en pouvait plus.

-Qu'est ce que tu fais Arnaud ?

-Tu vois bien, il fait trop chaud, j'enlève mon T-shirt.

Il joignit le geste à la parole et le garda en boule dans la main, tout en continuant à courir. Jérémy lui jeta un regard à la fois surpris et désapprobateur. Arnaud était d'un naturel pudique, qu'est ce qu'il lui prenait ?

-Quoi, j'ai le droit, non ? Et tu m'as dit que l'endroit n'était pas fréquenté !

-Oui, mais on est pas à l'abri de croiser quelqu'un quand-même. Enfin... Fais comme tu veux, moi, je garde mon t-shirt.

- Je comprends, fit Arnaud, tu ne veux pas attirer d'émeutes avec tous tes muuuuuscles.. oh qu'il est beau avec ses muscles...

- T'es con, répondit Jérémy, reconnaissant qu'Arnaud avait trouvé la raison qui le retenait souvent de se mettre torse nu.

- Tandis que moi, je suis tranquille ! Peinard ! Avec ma vieille carcasse informe, affirma-t-il en se frappant le ventre.

Jérémy scruta le torse d'Arnaud afin de juger si, oui ou non, on pouvait parler d'une carcasse informe. Il se dit que non, le terme n'était pas approprié : les muscles d'Arnaud étaient bien là, discrets mais à leur poste. Plutôt bien foutu, en définitive. Il croisa le regard de son ami et détourna aussitôt les yeux. A tous les coups, vu la discussion de tout à l'heure, Arnaud va se faire des films... il préféra changer de sujet.

- Au fait, comment s'est passée la course de ton fils, la semaine dernière, tu ne m'as pas raconté ? J'espère que tu as suivi mes conseils, tu lui as donné un petit coup de pouce avant de partir ? dit Jérémy en mimant la seringue qu'on injecte dans le bras.

Albert, poussé par son père, était licencié dans un club de cyclisme, catégorie Poussins, et avait participé à sa première compétition.

- Ouais, évidemment. Bon, j'ai quand-même ajouté un petit moteur invisible dans le cadre de son vélo.

- Tu as raison, on n'est jamais trop prudent.

- Écoute il n'a même pas eu besoin de tout ça : Il a fait un croche-patte à tout le peloton.

Arnaud se lança dans le genre de numéro visuel dont il avait le secret. Sous les yeux de Jérémy, mi-agacé mi-amusé, il mima un cycliste faisant tomber ses concurrents.

-Tac, et paf... tac, et paf... tac... et paf... tac... et paf... tac... et paf... tac, et paf... tac... et paf... tac, et paf... tac... et paf... tac, et paf... tac... et paf... tac, et paf... - c'est pas fini y'en avait quatre-vingt douze, glissa Arnaud devant Jérémy qui s'impatientait - tac... et paf... tac... et paf... - ok, ok, j'abrège ... - à la fin il ne restait que lui, donc il a fini premier.

Le Vol de la CoccinelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant