46. Fin de séjour

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Même si ce que tu dis est vrai, même si t'as de bonnes raisons de dire les choses, je viendrai te consulter quand je serais sûr que tu auras appris à mettre les formes pour éviter de blesser les gens que tu aimes !

Il se tut et reprit, tellement ému que Baptiste ne savait plus où se mettre :

... Et ça ne s'applique pas qu'au domaine professionnel !

Et il partit sans ajouter un mot.

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chapitre 46

Fin de séjour 

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Le lendemain du canyoning et du resto italien, Parking, gare de Draguignan, Var, lundi 15 août 2022, 10h

Le séjour tirait à sa fin. Jérémy venait de raccompagner tous les invités à la gare, du moins, ceux qui n'avaient pas de place dans la voiture d'Éric Antoine. Et ce, à grand renfort de café, parce qu'il n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. 

Il poussa un soupir de soulagement quand il regagna sa "coccinelle", enfin seul, sur le parking. Il se concentra pour sortir son Alpha Roméo sans rayer la portière d'une voiture grise collée à côté ("Mais quel abruti"), puis, une fois dans la rue, il alluma machinalement la radio pour lutter contre la fatigue. La chanson qui se voulait le tube de cet été 2022 déferla dans ses oreilles :

Hé, hé, redis-moi où t'étais

Quand pour moi tout était difficile

Redis-moi où t'étais

Jérémy jeta bêtement un regard dans le rétroviseur en entendant cette chanson débile, croyant y trouver les yeux d'Arnaud. La dernière fois qu'il l'avait entendue, c'était hier dans cette même voiture, quand il conduisait les humoristes au canyoning. Artus, assis devant côté passager, avait allumé la radio à fond et s'ambiançait sur cette musique, en imitant avec un certain ridicule la dégaine du chanteur. A l'arrière, Capucine et Paul chantaient avec plus de réserve évidemment, et Arnaud avait les yeux dans le vague.

Jérémy, poussé par Artus, chantait à pleine voix quand son regard avait croisé celui de son ami dans le rétroviseur.

Tu reviens, comme si de rien n'était,

Comme si t'étais jamais parti,

Tel un moustique en été

Tu crois venir gâcher ma vie

Aussitôt, les paroles avaient pris un tel sens qu'il s'était arrêté net de chanter et avait fait un signe de tête à la négative à Arnaud, comme pour dire " non, Arnaud, ce n'est plus ce que je pense". Pathétique comme réaction. Surtout que la chanson parle de complètement autre chose...

A présent, Jérémy mettait le clignotant, sur la file Toulon/Hyères, direction sa location de vacances, sa chère bâtisse des Cigales, perché sur les collines. Un jour, il l'achètera, qui sait ?  Exit le bruit et les cris de ces trois jours, il les entendra vraiment chanter, les cigales, cachées au bord des chemins rocailleux du midi.

Le Vol de la CoccinelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant