44. Eaux glaciales et regards de braise

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– Et ? Qu'est ce qu'il y avait dans ton rêve ?

-- Un connard, répondit Arnaud dans un soupir.

Et son pouce caressait le bracelet de la montre pourtant souillée. 

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chapitre 44

Eaux Glaciales et regard de braise 

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Une petite crique dans les Gorges du Verdon,  dimanche 14 août 2022, Var, 15H

- Ah bin tu vois que tu ne le quittes plus, ton déguisement de catwoman ! lança Artus à Paul Mirabel. 

Paul rit franchement, c'est vrai qu'avec sa combinaison néophrène, moulante et noire, il avait l'impression de retourner à Montreux pour le festival 2021, où il donnait la réplique à Artus, le Batman XXL.

  Il était aux anges. Cet après-midi, bizarrement, c'était son idée ! Un cadre idéal - l'impressionnante cascade se jetait dans une eau claire, tout autour d'eux, d'imposants rochers hauts de dizaines de mètres assombrissait cette petite crique au coeur des Gorges du Verdon, départ du parcours. Ça riait, ça vannait, ils étaient tous en train d'enlever leurs vêtements sous lesquels ils étaient en maillot. Au milieu de cette effervescence, Paul s'en donnait à coeur-joie : benjamin de la bande avec Capucine, jamais il n'aurait pensé  faire un jour du canoyning avec ces meilleurs humoristes, qui plus est des êtres humains exceptionnels.

– Allez, à la flotte ! s'impatientait Jérémy. Dépêchez-vous ! Vous m'avez supplié de vous emmener ici alors me faites pas regretter de vous y avoir emmené ! Vous allez me suivre. Si je marche, vous marchez, si j'escalade, vous escaladez, si je nage, vous vous noyez, comme ça je suis peinard. Surtout vérifiez bien que votre casque est ajusté, je voudrais pas que vous finissiez plus teubés que vous ne l'êtes déjà.

Pendant ces recommandations, Paul regardait Laura et ses potes enfiler avec peine les combinaisons moulantes épaisses et noires, par-dessus leur maillot de bain. Spectacle réjouissant. Lui et Eric-Antoine avaient fini les premiers, malgré leur grande taille, vite rejoints par Baptiste et Laura. Notre Batman, Artus, était tout rouge : les quelques kilos de l'été rendaient l'habillage compliqué. Capucine semblait perdue sans sa marionnette, se disait Paul, attendri. Arnaud était un peu en retrait, il semblait ailleurs. Quant à Jérémy, il semblait tout à la fois le maître de cérémonie et le coach de toute la troupe : les sports extrêmes c'était son élément, et il était ici chez lui. Il encourageait, rassurait, prévenait, expliquait.

Paul était content de voir le maître des lieux ainsi, parce que ce matin, il semblait avoir complètement perdu les pédales quand Arnaud s'était levé à 11h, c'était d'ailleurs pour ça qu'il se retrouvait là, entourés de ses copains, assis sur un rocher à deux pas d'une eau glaciale. 

Pourtant, cela avait commencé normalement. 

Ils étaient tous sur la terrasse, excepté Arnaud qui devait dormir encore. Ils avaient annoncé à Jérémy les enjeux de leur partie de balle d'hier: les perdants devaient finir les petits fours salés tout en jouant une scène décidée par les gagnants. Baptiste, Eric-Antoine et Laura, les B.E.L, étaient opposés à Capucine-Artus-Paul, les C.A.P. Et là, évidemment, comme on décréta que Jérémy rejoindrait les BEL et Arnaud, les CAP ( ce qui donnait les BELJ et les CAPA) celui-ci avait réagi comme il se doit:

– Les Belges ? C'est ça notre nom d'équipe ? Mais enfin c'est quoi ce nom ? Pitié, on dirait une animation pour des gamins de 8 ans préparée par des branquignols fumeurs de joints... Ah, B.E.L.J, tu as pris les lettres des prénoms, c'est d'un ridicule... Les Belges ! Dis donc on a intérêt d'être meilleurs qu'à la Coupe du Monde de Foot, moi je vous préviens j'y touche pas aux petits fours ! Et on a quoi en face ? Les CAPA ? Hahahaha ! Les CAPA ! Je retire ce que j'ai dit, les BELJ c'est pas si ridicule !

Le Vol de la CoccinelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant